Après une attente prolongée, qui a mis les nerfs de l'industrie à vif, la sélection officielle du 61e Festival de Cannes a enfin été rendue publique mercredi matin, sous les ors du salon Opéra du Grand Hôtel Intercontinental à Paris, où se pressaient les représentants de la presse internationale.
Introduisant son nouveau délégué général, Thierry Fremaux, nommé à ce poste l'été dernier, le président du Festival, Gilles Jacob a indiqué, en préambule, que la tache des sélectionneurs s'était singulièrement compliquée ces dernières années avec une offre « pléthorique mais formatée » et une concurrence entre festivals qui a, selon lui, « atteint un niveau d'alerte maximum ».
La difficulté, cette année, était d'autant plus grande que les grands habitués du Festival avaient tenu à être présents l'an dernier pour l'édition du 60e anniversaire et que nombre d'entre eux sont encore au travail sur leur prochain film.
Fort heureusement, la magie du numérique et l'attractivité du « plus grand festival du monde » ont permis d'écourter les délais de post-production et certains films qu'on ne pensait jamais être terminés dans les délais le seront finalement. C'est le cas, notamment, de ceux de Clint Eastwood et de Steven Soderbergh qui n'ont été confirmés que dans les heures précédant l'annonce.
« Lent et compliqué »
« Le processus a été lent et assez compliqué, a reconnu Thierry Fremaux, mais au final la sélection est alléchante ».
Elle fait, comme à son habitude la part entre les « valeurs sûres » (Clint Eastwood, les frères Dardenne, Wim Wenders, Steven Soderbergh, Walter Salles, Atom Egoyan), les « valeurs montantes » (Nuri Bilge Ceylan, Arnaud Desplechin, Lucrecia Martel, Paolo Sorrentino) et les « nouveaux venus », plus nombreux que de coutume cette année avec huit premiers films en sélection officielle et même un en compétition (Synecdoche New York de Charlie Kaufman).
Les deux films français sélectionnés seront rejoints par un troisième dans les prochains jours, a indiqué Thierry Fremaux, et on se réjouit du retour de Leos Carax (en section Un Certain regard), pour un film collectif avec Michel Gondry et Bong Joon Ho (le réalisateur de The Host). L'Italie qui avait été « oubliée » l'an dernier aura cette année deux représentants.

En prise avec l'actualité

Signe des temps, les documentaires d'actualité sont de plus en plus nombreux à trouver leur place en sélection. On verra notamment, en compétition, celui de l'Israélien Ari Folman sur Sabra et Chatila (Waltz with Bashir), celui de Raymond Depardon sur la mémoire paysanne (en section Un Certain regard), et celui de Daniel Leconte sur les caricatures de Charlie Hebdo (C'est dur d'être aimé par des cons). Le président du jury Sean Penn a même exigé et obtenu la diffusion d'un film sur le tsunami en Thailande (The Third Wave) en séance spéciale...    
 Au final, cela donne une sélection plutôt sérieuse et « auteuriste », que viendront heureusement « glamouriser » les films présentés hors compétition (dont le très attendu Indiana Jones 4 et le dernier Woody Allen), les événements comme le « Tyson » de James Tobac ou le « Maradona » d'Emir Kusturica et les séances spéciales. A cet égard, et c'est inédit, on ne sait toujours pas, à ce jour, quels films feront l'ouverture et la clôture de l'édition. Il faudra donc encore attendre quelques jours pour connaître l'affiche définitive du 61e Festival de Cannes.
Quel art consommé du suspense !