Mija (Yun Junghee) vit avec son petit fils dans une petite ville de province traversée par le fleuve Han. C’est une vieille dame un peu excentrique et pleine de curiosité, qui aime soigner son apparence et arbore toujours des tenues originales et colorées. Comme elle souffre de problèmes de mémoire et trouve difficilement ses mots, elle a idée de suivre un cours de poésie. Bientôt cette activité la passionne à tel point qu’elle a du mal à se concentrer sur les évènements du quotidien. Pourtant son petit fils a besoin de son aide : il est en effet soupçonné d’avoir participé à un viol collectif au collège. Alors que les familles des jeunes gens impliqués se mobilisent pour étouffer l’affaire, Mija semble ne pas se rendre compte de ce qui se passe…



Presqu'oublié du dernier Festival de Cannes, où il n’a reçu qu’un « prix du scénario » de consolation, Poetry avait tous les atouts pour faire une belle Palme d’Or « classique ». Comme son titre l’indique, c’est un film très poétique, mais pas seulement. Le réalisateur Coréen Lee Changdong, qui avait déjà séduit les festivaliers en 2007 avec Secret Sunshine, filme la province rurale du Gyeonggi avec beaucoup de grace et aborde, sans avoir l’air d’y toucher, des thèmes sociétaux cruciaux : rapports intergénérationnels, jeunesse coupée du réel, fracture entre la Corée urbaine et rurale….Tout est dit en peu de mots et d’images dans ce film magnifique qui restera ma « Palme du cœur » de Cannes 2010. Dans le rôle de la vieille dame digne, Yun Junghee, l’une des plus grandes actrices de son pays, est absolument formidable et aurait également mérité un prix interprétation.