« Venez me voir sur la Côte d'Azur, on s'initiera aux mystères du sandwich baguette-fromage, on commandera des « french fries », on traînera avec des filles prénommées Françoise et on finira à poil dans la rue après minuit...». L'invite, postée sur son site internet (1), était assez amusante pour qu'on ait envie d'aller prendre des nouvelles de l'artiste jadis connu sous le nom de Terence Trent D'Arby et qui se fait aujourd'hui appeler Sananda Maitreya ( «Celui qui marche avec la lumière parmi les fils de Dieu »).
Sananda était à Cannes pour un concert gratuit devant le Palais des festivals dans le cadre du festival de feux d'art pyrotechnique. Mais en fait de pyrotechnie, c'est à un feu d'artifice verbal que l'on a assisté, lors d'une des interviews les plus surréalistes qu'il nous ait été donné de réaliser. A côté, Jean-Claude Van Damme, c'est du d'Ormesson !
Pour résumer, l'ex-TTDA se dit victime d'une « fatwa » des maisons de disques qui, après le mega succès de son premier album (Introducing the hardline according to Terence Trent d'Arby en 1987, 12 millions d'albums vendus), l'auraient ostracisé pour de mystérieuses raisons politiques, raciales, voire sexuelles (« Je n'étais pas gay »). Ce que voyant, l'auteur de « Sign your name » et de « Wishing Well » aurait décidé de reprendre sa liberté et d'entamer une nouvelle carrière sur internet sous le nom de Sananda Maitreya.
Son nouvel album, un double CD de 20 titres (Angel & Vampires) est ainsi disponible en téléchargement payant sur son site. On y retrouve la voix magique de TTDA, mais, hélas, aucune chanson aussi inspirée que celles qui ont fait son succès instantané, il y a vingt ans.
« Le Barack Obama de la musique »
« Terence Trent D'Arby est mort, nous dit « Celui qui marche avec la lumière parmi les fils de Dieu », parlant désormais de lui à la troisième personne. Il était le Barack Obama de la musique et on l'a tué. Mais Sananda achèvera son karma ».
Le mot est lâché : karma est à Sananda ce que l'aware est à JCVD.
Avec Sananda tout est dans le karma. Le nôtre, à l'en croire, est de « trouver la voie », comme dans Tintin et le Lotus Bleu. Car Sananda fait aussi, à ses heures, dans la voyance instantanée. À la fin de notre entretien, sujet à un « flash » aussi soudain qu'inattendu, il nous tend le collier de pierreries qu'il porte autour du cou : « De la part de votre grand-mère. Elle est au ciel et me demande de vous le donner ». Si c'est de la part de mamie, on ne peut pas refuser. Mais c'est quand même la première fois qu'on se fait prédire l'avenir en pleine interview. Plus fort qu' Elisabeth Tessier !
Tout de même Sananda ne regrette-t-il pas le succès de Terence Trent d'Arby ?
« J'étais en haut de la montagne et qu'ai-je vu ? Le mal. Aujourd'hui, je suis marié à une jolie femme, je vis à Milan, je continue à faire de la musique et des concerts et j'ai le respect de mes pairs auxquels j'ai montré la voie pour acquérir leur indépendance. J'ai été le premier à vendre ma musique directement sur Internet et aujourd'hui, même un groupe comme Radiohead suit mon exemple. Tel Osiris, je me suis reconstruit ».
Ainsi parla Sananda...
(1) www.sanandamaitreya.com