Natacha Atlas : « Je suis une gitane »

Natacha Atlas était à Monaco pour l’inauguration de l’exposition d’été du Grimaldi Forum consacrée à « L’or des Pharaons ». Elle a joué quelques titres de son dernier album en piano-voix pendant le dîner inaugural, puis a donné un concert gratuit avec son groupe, Transglobal Underground, qui effectue une tournée mondiale pour célébrer ses 25 ans d’existence. L’occasion de faire un « point carrière » avec la chanteuse Belgo-Egyptienne, que sa reprise arabisante de « Mon Amie la Rose » (Françoise Hardy) a rendue célèbre dans notre pays…


Qui a eu l’idée de cette reprise, qui vous a valu une Victoire de la Musique en 1999?

C’est moi. Ma mère adorait François Hardy et particulièrement cette chanson. On voulait faire une reprise avec Transglobal Underground et c’est ce titre qui s’est imposé. En plus de la Victoire, cela m’a permis de rencontrer Françoise Hardy qui a été très gentille et m’a dit qu’elle préférait ma version à la sienne…

Pourquoi ne pas avoir capitalisé sur ce succès pour vous imposer en France ?

Le succès de cette reprise a été une totale surprise. Ma timidité fait que, même sur scène, je préfère chanter dans le noir et en groupe plutôt qu’en solo. Je n’étais pas faite pour être célèbre ! (rires)

Pourtant votre groupe est devenu légendaire et vous fêtez son quart de siècle d’existence…

Oui, je suis heureuse que le groupe ait pu se reformer dans sa composition originale pour cette tournée anniversaire. A l’heure du Brexit et de Donald Trump, l’engagement anti faciste et antiraciste de nos chansons est plus que jamais d’actualité. Il faut continuer à transmettre le message.

Y aura-t-il un nouvel album de Transglobal Underground ?
On en parle et j’aimerais beaucoup. Mais je suis en train de terminer mon nouvel album solo et je me suis engagé sur un nouveau projet chorégraphique avec Hervé Koubi, dans la lignée de ce que j’avais fait pour Angelin Preljocaj. Ça risque de prendre du temps…

Votre collaboration avec Ibrahim Maalouf sur votre dernier album solo vous a-t-elle ouvert les portes du jazz ?
En quelque sorte, oui. En tout cas, j’ai eu envie de poursuivre mon travail dans cette voie. C’est assez difficile de marier la musique arabe et le jazz, mais ça vaut la peine de travailler dessus. Il y aura aussi, sur l’album, un duo « new soul » avec Joss Stone en hommage à Martin Luther King et un titre dédiée à la poétesse anglaise engagée Kate Tempest, que j’adore. Le titre de l’album, Strange Days, reflète les difficultés de l’époque…

Votre engagement ne faiblit pas, on dirait ?
Non. Transglobal Underground, avec son mix inédit de musiques arabes, indiennes et electro est devenu un symbole de la lutte contre le racisme et la xénophobie et j’en suis très fière. Je veux continuer à représenter cela pour ceux qui nous écoutent et viennent nous voir en concert.

Vous êtes née en Belgique, d’origine anglo-egyptienne et vous partagez votre temps entre Toulouse et Londres. D’où vous sentez-vous ?
Je suis une gitane, je voyage tout le temps. C’est pour cela que le Brexit me fait tellement horreur. Les gens qui ont voté pour croient qu’en quittant l’Europe, ils se protègeront des flux migratoires. Ils se trompent, évidemment. Et cela risque de coûter très cher à l’Angleterre.
L’Egypte vous manque ?
Oui, beaucoup. Une partie de ma famille y vit encore. Mais ils me disent que la situation est pire qu’avant la révolution et j’ai peur d’être déçue quand j’y retournerai.