Notre dernière rencontre s’était faite dans les loges du Sporting Club de Monaco, à la fin d’une série de concerts qui devaient sceller sa dernière tournée.Deux jours plus tard, une chute sur le pont d’un bateau, au large de la principauté, déclenchait une série d’évènements qui faillirent lui coûter la vie. Revenu d’entre les morts, c’est un nouveau Johnny que je retrouve deux ans plus tard. Regonflé à bloc, prêt à repartir sur les routes pour une tournée de «come back», qui débutera le 14 mai à Montpellier et passera par Nice le 30 juin et Monaco les 19, 20 et 21 juillet. Pendant près d’une heure, avant d’aller remettre un trophée à Shakira et de jouer un medley quelques titres avec son groupe sur la scène du Palais des Festivals , Johnny s’est confié à cœur ouvert et a répondu à toutes les questions que l‘on se posait sur sa nouvelle vie, n’éludant que le volet politique.On ne saura pas s’il compte revoter Sarkozy ou s’exiler à Gstaad, si François Hollande est élu. Par contre, tout sur son nouveau spectacle, son prochain album, ses projets et son rendez vous manqué avec Madonna.Rencontre avec le Boss, dans sa suite du 7e étage du Majestic, T.Shirt à tête de mort, pieds nus, bracelets et bagues vaudou (cadeaux de Laetitia et Laura) , petits yeux (couché à 6 heures), tatouages sur tous les bras, une cigarette au bec et des mégots plein le cendrier...
Vous n’aviez pas arrêté de fumer?
Si, j’ai tenu trois mois.J’ai recommencé comme un con, il y a deux jours.J’ai eu pas mal de soucis avec ma fille, comme vous le savez sans doute.Je vais m’arrêter à nouveau, mais c’est difficile (dit-il en allumant une autre Gitane sans filtre)
Vous avez des nouvelles de votre fille Laura?Qu’est-ce qui s’est passé ?
Elle se fait soigner de nouveau.Pourtant elle était clean.On a passé noël en famille à Gstaad.Non vraiment, je ne comprends pas...(1)
Heureux de vous revoir, en tout cas.Il s’ est passé beaucoup de choses depuis notre dernière rencontre.Tout à changé autour de vous.Vous aviez besoin de faire le vide après ce qui s’est passé ?
Oui j’ai ressenti le besoin de me remettre en question, de faire table rase du passé.C’est ma façon à moi de me ressourcer.
C’est quelque chose que vous aviez déjà fait dans votre carrière ?
Oui, deux fois.La première, c’était il y a une vingtaine d’années.Quand on est un artiste et qu’on a une carrière un peu longue, il faut de temps en temps changer d’équipe.Malgré eux, quoiqu’on y fasse, les gens s’installent dans une routine , prennent de l’âge, ont peut être moins envie.Nous, on a besoin, au contraire, de gens qui bougent, d’idées nouvelles, de sang neuf.Moi, en tout cas, je fonctionne comme ça.
Se séparer de tous vos anciens collaborateurs a été une décision difficile à prendre?
Oui , c’est toujours dur car on s’attache aux gens, forcément.Il y a des liens d’amitié qui se crèent.Mais le côté artistique l’emporte au final sur l’affectif. Je fais un mêtier où on n’a pas le droit de stagner.Il faut avancer, se renouveler, chercher de nouvelles idées.
Et vous, avez-vous changé aussi ?
Non, je ne crois pas.Je suis peut-être plus serein avec moi même.J’ai pris conscience de l’importance de la famille.J’ai eu peur non pas de mourir, mais de laisser mes enfants dans les ennuis.Tout ce que je fais aujourd’hui, je le fais pour eux, pas pour moi.
Vous aviez annoncé que vous vous retiriez de la scène. Qu’est ce qui vous a fait changer d’avis?
