Un concert de Prince, ça se mérite. Pour voir à quoi ressemblait le show avant son arrivée à Nice, j'avais le choix entre Roskilde (Danemark), avec départ à l’aube du Bourget en avion privé et Arras (Pas de Calais), avec transfert nocturne sur Bruxelles dans le bus de tournée.Va pour le Mainsquare Festival d’Arras, où le Kid de Minneapolis avait exigé de passer en dernier « comme Jimi Hendrix à Woodstock » (sic) et de choisir lui-même les groupes qui feraient sa première partie.
Arrivé sur le site du festival -une ancienne caserne d’infanterie- je me suis demandé ce qui avait pu pousser Prince, que l’on sait pointilleux sur le choix des endroits où il se produit, à accepter de venir jouer dans le « Noooord » (par ailleurs passablement caniculaire). Jusqu’à ce que je me rende compte qu’une charmante petite chapelle jouxtait la scène.En cas de crise de Foi, le très pieux Prince pourrait toujours s’y recueillir...
Quand débute la première partie, sous un soleil à peine déclinant, le concept apparait clairement: c’est à un festival de funk lourd que Prince a invité les spectateurs.Mint Condition et Larry Graham (qui rejoindront ensuite le nain pourpre sur scène) portent la place nordiste, déjà passablement surchauffée, à incandescence.
Alors que démarre enfin le show Princier, sur une longue plage de synthé, on se dit qu’on va pouvoir souffler un peu.Grave erreur : bondissant sur scène avec sa Fender en bandoulière, le Kid attaque « Let’s Go Crazy » à fond la caisse. Toujours très élégant dans un ensemble blanc à col roulé (?!), rehaussé de la tunique bleu ciel imprimée qu’on lui voit sur les affiches, Prince (qui a encore perdu dix ans avec sa nouvelle coupe de cheveux zazou) enchaîne sur des versions orgasmiques de « Delirious » et de « 1999 » qui tuent dans l’œuf tout espoir de s’asseoir. Quand débarque la « Lil’ Red Corvette », rutilante de cuivres synthétiques, le public est en transes. Prince et son groupe (6 musiciens, 3choristes) ne le lâcheront plus jusqu’à une heure avancée de la nuit. Après « Alphabet Street » et « Kiss », les rappels s’enchaînent à un rythme vertigineux (« Purple Rain » hendrixien) et virent à la jam funk la plus torride (« Everybody Loves Me », « Disco Heat »... après on ne sait plus).
Prince ne veut pas partir : ça tombe bien le public non plus! Quand il se décide enfin à quitter la scène, laissant la foule épuisée et hagarde, le Kid saute dans une voiturette de golf qu’il conduit lui-même jusqu’à la limousine noire Tex Averyenne qui l’attend devant sa loge entièrement décorée de blanc (orchidées, lampe en cristal, canapés). Pour l'anecdote, Prince s'était fait réserver la meilleure suite du meilleur hotel de Lille où il ne s'est arrêté que dix minutes (le temps de prendre une douche ou...?) avant de rejoindre un autre hotel à Bruxelles.
Il est temps pour moi de prendre le tour bus dans lequel les choristes et Frédéric Yonnet, l’harmoniciste français de Prince, finissent le show.Direction Bruxelles, prochaine étape de la tournée. La nuit sera courte avant le retour à Nice, via Paris par le Thalys... dans lequel je tombe sur Mathieu Chedid qui a passé la nuit en studio à Bruxelle et écoute ses maquettes au casque. Pour ce que j'ai pu en entendre, ça à l'air bien. Mais ceci est une autre histoire...

Setlist d’Arras : Let’s Go Crazy, Delirious, 1999, Lil Red Corvette, Take me with U, Guitar, Hot Summer, Controversy, Angel, Nothing Compares 2U, Mountains, Shake Your Body, Everyday People, Higher, Alphabet Street, Kiss, Purple rain, Everybody Loves Me, Disco Heat...