Sauf à être moine bouddhiste ou familier du cinéma d’Apichatpong Weerasethakul, on risque de ne pas comprendre grand-chose à la Palme d'or de Cannes 2010, méditation métaphysique et métaphorique sur la vie et la mort, dans laquelle les esprits ressemblent à des buffles ou à des clones de Chewbacca dans La Guerre des Etoiles, posent pour des photos avec une troupe de jeunes soldats et forniquent avec des princesses vieillissantes sous la forme de poisson chat érotomane .
Dernière coqueluche en date du Festival de Cannes et de la frange la plus cinéphile de la critique française , le réalisateur thaïlandais, surnommé Joe par ses fans (et Chapi Chapo par les autres), est on l’a compris, adepte d’un cinéma plus proche de la vidéo d’art contemporain que du blockbuster. Un esprit aussi curieux et ouvert que celui de Tim Burton ne pouvait qu’être sensible au charme « étrange et pénétrant »(voire carrément barré), d’une telle œuvre, surtout dans le contexte d’une sélection particulièrement terne et mortifère. De là à lui accorder une Palme d’Or, il y avait sans doute un pas. Le grand public, attiré par le prestigieux label Cannois, risque donc , une fois de plus, d’avoir du mal à comprendre l’emballement festivalier pour un film que tout destinait a priori au seul circuit des ciné-clubs. Mais, après tout, un peu de poésie ne faisant de mal à personne, on pourra aussi, selon l’humeur, se laisser séduire par la zen attitude d’Oncle Boonmee .
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