Mars 1992 dans une petite ville de la région parisienne. Lors d’une soirée bien arrosée, des adolescents découvrent dans la forêt un corps apparemment sans vie, enfoui dans les broussailles. Flashback quinze jours plus tôt.Au lycée Léon Blum, un élève de Terminale C, Simon Werner manque à l’appel. Des traces de son sang sont retrouvées dans une salle de classe. Fugue, enlèvement, suicide, meurtre? Les hypothèses les plus folles sont envisagées. Quelques jours plus tard, une élève de la même classe est notée absente sans que ses parents sachent où elle est. Une jeune fille apparemment sans histoire et sans lien direct avec Simon. Le lendemain, un troisième élève, toujours de la même classe, disparaît à son tour…
Entre teen-movie, thriller et film d’horreur, ce premier long-métrage prometteur déroule son intrigue selon un procédé hypnotique qui pourra rappeler celui d’Elephant de Gus Van Sant. L’histoire est racontée du point de vue de plusieurs de ses protagonistes, les mêmes scènes sont vues sous un angle différent, de sorte que la vision d’ensemble qu’en a le spectateur change à chaque fois et que ce que l’on voit n’est pas forcément ce que l’on croit.
Au-delà de ce formalisme, souligné par une mise en scène au cordeau, le réalisateur joue très intelligemment avec les codes spécifiques des genres abordés, pour les détourner et se les approprier. Le résultat est parfois énervant (marre de revoir sans arrêt les mêmes scènes), mais il est assez intriguant et personnel pour soutenir l’attention jusqu’à la révélation finale.
Le casting de débutants talentueux et la musique de Sonic Youth contribuent encore à l’originalité de ce film étrange et déconcertant (« à la Twin Peaks »), qui fut l’une des bonnes surprises d’Un certain Regard à Cannes. On suivra avec intérêt le parcours de son réalisateur, Fabrice Gobert.