Je n’aime pas les choses inachevées et cette tournée, je ne l’avais pas terminée.Ensuite, je me suis rendu compte pendant ma convalescence forcée que cela allait être terrible de ne plus monter sur scène.J’en ai conclu que s’il fallait arrêter, en tout cas, ce n’était pas le bon moment.
Pourtant votre plan était arrêté.Vous deviez faire du théâtre, du cinéma...
Et c’est ce que j’ai fait.J’ai joué cette pièce de Tennessee Williams, pour laquelle je m’étais engagé (Un Paradis sur terre NDLR).Mais je ne pouvais pas m’en tenir-là.Si j’ai voulu faire cette tournée, c’est parce que je n’avais pas terminé l’autre.
Les considérations financières n’ont pas jouées?
Les assurances me doivent encore de l’argent pour l’annulation de la fin de ma tournée.On se bat pour le récuperer, mais ce n’est pas simple. Apparemment, c’est en train de s’arranger, j’ai bon espoir.
Cette tournée , c’est une façon de terminer quelque chose ou de recommencer ?
Honnêtement, je n’en sais rien.Je ne peux pas le dire aujourd’hui. On part pour un an, on va faire plein de dates à l’étranger: Moscou, Londres, Los Angeles, New York, Tel Aviv, le Canada...C’est quelque chose que je n’ai pas fait depuis trés longtemps et ça me rappelle le temps où je tournais beaucoup en Espagne en Italie, au Japon. J’aimais beaucoup ça.Mais mes productions étaient devenues tellement énormes que c’était difficile de les exporter à l’étranger. Jean Claude Camus préférait qu’on reste en France. Quand j’ai fait le concert à Las Vegas, on s’est plus interessé à l’organisation du voyage des fans qu’au spectacle lui-même.Ca a été une erreur et je n‘en garde pas un trés bon souvenir.Mon nouveau producteur Gilbert Coullier a trouvé une solution maline pour ne pas avoir à transporter la scène et les décors à l’étranger, car c’est ce qui coute le plus cher. On fera tout construire sur place, ce qui permettra de mieux s’adapter aux salles...
Pouvez vous nous dire à quoi ressemblera le nouveau spectacle?
Je le vois en trois parties.Une première partie rock ’n’ roll avec des effets spéciaux, une partie acoustique plus dépouillée et une troisième partie avec un grand orchestre symphonique. C’est Yvan Cassar qui a écrit les arrangements orchestraux des cinq ou six chansons comme «Poème sur la 7e» ou «Marie», qui se prêtent le mieux à ce type de traitement. Un peu comme j’avais fait au stade de France en 1998...
Ce sera aussi spectaculaire que vos derniers shows?
Plus, j’espère.J’ai demandé au canadien Yves Aucoin de s’occuper de la scénographie.C’est lui qui a concu le sublime spectacle de Celine Dion à Las Vegas et celui du Cirque du Soleil sur les Beatles, Love. Il m’a proposé des trucs géniaux. Je ne veux pas trop en dévoiler, pour conserver la surprise au public, mais il y a notamment une boule de metal à la Mad Max comme celles qui détruisent les immeubles et à l’intérieur de laquelle je devrais faire mon entrée.Vous savez que je tiens beaucoup à soigner mes entrées. Les costumes de scène seront créés par Sarah Burton de chez Alexander McQueen.
Comment sera composé le groupe qui va vous accompagner?
