« Quand j’étais petit, je faisais le carnaval de Nice sur les chars. Je me souviens qu’une année j’étais sur celui de Pantagruel. On entrait par la tête et on en ressortait par le derrière. Je me dis que d’une certaine manière, être digéré par Pantagruel, ça doit donner une propension au récit fantastique ». Ainsi parle Joann Sfar, dont le Gainsbourg, vie héroïque, tient effectivement plus du conte fantastique à la Tim Burton que du biopic classique. Un premier film vraiment magnifique, que le dessinateur du Chat du Rabbin a tenu à venir présenter en avant-première dans sa ville natale...
Pourquoi un film sur Gainsbourg?
Ma mère était chanteuse, mon père jouait du piano dans les bars quand il était jeune.Sa musique était partout chez nous. Puis elle s’est arrêtée quand ma mère est morte. Gainsbourg n’était plus que le type dont les provocations me faisaient marrer à la télé. Je ne mesurais pas l’importance de son œuvre que j’ai pris dans la figure plus tard à l’adolescence. Une œuvre magistrale à laquelle ses provocations ont fini par faire écran avec le temps. J’ai voulu lui redonner son sens, rétablir Gainsbourg comme le grand poète français qu’il est et montrer aussi sa relation conflictuelle et amoureuse à son pays, la France. Au milieu du débat sur l’identité nationale, sa Marseillaise a sans doute encore des choses à nous dire. Moi, en tout cas, je suis aussi orphelin de Gainsbourg que je peux l’être de Reiser
Qu’est ce qui vous a poussé à faire du cinéma?
Depuis le temps que je dessine tout seul dans mon coin, je me suis dit qu’il était temps de me socialiser un peu. Et évidemment, le fait de pouvoir approcher quelques-unes des plus belles femmes du monde pour les filmer a dû jouer aussi (rires). Sérieusement, il y a une continuité entre la BD et le ciné. Le dessin m’a beaucoup aidé pour me lancer dans la réalisation. D’ailleurs, le film en est plein...
Comment votre projet a-t-il été accueilli ?
J’ai été très étonné de la gentillesse des gens du métier à mon égard et de leur intérêt pour le projet. Je m’attendais à quelque chose de plus show-biz. J’ai découvert avec surprise que le cinéma est encore un métier un peu artisanal. Des gens comme Cédric Klapish, Alain Chabat ou Luc Besson ont été incroyablement chaleureux et m’ont donné des conseils très utiles. J’avais l’impression de débarquer dans une nouvelle école et de me faire tout de suite des copains.
Le casting du film est incroyable...
Pourtant ça n’a pas été simple. Elmosnino était une évidence vue sa ressemblance avec Gainsbourg. La moitié du travail était déjà faite. Mais pour avoir Lætitia Casta en Bardot par exemple, ça a été la guerre. Personne n’y croyait alors qu’elle fait une prestation incroyable. Elle a pourtant peu de scènes mais on ne voit qu’elle. C’est un bon pied de nez à ceux qui critiquent encore ses performances de comédienne.
Comment avez-vous vécu le suicide de Lucy Gordon qui incarne Jane Birkin ?
Cela faisait 15 jours qu’on avait fini le tournage et j’étais à Cannes pour le Festival. La veille, elle m’avait téléphoné pour me dire qu’elle sortait de chez le coiffeur et qu’elle allait partir pour Cannes. Ca a été un coup terrible. Pendant les six mois du tournage elle avait été la plus joyeuse et la plus courageuse de tous. J’espère que le film rend hommage à sa beauté et à son talent.
Le choix de la BO était également primordial. Comment s’est-il fait ?
J’ai tout de suite décidé de tout faire ré-enregistrer et chanter par les comédiens. Je crois que ça les a aidés à entrer dans les personnages et ça donne la même distance par rapport à l’œuvre que par rapport au personnage.
Quelle est la part de fiction dans ce qui est raconté ?
Je l’ai appelé « conte » pour respecter le vœu de la famille et pour me sentir libre. Mais je n’ai rien inventé.J’ai travaillé sur ce qu’il avait raconté lui-même, sans me demander si c’était vrai ou faux. L’épisode de Bardot qui débarque chez ses parents, par exemple, BB ne s’en souvient pas. Peut-être l’a-t-il inventé, mais je l’ai gardé. Ca me plaisait bien de lui faire manger les patisseries juives de maman Gainsbourg...
Ressentez-vous une pression particulière avant la sortie du film ?
C’est assez dur, là. On sait qu’on va être confronté tout de suite à la réalité des chiffres. Je me rassure en me disant que le film est déjà vendu dans 20 pays. Cela confirme que Gainsbourg est un des rares chanteurs français « visibles » de l’étranger. Quand j’étais chez Pixar, ils m’ont raconté que pour faire le critique gastronomique de Ratatouille, ils s’étaient inspiré des deux seuls français qu’ils connaissaient : le Général De Gaulle et Serge Gainsbourg !
En parlant de dessins animés, l’adaptation du Chat du Rabbin est-elle terminée ?
Oui. Je l’ai commencé bien avant Gainsbourg, mais les délais de fabrication d’un film d’animation sont tels que le Chat ne sortira qu’après, en juin probablement. J’espère que cela lui permettra d’être sélectionné à Cannes. L’histoire se passe en Algérie, mais elle est pleine de mes souvenirs de Nice.
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Gainsbourg, film héroïque (rencontre avec Joann Sfar)
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