Malgré les craintes que l’on pouvait légitimement nourrir à la perspective d’ingurgiter du chant liturgique dés matines, pour la projection de presse de Des hommes et des dieux, force est de reconnaître que Xavier Beauvois nous a bluffés avec ce nouveau film. Il mériterait, quinze ans après, les mêmes honneurs que N’oublie pas que tu vas mourir (Prix du jury) et pourrait d’ailleurs porter le même titre. Des hommes et des dieux conte l’histoire des moines de Tibhirine, retrouvés décapités en mai 1996, au plus fort de la guerre civile algérienne. D’abord attribués au Groupe Islamiste Armé (GIA), l’enlèvement et le massacre des sept moines trappistes français de Tibhirine furent plus tard mis sur le compte d’une bavure de l’armée algérienne qui l’aurait ensuite maquillé en enlèvement pour justifier la répression. Bien qu’il penche visiblement pour la seconde thèse (dans son film les militaires sont nettement plus antipathiques que les terroristes), Xavier Beauvois, se garde bien de prendre parti. De manière assez habile, il fait enlever les moines de nuit par un groupe non identifié, juste après avoir fait peser sur le monastère la menace d’un hélicoptère de l’armée. « C’était l’histoire de ces hommes qui m’intéressait, explique le réalisateur, pas celle de la guerre civile en Algérie ». Le film s’attache, en effet, essentiellement aux doutes des moines de Tibhirine, face au danger qui les menace. Fallait-il partir et abandonner les villageois, pour lesquels le monastère servait aussi de dispensaire? Ou rester et risquer une mort inutile? Dans un premier temps, les opinions sont divisées.Alors que leur supérieur (Lambert Wilson) refuse catégoriquement la protection de l’armée (qu’il juge trop corrompue), certains frères, veulent partir et dénoncent par avance l’exploitation qui pourrait être faite de leur martyre. Puis, après un premier avertissement sans frais (les terroristes venus réclamer de l’aide médicale repartent sans leur faire de mal), tous conviennent que « le bon berger n’abandonne pas son troupeau à l’arrivée du loup ». Entamé sous une forme presque documentaire (liturgie, travail quotidien, rapport avec les populations), le film prend progressivement une dimension plus spirituelle et culmine sur une scène (une cène?) de repas, au cours de laquelle, ayant définitivement fait leur choix, les frères partagent le pain et le vin. Il aurait pu (dû?) se terminer là et n’en aurait été que plus fort.Au lieu de cela, Beauvois a choisi de montrer l’enlèvement et la captivité des moines, terminant sur un plan symbolique où on les voit disparaître dans le brouillard et la neige avec leurs bourreaux. C’est la seule lourdeur d’un film qui, sur un sujet délicat, tient sinon parfaitement sa ligne, sans jamais verser dans la bondieuserie, le pathos ou la charge politique. Un quasi-miracle! Pour avoir réussi à « cannoniser » les moines de Tibhirine sans leur ôter leur humanité, Xavier Beauvois mérite notre bénédiction et celle du jury.
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