J’ai gardé les musiciens qui m’accompagnaient sur la dernière tournée et notamment Robin Lemesurier qui est mon guitariste depuis longtemps. Il y a juste Yarol Poupaud, le frère de l’acteur Melvil Poupaud, qui nous rejoint à la guitare et à la direction d’orchestre. C’est lui qui m’accompagnait à la Tour Eiffel pour le concert de Live@home, que TF1 va diffuser le 17 février.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
C’est marrant, parce qu’il jouait le guitariste de mon groupe dans la scène du film Jean Philippe , où je montais sur scène au Stade de France.Comme on s’ennuie toujours beaucoup à attendre sur un plateau de cinéma, on avait improvisé quelques chansons ensemble devant les figurants qui attendaient avec nous.J’en avais gardé un bon souvenir.Et puis je l’ai retrouvé par hasard quand j’ai fait mon Taratata, pour l’album avec Mathieu Chedid.Mathieu lui avait demandé de venir faire la deuxième guitare.Quand j’ai vu le résultat, je lui ai demandé d’être mon guitariste sur cette tournée et il a accepté.Maintenant, il va falloir que je le présente à Robin ! Mais je ne me fais pas de soucis, ils sont tous les deux fans de Rod Stewart.Ils vont bien s’entendre ! (rires)
C’est Louis Bertignac qui assurera les premières parties.Son ancien groupe, Téléphone, fut peut-être votre seul rival...
A leur grande époque, ils attiraient plus de monde que moi.Mais je me consolais en me disant que c’était un groupe pas un chanteur (rires).Je ne les considérais pas vraiment comme des rivaux. J’essaie aussi d’avoir les BBBrunes sur certaines dates de la tournée.Et il y aura des invités.Christophe Mae m’a dit hier qu’il viendrait, Shy’m aussi...
Vous êtes à Cannes pour les NRJAwards.Voyez-vous dans les artistes qui vont être récompensés des gens qui pourraient assurer votre relève?
Oh, il y a beaucoup d’artistes trés talentueux, parmi eux.Et certains , comme Christophe, font déjà de très belles carrières. Je vais remettre un prix à Shakira que j’aime beaucoup aussi .Il semble d’ailleurs que je sois destiné à lui remettre des prix, car ils m’avaient déjà demandé de le faire il y a trois quatre ans.On va finir par jaser ! (rires)
Vous parliez de l’album avec M.Est ce que l’accueil qui lui a été réservé vous a déçu?
Ecoutez, pour moi c’est un peu l’album de ma renaissance.Je ne l’ai pas fait en me disant que j’allais cartonner avec ça.ce n’est pas un disque à tubes, plutôt un truc de musiciens, de copains. Je suis même surpris qu’on en ait vendu pas loin de 200000. Moi, je l’aime bien ce disque et je suis sûr que plein de gens l’apprécient aussi.Je regrette juste que certains journaux s’en soient servis pour dire que je ne vendais plus. Le prochain, que je vais enregistrer en août et qui sortira en octobre, sera plus commercial, plus dans mon style habituel. J’incluerai les nouvelles chansons dans la seconde partie de la tournée, pour varier un peu.
Avec qui allez vous travailler pour ce nouvel album?
Plein de monde.Beaucoup de nouveaux venus, inconnus mais talentueux.Et aussi Luc Plamandon, Philippe Labro, Yarol Poupaud, John Maman...Les musiciens vont enregistrer à Londres pendant que je démarre la tournée et je poserai mes voix dessus cet été.
Que gardez-vous de votre expérience au théâtre ?
Ca a été vraiment formidable.Je l’ai fait parce que c’était un pari à relever et que j’aime ça, mais je peux dire que j’y ai drolement pris gout.Il me tarde d’ailleurs de retrouver la troupe pour partir en tournée.C’est prévu pour 2013.Et je regarde deux ou trois pièces qu’on m’a proposées, dont une d’Amanda Sthers.J’aimerais bien trouver le temps de les jouer.
Vous avez retrouvé sur les planches les émotions de vos débuts?
Un peu, oui.J’avais un trac terrible tous les soirs.Au début, ce qui est impressionnant, c’est le silence de la salle devant vous.Evidemment, je n’étais pas habitué ! (rires) A la fin , j’allais m’asseoir vingt minutes devant le rideau fermer pour écouter le public arriver.Ca me rassurait de le savoir là !
Vous utilisiez une oreillette?
