Rock et photo ont toujours fait bon ménage. La jeunesse, la vitalité et l’esthétique de l’un ont souvent nourri l’autre, lui offrant, vers le milieu du siècle dernier, un nouveau souffle en même temps qu’un marché rémunérateur. Avant de devenir un objet d’art, la photo rock a beaucoup fait pour la décoration des chambres d’ados.
C’est à cela que l’on songe en empruntant la « Promenade Rock » ouverte par les 41e Rencontres d’Arles Photographie (1). Elle débute dans le cadre idéal des anciens ateliers SNCF (ceux qui aiment le rock et les friches industrielles prendront le train) avec 300 images de Claude Gassian qui sont déjà presque toutes des classiques de la photo rock : Patti Smith au Père Lachaise, Keith Richard surpris à travers la fenêtre d’un mobil-home lui servant de loge, Prince assis sur une chaise dans un backstage désolé, un sombre portrait d’Iggy Pop, Miles Davis impérial dans sa limousine, Gainsbourg dans son cabinet de curiosités... « Du lourd et du piquant » comme dit le catalogue.
La promenade se poursuit avec une salle reproduisant en miniature la Factory d’Andy Warhol, où naquit le Velvet Underground. Les superbes photos et vidéos en Noir et Blanc du groupe avec Nico et Warhol, signées Stephen Shore se regardent en écoutant « Sunday Morning » ou « Femme Fatale ». Un peu plus loin, c’est Patti Smith, photographiée sous toutes les coutures par son ami Robert Mapplethorpe. Toutes les images prises pour la fameuse pochette d’Horses sont là.
Une fausse boutique de disques particulièrement bien achalandée conduit au clou des Rencontres 2010, l’expo « I’m a cliché » sur l’esthétique punk, conçue d’après le titre d’une chanson d’X Ray Spex par Emma Lavigne, conservatrice du Centre Pompidou, à laquelle on doit déjà plusieurs expos rock (John Lennon, Pink Floyd, Jimi Hendrix).On y verra notamment les affiches originales des premiers concerts des Sex Pistols et les pochettes de leurs singles (« God Save The Queen », « No Fun ») conçues par Jamie Reid, des photos de backstages et de scènes après concerts de Rhona Bitner, les collages psyché réalisés par Meredith Sparks sur la pochette de Space Oditty de David Bowie, la vidéo du sacrifice d’une Stratocaster branchée à un ampli, traînée par un camion dans le désert mexicain et filmée par Christian Marclay, les photos de punks urbains d’Alain Dister, celles des Sex Pistols shootés par Dennis Morris et une curiosité : la maquette du livre que le peintre Niçois Alain Malaval (suicidé en 1980) voulait réaliser sur les Rolling Stones, avec les fantastiques photos prises à Nellcote par Dominique Tarlé lors de leur exil azuréen en 1971.
On terminera logiquement la promenade par l’expo consacrée à Mick Jagger à l’église des Trinitaires, qui regroupe des dizaines de portraits du chanteur des Rolling Stones, un des artistes les plus photographiés de tous les temps. Il n’y manque que celles de David Bailey, qui pour des raisons personnelles a refusé de participer à l’exposition.
A l’heure où j'écris ces lignes Sir Mick (Saint Mick?) n’avait toujours pas honoré l’église de sa visite. On peut donc encore espérer le croiser en Arles, d’ici au 19 septembre, date de clôture des 41e Rencontres Photographie.
(1) Rencontres d’Arles Photographie 2010, expositions jusqu’au 19 septembre. Forfait journée 26 euros, Pass toutes expositions valable tout l’été 35 euros. Renseignements http://www.rencontres-arles.com
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