464442.jpg-r 1920 1080-f jpg-q x-xxyxx Ouverte avec le sourire aux lèvres, avec le dernier Woody Allen la 69e édition du Festival de Cannes s’achève sur une note d’humour nettement plus décapant et sexué avec Elle de Paul Verhoeven, adaptation jubilatoire du roman de Philippe Djian « Oh… » (Gallimard).
L’histoire de Michelle (Isabelle Huppert, tout simplement géniale), patronne d’une boîte de création de jeux vidéo qu’elle dirige avec sa vieille amie Anna (Anne Consigny, toujours parfaite).Michelle vit seule dans une belle maison bourgeoise d’un quartier chic de Paris.Un soir, un homme cagoulé entre chez elle en brisant une fenêtre et la viole sur le parquet du salon avant de disparaître.Malgré la violence de l’agression qui la laisse sanglante et tuméfiée, Michelle ne dit rien à personne et continue à vivre comme si rien ne s’était passé. Même lorsqu’elle commence à recevoir des sextos de son agresseur qui, visiblement, surveille ses faits et gestes.
C’est que Michelle n’est pas une victime tout à fait comme les autres. À l’âge de dix ans, elle a aidé son père, serial killer depuis incarcéré à vie, à faire disparaître les traces des meurtres de 29 personnes et quelques animaux de compagnie (seul un hamster aurait échappé au carnage).Le genre d’enfance qui vous forge un caractère. A coté d’elle, les hommes de sa vie font pale figure : son fils se fait traiter de tous les noms par sa fiancée probablement enceinte d’un autre, son ex-mari (Charles Berling) est un écrivain raté, elle se sert de son amant comme d’un objet sexuel et elle tyrannise ses employés mâles qui la craignent ou la vénèrent.Il n’y a que son voisin trader (Laurent Lafitte), grand brun au regard sombre qui, bien que marié à une fervente catholique (Virginie Efira) la trouble curieusement. Après le viol, c’est le seul qui éveille encore son désir…
Les personnages décalés, les dialogues brillants et les situations cocasses du roman de Philippe Djian trouvent dans Elle leur meilleure transposition depuis 37,2° le matin. Un festival d’humour noir et grinçant.On n’en attendait certes pas tant du réalisateur de Basic Instinct et de Showgirls (mais aussi du génial Starship Troopers). Sa maîtrise, très américaine, de la mise en scène et de la direction d’acteur font merveille, avec un cast entièrement français bien mieux mis en valeur que chez Xavier Dolan. Laurent Lafitte, notamment, est formidablement utilisé.Mais la reine du show reste Isabelle Huppert pour laquelle le film semble avoir été écrit et réalisé. Ce rôle entre sans problème dans le Top 5 de sa mirifique carrière et pourrait lui valoir à Cannes un troisième prix d‘interprétation, après ceux de La Pianiste et de Violette Nozière. Même ceux qui ne l’aiment pas devraient aller voir Elle .On soupçonne Verhoeven d’avoir rajouté, à leur intention, des scènes où elle se fait torgnoler !