Le Midem, qui l'honorait hier, ne pouvait décidément trouver « Homme de l'année » plus adéquat que Peter Gabriel. Ce musicien britannique qui fêtera le mois prochain ses 58 ans, fut d'abord leader d'un groupe de légende (Genesis) avant de réussir- formidablement- une carrière solo, puis de créer un festival (Womad) et un label (Real World) dédiés aux « musiques du monde » et enfin de lancer, deux ans avant iTunes, la première plateforme légale de téléchargement de musique (OD2). Celle-ci venant d'être rachetée par Nokia, Peter Gabriel a aussitôt créé une nouvelle plateforme, We7, sur laquelle les internautes peuvent télécharger gratuitement, les artistes étant rémunérés par la publicité (1).
Toujours aussi cool, disert et chaleureux, malgré un pied dans le plâtre dû à une récente chute de ski, Peter Gabriel a répondu à toutes les questions que l'on se posait sur lui, sa carrière et sa vision du futur de l'industrie musicale.
Pourquoi avoir quitté Genesis en pleine gloire ? « Mon fils venait de naître et ça m'a paru plus important de m'occuper de lui que de notre prochain album. Je n'avais pas du tout dans l'idée de faire une carrière solo. Pendant un an j'ai cultivé mon potager mais je n'étais pas très doué. Je me suis dit que j'allais écrire des chansons pour les autres, mais personne ne voulait les chanter. Alors, j'ai repris le micro ».
Après la reformation de Led Zeppelin, verra-t-on celle de Genesis avec Peter Gabriel ?
« On en parle avec les autres, mais ça ne veut pas dire qu'on le fera. Avant le concert de réunion de Led Zeppelin à Londres, Robert Plant m'a envoyé un e-mail me remerciant ironiquement de les avoir laissés être les premiers à se prostituer. J'ai vu le concert et je n'ai pas trouvé que c'était de la prostitution du tout. Au contraire, j'ai trouvé ça génial ».
Que pense-t-il de l'initiative de Radiohead, de mettre son nouvel album gratuitement en ligne avant sa sortie en CD ?
« Je ne leur en veux pas trop d'avoir eu l'idée avant moi. En ce qui me concerne, comme je suis un grand fan de ce qu'ils font et que je suis attaché à l'objet physique, j'ai acheté le pack luxe à 60 euros. Mais leur initiative montre qu'il peut y avoir plusieurs modèles économiques viables pour les artistes et l'industrie, même si la musique est gratuite sur internet ».
La crise du disque ? « Je pense qu'elle débouchera sur une véritable renaissance de la créativité. Grâce à la technologie, de nouvelles formes de musique vont apparaître et elles seront viables. Aujourd'hui avec une base de 100 fans motivés, on peut faire des disques dans sa chambre et en vivre ».
À quand un nouvel album de Peter Gabriel ? « Avant la fin du siècle, si la météo est favorable. C'était un truc qui m'angoissait quand j'étais plus jeune, maintenant je m'en fous un peu. Je continue à aimer écrire des chansons, mais je ne suis plus pressé de les sortir ».
(1) Ce modèle économique prometteur a également été adopté par une autre plateforme de téléchargement britannique, Qtrax qui a lancé son service au Midem.
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