Les critiques unanimement louangeuses de son troisième album (Seen chez Polysdor/Universal) la comparent déjà à Joni Mitchell, Tracy Chapman ou Rickie Lee Jones. Mais c'est plutôt la nouvelle Joan Baez que l'on a pu voir et écouter hier au Midem : même voix cristalline, même engagement, même ferveur messianique, même personnalité rayonnante, même charisme lumineux.
Invitée de dernière minute de la sélection « Talent Only », les coups de cœur du Midem, Morley a fait chavirer une salle aux rangs, hélas, clairsemés. On n'a probablement pas fini d'entendre parler de cette jeune et très jolie New Yorkaise au teint diaphane, amie du regretté Jeff Buckley, qui se destinait à la danse contemporaine avant qu'une blessure au genou ne la contraigne au repos et ne lui fasse découvrir des dons cachés d'écriture et de chant : « En fait, raconte-t-elle avec cette franchise directe qu'ont les filles de New York lorsqu'elles ne sortent pas de la cuisse de Jupiter, j'écrivais déjà des poèmes à l'âge de 5 ans. Ma mère les a ressortis quand j'ai commencé à chanter. Il était déjà question de paix et d'amour. On dirait que je n'ai pas beaucoup progressé depuis ».

«Bob» Morley
Les chansons de Morley, qu'elles rendent hommage à l'opposante Birmane Aung San Suu Kyi (« Woman of hope »), ou racontent une histoire de femme-soldat violée en Irak entendue sur CNN (« No Evidence »), sont effectivement aussi pleines de spiritualité que d'engagement.  « Pour moi, les deux sont inséparablement liés, dit-elle. Quand j'écoute Bob Marley, j'entends le discours politique mais aussi l'amour du prochain ».
Le nom du pape des rastas revient souvent dans la conversation de Morley (effet d'homonymie, peut-être ?), qui avoue avoir plus écouté de reggae, de hip-hop et de R'n'B que de folk, avant de se mettre à chanter. « J'ai presque honte d'avouer que je découvre à peine le répertoire de Joni Mitchell et que je ne connais presque rien de celui de Joan Baez. Si je me suis mise au folk, c'est juste que, quand il a fallu mettre de la musique sur mes poèmes, ce genre de musique m'a paru le mieux adapté à ce que j'avais à dire ».
Découverte à New York par le Français, Jean-Philippe Allard qui a coproduit son troisième album avec Jay Newland (Norah Jones), Morley débute en France une carrière internationale pleine de promesses. On se souviendra avec émotion, avoir assisté à son envol, tel le « Bird other the Ocean » de sa chanson.



(1) Seen (Polydor/Universal)