Non et je n’avais pas de prompteur non plus. C’est ça qui me faisait le plus flipper.J’avais peur du trou de mémoire.Mais étrangement, quand vous êtes là et que vous faites les gestes que vous avez répétés, le texte sort presque tout seul. Y compris les passages sur lesquels vous avez le plus trébuché en répétition.On n’arrive pas à se planter...
Et le cinéma?
J’ai un projet avec Tony Scott et Mickey Rourke, mais je n’ai pas trop de nouvelles...
Vous regardez le parcours de Jean Dujardin et de The Artist aux Oscars?
Oui, c’est formidable.J’ai vu le film et j’ai écrasé ma larme à la fin. J’ai trouvé ça merveilleux.C’est muet, en noir et blanc, et malgré tout trés moderne. Je serai ravi que Dujardin gagne car je l’aime beaucoup et ce serait mérité.D’ailleurs, je pense qu’il a de bonnes chances.Contrairement à ce que l’on dit, les Américains que je connais bien, ne sont pas protectionnistes, ni surtout jaloux du succès des autres. C’est pas comme aux César où on préfère toujours donner les prix à ceux qui n’ont pas de succès (rires).
On parle un peu politique?
Ah non ! Non, non...merci beaucoup! (rires)
C’est pourtant de saison...
Oui, mais voyez-vous, moi je suis chanteur.Je préfère parler de ce que je connais, si cela ne vous ennuie pas.
Vous n’avez pas toujours dit ça...
Disons que je n’en parle plus alors.C’est le nouveau Johnny ! (rires)
Parlons d’Elvis alors ...
Ah oui, je préfère !
Dick Rivers nous disait qu’Elvis est sa religion.C’est toujours la votre?
Je ne vais pas aussi loin.J’adore Elvis , j’ai découvert le rock grace à lui, mais je n’en fait plus une idole absolue.Il y a eu du monde après lui quand même...
Bruce Springsteen par exemple ?On vous appelle «le boss» tous les deux et il représente un peu pour les Américains ce que vous êtes aux français : une sorte d’incarnation du pays lui-même...
C’est difficile pour moi de répondre à ça. J’espère.Pour certaines personnes , je peux effectivement représenter cela, je suppose. Mais pas pour tout le monde.
Vous parlez souvent de votre amitié avec Jimi Hendrix, mais on sait peu que vous avez aussi cotoyé Jim Morrison, le chanteur des Doors, avant sa mort à Paris.Pourquoi cette discrétion à son sujet?
Je n’ai pas grand chose à en dire. Il n’était pas au mieux de sa forme et ne parlait pas beaucoup. Le plus souvent, on se retrouvait assis sur le trottoir du Rock’n’Roll Circus à 7 heures du matin, et il était complètement défoncé.Ca ne laisse pas beaucoup de souvenirs à raconter. Mais c’était un garçon charmant.
Auriez vous pu finir comme lui et Jimi.Entrer au club des morts à 27 ans?
Non, je tiens trop à la vie pour ça.Je suis plutôt comme Keith Richards , du côté des survivants.J’ai fait des excès nombreux et variés, mais j’ai toujours su m’arrêter à temps, heureusement.
Est-ce que cotoyer la mort de près vous a fait rencontrer Dieu?
Non. Je ne suis pas plus croyant qu’avant.
Et Madonna?
Ah, ah ! non plus ! (rires) Elle se couche trop tôt pour moi. Pour le premier de l‘an à Gstaad, elle nous a fait dire par des amis communs qu’elle voulait qu’on se rencontre.Je l‘ai appelée à une heure du matin pour lui dire de nous rejoindre à la fête, mais on m’a dit qu’elle était déjà partie se coucher.Dommage !
La fin du monde en 2012, ça vous tracasse?
Non pas du tout.La tournée va au delà du 21 décembre, et j’ai une pièce à jouer en 2013.Donc ce n’est pas possible.Les Mayas ont du se tromper ! (rires)
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