319878.jpg-r 1920 1080-f jpg-q x-xxyxx Adulé à Cannes depuis Drive, polar stylisé qui a rendu célèbre Ryan Gosling, Nicolas Winding Refn avait déjà commencé à décevoir ses fans avec Only God Forgives, son film suivant.Trop noir, trop gore, trop maniéré. Avec The Neon Demon, il pousse la forme encore plus loin : pas d’histoire (ou si peu), juste des images.Mais quelles images! Très mal accueilli par la critique (qui l’a hué en séance de presse), le film laisse la première impression d’un catalogue de mode glam-porn à la gloire de son actrice principale, Elle Fanning.Découverte chez les Coppola (Somewhere de Sofia et Twixt de F Francis Ford), sa beauté singulière EST le sujet du film de Nicolas Winding Refn. Elle (Fanning) est Jesse, cette jeune fille qui débarque de sa campagne à Los Angeles pour devenir mannequin. Elle (pronom personnel) s’installe dans un motel de seconde zone, dont le gérant, pervers et violent (Keanu Reeve, excellent à contre-emploi), n’hésite pas à se faire payer en nature. Avec ses airs de biche éffarouchée, Jesse semble une victime toute désignée. Mais dés les premiers casting, les photographes et les directeurs d’agences tombent sous son charme étrange et délicat.Sa pureté et son ascension fulgurante vont susciter jalousies et convoitises.Certaines filles, comme Ruby (épatante Jena Malone) tombent amoureuses d’autres (Bella Heathcote, Abbey Lee, bombissimes) sont prêtes à tout pour lui voler sa beauté...

Annoncé comme un film d’horreur à la Prédateurs (le film de vampires de Tony Scott avec Catherine Deneuve et David Bowie) The Neon Demon ne l’est que fugitivement. NWR se désintéresse très vite de l’histoire et même du genre, pour produire tout à fait autre chose. Mais quoi? Le film ne ressemble à rien de connu.Scénographie avec la rigueur d’un shooting de mode dans les cadres, la déco, les couleurs et les éclairages, il ressemble à un clip de deux heures sur Elle Fanning photographiée par David Lachapelle.Si tu n’aimes pas cette actrice, passe ton chemin : The Neon Demon, c’est trop d’Elle pour toi!
Pourtant, malgré son apparente vacuité, le film finit par faire son chemin dans le cortex du spectateur. Quelques heures après être sorti de la salle en se disant « C’est beau, mais il n’y a rien dedans », on est amené à réviser son jugement. Violente satyre de l’univers de la mode, dans lequel seule compte l’apparence et la jeunesse, le film est parfaitement raccord avec son sujet et bien plus profond qu’il n’y parait. Comme Drive, Los Angeles (ici plus particulièrement Hollywood) est un des personnages principaux et la musique de Cliff Martinez y est centrale. À la marge, il fonctionne aussi comme un catalogue d’influences du réalisateur.De David Lynch (Mulholland Drive) à Brian de Palma (Body Double), en passant par Mankievicz (Eve), les cinéphiles un peu attentifs y reconnaîtront les films qui ont nourri la cinéphagie dévorante de Nicolas Winding Refn.
Au final, non seulement c’est un des films de Cannes qu’on aura le plus envie de revoir en salles, mais si on était juré, c’est à lui qu’on donnerait évidemment le Prix de la mise en scène.