Uxbal (Javier Bardem) élève seul ses deux jeunes enfants dans un quartier miserable de Barcelone. Pour subsister, il monnaie son don pour communiquer avec les morts et fait du trafic de clandestins africains et chinois qu'il héberge, fait travailler et protège du mieux qu'il peut. Lorsqu'un medecin lui diagnostique un cancer de la prostate en phase terminale, il sait qu'il n'a plus que quelques semaines à vivre. Comment va-t-il pouvoir assurer l'avenir de ses enfants et de ses clandestins et comment va-t-il pouvoir se présenter devant son père qui l'attend certainement dans l'au delà ? Commence pour Uxbal un compte à rebours effrayant qui ressemble à une longue noyade dans les bas fonds de la capitale Catalane...

Après avoir bien plombé l'ambiance du dernier Festival de Cannes et avoir vu sa sortie repoussée de quelques semaines, histoire sans doute de ne pas gâcher aux spectateurs la fin de l'été, le nouveau film d'Alejandro Gonzales Inarritu sort enfin (façon de parler) cette semaine. Avis aux dépressifs et aux angoissés chroniques: c'est le film le plus triste du monde ! Le genre à ne surtout pas regarder près d'une fenêtre ouverte ou d'une arrivée de gaz ( par chance les salles de cinema n'ont généralement ni l'une ni l'autre) Javier Bardem y traine deux heures durant une mine de chien battu qui lui a valu le prix d'interprétation à Cannes. Vu ce qui lui arrive dans le film, cela ressemblait à un prix de consolation!

Blague à part, ceux qui auront le courage d'affronter ces deux heures de descente aux enfers sans la moindre once d'espoir, verront quand même un grand film.

Séparé de son scénariste habituel, Guillermo Arriaga, Inarritu a renoncé aux artifices scenaristiques de Babel et 21 Grammes, qui avaient fait leur temps, aborde frontalement cette histoire de pêché et de rédemption, sans craindre d'en faire trop. C'est beaucoup effectivement ( à huit heures du matin , en séance de presse à Cannes, on se serait volontiers passé de la scène de gazage des clandestins, par exemple), mais l'image que donne le film de l'état de délabrement de nos sociétés mérite d'être affrontée et Biutiful de trouver son public. A condition que ce dernier soit averti: ce n'est pas Vicky Cristina Barcelona 2 et la production ne rembourse pas les anti depresseurs.