Ames en Stock : Sophie Barthes, dont c’est le premier film, raconte en avoir eu l’idée après avoir rêvé que l’âme de Woody Allen se matérialisait sous la forme d’un pois chiche ! N’osant pas présenter le scénario au maître, elle a décidé de le tourner elle-même. On imagine effectivement ce qu’un Woody Allen aurait pu tirer de pareil scénario (un acteur célèbre en proie au doute existentiel se fait enlever son âme qui se retrouve greffée dans l'enveloppe charnelle trés charnelle d'une bimbo russe). Hélas Sophie Barthes, malgré un nom prédestiné, est loin d’avoir le talent de Woody pour mettre en scène ses propres délires psychanalytiques. Ames en stock hésite tout du long entre comédie Allenienne et anticipation surréaliste à la Eternal Sunshine of the Spotless Mind, sans jamais parvenir à trouver le ton juste. Le résultat est donc, au final, assez peu convaincant, malgré quelques bons moments de pure comédie.
Imogène : scénaristes de RTT et des Guignols (Canal Plus), Alexandre Charlot et Franck Magnier passent pour la première fois à la réalisation avec cette comédie librement adaptée des romans de Charles Exbrayat. Imogène est une petite comédie policière assez enlevée, qui lorgne du côté d’ OSS 117 sans en avoir tout à fait les moyens. Pour leur première réalisation, Alexandre Charlot et Franck Magnier se sont surtout attachés à faire propre. La mise en scène est sans génie, le rythme est plutôt plan-plan et les gags sont un peu téléphonés, mais cela n’empêche pas de trouver plaisir à ces premières aventures d’Imogène, excellemment incarnée par Catherine Frot. Il y a quelques numéros d’acteurs assez formidables (Michel Aumont!), Lambert Wilson est au mieux en policier british un peu coincé, les dialogues sont savoureux et bien écrits et le tout est servi sur de belles images en couleur de l’Écosse rurale et éternelle. Pour une comédie familiale de printemps, ce n’est déjà pas si mal.
L'Elite de Brooklyn :On a certes beaucoup (trop?) vu d’histoires de flics à la dérive, et il peut paraître présomptueux de vouloir se mesurer aujourd’hui sur ce terrain à Martin Scorsese (Les Infiltrés), Abel Ferrara (Bad Lieutenant) ou James Gray (La nuit nous appartient). L’Elite de Brooklyn n’est évidemment pas tout à fait du même calibre, mais parvient néanmoins à faire la balle, grâce notamment à un cast impeccable. Richard Gere, aiguillonné par la concurrence, est meilleur qu’il ne l’a peut-être jamais été en vieux flic alcoolo mais digne. Ethan Hawke est comme d’habitude excellent et Ellen Barkin fait un joli numéro en cheftaine flic couillue et retorse.
Mais la réussite et la crédibilité du film tiennent surtout à la façon, très réaliste, dont le réalisateur, le solide et prolifique Antoine Fuqua, filme les quartiers d’East Brooklyn où se déroule l’action. Il faut remonter à French Connection et aux Scorsese des années 70 pour retrouver pareille vision d’un New York, populaire, moite et dangereux. Preuve que ce New York là existe encore, quelque part du côté de Brownsville, où Antoine Fuqua n’a pas craint d’aller poser ses caméras.
Sign-in to write a comment.