Le Festival lave plus blanc.Et même plus Blanchett! Gêné aux entournures par les révélations sur les agressions sexuelles dont le producteur américain Harvey Weinstein se serait rendu coupable lors de ses séjours cannois, le Festival a choisi pour présider le jury de sa 71e édition une des figures de proue de la lutte contre le harcèlement: l’actrice australienne Cate Blanchett, co- fondatrice de la fondation «Time’s up» pour la libération de la parole des femmes à Hollywood. Également Ambassadrice de bonne volonté pour le Haut
Commissariat aux réfugiés de l’ONU, où elle défend leur cause à travers le monde, c’est une présidente «engagée» (sic) que le Festival s‘est donnée pour succéder à Pedro Almodovar. «Nous sommes très heureux d’accueillir une artiste rare et singulière dont le talent et les convictions irriguent les écrans de cinéma comme les scènes de théâtre, expliquent Pierre Lescure Président du Festival de Cannes et Thierry Frémaux, son délégué Général. Nos conversations, cet automne, nous promettent qu’elle sera une Présidente engagée, une femme passionnée et une spectatrice généreuse».
Moins connue du grand public que Meryl Streep ou Julia Roberts, Cate Blanchett n’en est pas moins, à 48 ans, une des figures d’Hollywood, titulaire de deux Oscars et capable de porter des blockbusters aussi bien que des films d’auteurs ou indépendants. On l’a ainsi vue, récemment, à l’affiche de Thor Ragnarok et du Seigneur des anneaux, mais aussi de Carol de Todd Haynes, de Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch ou de Blue Jasmine de Woody Allen, qui lui a valu l’Oscar de la meilleure actrice. Elle a également tourné pour Martin Scorsese (Oscar du meilleur second rôle féminin pour The Aviator), David Fincher L’Étrange
histoire de Benjamin Button, Alejandro González Iñárritu (Babel), Steven
Spielberg (Indiana Jones et le Royaume du crâne de Cristal), Terrence Malick (Knight of Cups, Song to Song), Ridley Scott (Robin des bois), Wes Anderson (La Vie aquatique) et s’est illustrée au théâtre dans Les Bonnes de Jean Genet (aux côtés d’Isabelle Huppert) et dans Un Tramway Nommé Désir de Tennessee Williams.
Habituée de Cannes où elle était venue présenter Carol (et s’était inexplicablement fait souffler le prix d’interprétation par sa partenaire Rooney Mara alors qu’elle y était tout simplement merveilleuse), Cate Blanchett se réjouit de venir cette fois «pour le seul plaisir de profiter de la corne d’abondance de films qu’est ce grand festival».«Le privilège que l’on me fait de me demander de présider le Jury et la responsabilité qui sera la mienne m’emplissent d’humilité, poursuit-elle. Cannes joue un rôle majeur dans l’ambition du monde de mieux se connaître en racontant des histoires, cette tentative étrange et vitale que tous les peuples partagent, comprennent et désirent ardemment.». Plus classe, tu meurs.