Comme l’écrivent les organisateurs du festival dans le communiqué annonçant sa nomination, Cate Blanchett est «une artiste rare et singulière».Vivant en Australie, où elle élève ses trois enfants, on a assez peu souvent l’occasion de la rencontrer. On avait pourtant eu cette chance, au Festival de Deauville 2013, où elle était venue présenter Blue Jasmine et recevoir un hommage pour l’ensemble de sa carrière.L’occasion de la faire parler de sa carrière et de son travail d’actrice, dont Woody Allen dit: «C’est simple.Vous l’engagez et vous vous écartez de son chemin». Ravie de son expérience avec le réalisateur new-yorkais, l’actrice australienne nous avait confié s’être passionnée pour ce rôle complexe de femme au bord de la folie: «La complexité ne me fait pas peur. Plus c’est complexe, plus il y a de matière à jouer. Ce qui était particulièrement intéressant avec elle, c’était l’état dans lequel gît cette femme qui est dans une romantisation et dans un fantasme permanent dans sa vie. Son rapport au réel est très furtif.Elle est dans la fabrication d’une image d’elle-même et elle se donne un mal de chien pour coller à cette image». Un rôle-miroir pour cette actrice transformiste, capable de passer du Seigneur des Anneaux à une figure de Bob Dylan dans I’m Not There de Todd Haynes? «Tous, nous flirtons avec le fantasme en permanence. Ce n’est pas seulement le cas des actrices.En ce qui me concerne, je vous rassure, j’ai une vraie vie: des enfants à élever, un travail au théâtre…». Elle n’avait pas encore reçu l’Oscar pour son interprétation, mais gardait la tête froide par rapport aux hommages qui lui étaient rendus: «Je suppose que j’ai atteint un âge raisonnablement avancé pour autoriser ce genre de choses. Mais j’en suis ravie, confiait-elle. Je pense d’ailleurs qu’il faudrait me rendre hommage tous les ans! Je n’en reviens pas moi-même d’avoir fait des rôles si différents avec des réalisateurs si prestigieux. Si on m’avait dit qu’un jour je jouerai Bob Dylan!».En 2018, la présidente du jury cannois jouera une cambrioleuse dans Ocean’s 8, (version féminine d’Ocean’s Eleven) et sera à l’affiche de Bernadette a disparu de Richard Linklater et de The House With a Clock in its Walls d’ Eli Roth. Quatre bonnes raisons de se réjouir du passage à la nouvelle année !