On ne peut pas s’empêcher de penser que si  Ron Wood n’avait pas existé,
Robin Le Mesurier  serait peut-être devenu un Rolling Stones à sa place.
Il avait tout ce qu’il fallait pour ça : le sens du riff, l’attitude, le
port de guitare… et même la coupe de cheveux  « hibou » dont  Keith
Richards, Ron Wood , Jeff Beck et lui  seuls partagent le secret.  Tombé
dans le rock à l’âge de neuf ans, biberonné au blues et au rhythm’n’blues
comme tous les grands guitaristes anglais de sa génération (il est né en
1953) , Robin a d’ailleurs succédé à Ron Wood auprès de Rod Stewart qu’il
a accompagné pendant  7 ans (de 1980 à 1987) avant que Chris Kimsey, le
producteur des Stones  et  de Johnny Hallyday, ne l’appelle  en lui
demandant si ça l’intéresserait d’écrire un ou deux titres  pour « Rough
Town »,  l’album en Anglais de Johnny. Le reste,  c’est Robin lui-même qui
le raconte, profitant du « day off » de la série de concerts d’adieux
du boss au Sporting de Monte Carlo…

16 ans avec Johnny, c’est  un  record, non ? 
C’est ce qu’on me dit, oui. Cela fera même 17 à la fin de la tournée,
puisque j’ai commencé en 1993. Avant,  je connaissais le chanteur de
réputation depuis mes débuts en Angleterre,  mais je ne l’avais jamais
rencontré. Quand on s’est vus la première fois à Los Angelès, il s’est
passé un truc étrange : c’’était comme si on s’était toujours fréquentés.
Le déclic s’est fait dans la seconde. Un super feeling , vraiment.  Mais,
évidemment,  je n’aurais jamais imaginé rester aussi longtemps. Dans ce business on
n’a pas vraiment la garantie d’emploi,  vous savez …

C’est  censé être sa dernière tournée. Quels souvenirs marquants garderez-vous de votre collaboration ? 
Comme vous dites  s’est  « censé être »  la dernière ! (rires)  Je  ne
peux même pas l’imaginer s’arrêtant de faire des concerts.  Je sais bien
qu’ il a sa carrière d’acteur, mais la musique  c’est dans son sang. Il
ne s’arrêtera jamais de chanter, si vous vous voulez mon avis. Quant-aux
souvenirs, il y en a beaucoup, comme ce concert pour les fans français à
Las Vegas. Mais  jouer au stade de France c’est vraiment un truc. On n’en
voit même pas le bout !  ça, et le dernier concert au Champs de mars
devant cette incroyable marée humaine…





Comment considérez-vous le chanteur ?   C’est une icône, un trésor national que vous avez. Il n’y a eu personne
comme lui avant et il n’y aura personne après. Il est incroyable. Tous les
soirs sa voix m’étonne. La première fois que je l’ai entendu en studio, ça
littéralement m’a mis sur le cul. Et ça me fait encore cet effet là à
chaque fois.  Vous savez, j’ai enregistré mon premier disque à 16 ans à
Abbey Road avec Keith Relf des Yardbirds ,  j’ai accompagné ensuite un tas
de chanteurs  et de chanteuses célèbres (Rod Stewart, Meatloaf , Cat
Stevens ,Kid Rock, Willie Nelson ,  Bernie ,  Cheryl Crow , Rita Coolidge
, Steve Harley, Tina Turner et Elton John, entre autres NDLR). Mais pour
moi,  Rod et Johnny restent de loin les plus grands.

Y-a-t-il un feeling spécial sur cette « dernière » tournée ? 
Vous savez les tournées c’est toujours un peu spécial. Je me sens toujours
 très privilégié d’être le guitariste de Johnny. I l y en a 10 000 qui
voudraient la place. Je ne suis pas « blasé » (en français dans le texte) 
j’apprécie encore chaque moment sur scène. J’adore jouer avec lui. Il est
devenu comme un frère : on porte la même croix autour du cou  (un Christ
portant  une guitare en bandoulière). C’est  lui qui me l’a offerte
pour mon anniversaire. Je ne peux même pas dire combien ça m’a touché.

Qu’allez vous faire après ?  De la musique, of course. J’écris un musical sur une histoire de rehab’
qui pourrait être celle d’Amy Winehouse, mais en forme de  comédie.  Et je
publierai sur mon site internet un album instrumental .

On vous compare souvent à Keith Richards et Ron Wood.  Ils font partie de vos influences ?  
Bien sur. Keith est le roi du riff. Le meilleur. Il dit toujours  qu’il a
tout piqué à Chuck Berry, mais son originalité est  stupéfiante. Je suis
ami avec Ron,  on a fait des albums ensemble. C’est un mec super. Mais le
guitariste que je préfère écouter c’est quand même Jeff Beck. Comme moi il
n’a jamais réussi à chanter en même temps,  mais la difference c’est que
lui, il sait faire chanter sa guitare à sa place. Un pur génie.