Prés d'un million de spectateurs pour le concert du 14 juillet au Champs de Mars, 50 000 au stade Vélodrome de Marseille... 850 seulement au Sporting de Monte-Carlo ! L'échelle est différente, le concert aussi évidemment. Aucun élément du gigantesque décors du "66 Tour" n'a pu trouver sa place sur la scène de la Salle aux Etoiles où comme le fait remarquer Johnny le groupe se sent "un peu à l'étroit" après les scènes géantes des Zéniths et des stades. Pourtant, les 14 musiciens et choristes de Philippe Uminski n'ont eu aucun mal à trouver leurs marques pour le premier des cinq concerts qu'ils ont donné à Monaco.
Ce groupe est peut-être le meilleur qu'ait jamais eu Johnny et sa cohésion est parfaite alors que s'achève ici la première partie de sa "dernière tournée" (1). Le son est excellent et les deux guitaristes s'entendent désormais à merveille. A gauche, Robin Le Mesurier riffe comme Keith Richards et Ron Wood à lui tout seul. A droite Clint Walsh, sosie crédible de Jack White (White Stripes), arrive à virevolter sur les quelques centimètres carrés qui lui sont dévolus et régale son monde avec des parties de slide hallucinantes ("Gabrielle"). Leur duo fait merveille sur le medley rock ("Le pénitentier", "La fille de l'été dernier", "Blue Suede Shoes, "That's Allright Mama", "La Terre Promise").
Mais la grande révélation du "66 Tour", c'est Greg Zlap(zinski) l'harmoniciste du disque de blues de Johnny ("Le coeur d'un Homme"). Ses interventions sur "Gabrielle" et "Toute la musique que j'aime", notamment, font monter l'adrénaline d'un cran. A ces moments, on dirait les Stones jammant avec le J Geil's Band ! La section de cuivres, elle, se taille la part du lion sur le medley Rhythm and Blues ("Les coups", "Noir c'est Noir", "Aussi dur que du bois", "Jusqu'à minuit"), toujours aussi efficace.
Poussé aux fesses par cette meute déchainée, le vieux loup, toujours motivé et en excellente forme physique, est obligé de hausser le ton. Sa voix d'abord mal assurée sur "Ma Gueule" et "Je veux te graver dans ma vie", donne toute sa mesure dés le troisième titre ("Joue pas le Rock'n'Roll") et ne fera que se bonifier par la suite jusqu'à emplir tout le Sporting à elle seule sur l'extraordinaire (et oh combien symbolique) "Et Maintenant", joué en rappel.
Le répertoire privilégie encore les titres les plus anciens, mais Johnny s'est finalement résolu à faire quelques concessions aux fans de variétés en réintroduisant "Diego" et "Oh Marie". Heureusement, les arrangements dépouillés de Philippe Uminski font encore merveille et les rendent (presque) supportables.
On pouvait craindre que l'absence de décor et l'intimisme de la salle aux Etoiles empêchent le spectacle du "66 Tour" de donner toute sa mesure à Monaco. Il n'en est rien, au contraire. Jacques Rouveyrollis, pour les lumières et Bernard Schmitt, pour la scénogaphie, ont magnifiquement travaillé pour adapter le show à la salle. La présence et l'engagement du chanteur sont tels, de toute façon , qu'on oublie vite tout le reste.
"On se serait cru dans un stade" conclut Johnny, étonné lui-même de la ferveur du public du Sporting qui lui fait un triomphe mérité.
(1) Après une pause estivale méritée, le "66 Tour" reprendra en septembre avec étape à Nice (Nikaïa) les 18 et 25 octobre, Marseille (Dôme), le 24/10 et le 30 janvier 2010 et Monaco à nouveau le 31 janvier.
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