Je t’ai attendu souvent dans les creux du silence.

Je t’ai perdu quelquefois aux aurores si denses.

J’ai l’émoi d’être à toi chaque fois

Que l’espoir s’évade en mirage.

J’ai vu les ombres s’enfuir de ton visage,

Y apporter d’infinis rêves d’ailleurs.

Tu es venu sur la barque du printemps fugueur

Réveiller mes automnes décousus d’infortune

Sur mes pages blanches et emplies d’amertume.

J’imaginais mes mots s’envolant dans les nues,

Retombant sur des chemins interdits,

Ou glissant sur l’onde de rivières inconnues

Comme des confettis aux formes incongrues.

Je t’ai tant attendu au détour du papier

Que ma plume est restée assoiffée

Sur le bord rond de mon encrier;

Et mes vers, empêtrés de mes moroses pensées,

Sont venus mourir sur mes feuillets délaissés…

(c)Valériane