Fatigué des tournées Johnny Hallyday? Difficile de le croire au vu de la prestation fournie vendredi soir à Saint Etienne, en ouverture du "Tour 66" censé être celui de ses adieux à la scène. Deux heures et demi de show à fond la caisse (40 titres !), qui ont laissé les spectateurs du nouveau Zenith Stephanois sur les rotules. Johnny, lui, a quitté la scène frais comme un gardon après un "Et maintenant, que vais-je faire?" de circonstance. Retour sur images, en avant-goût de ce qui attend, cet été, les spectateurs du Sporting de Monaco et, en octobre, ceux du Palais Nikaia à Nice...
18hOO: l'essentiel des 9000 spectateurs est déjà sur place pour un début de concert prévu à 20h00. Le public est essentiellement régional, mais le noyau dur des fans a fait le déplacement de toute la France pour être les premiers à découvrir le nouveau spectacle.Johnny rode son show sept soirs de suite dans cette nouvelle salle inaugurée en octobre 2008 et gérée par son producteur historique, Jean Claude Camus (qui préside également aux destinées du Zénith Oméga à Toulon).Comme d'habitude, le stand de merchandising oficiel est pris d'assaut. A 20 euros pièce, le tee shirt de la tournée part comme des petits pains.
19h00: le public, moyenne d'âge plutôt élèvée, découvre la scène, en partie masquée par un rideau. Deux statues égyptiennes monumentales l'encadrent et une tête daigle aux yeux éclairés de rouge la surplombe. Au plafond, une passerelle n'attend plus que de descendre vers une petite scène auxilliaire située au milieu de la salle, à deux mètres des premiers rangs de gradins. Les heureux possesseurs de sièges situés à portée s'en réjouissent d'avance.Les premiers rangs, par contre, feront la tronche: bien la peine d'être là depuis deux jours pour voir une partie du show de loin et de dos !
Sobriété
21h00 : avec une petite heure de retard, le noir se fait, le rideau tombe tandis que la batterie martelle et que les musiciens attaquent l'intro de Ma Gueule, comme s'ils voulaient l'enfoncer dix mètres sous terre. La scène se complète de deux autres statues monumentales, ainsi que d'un écran géant qui tient toute la largeur mais est en partie masqué par quatre énormes plateformes hydrauliques montées sur un pratiquable. Les musiciens, tous de noir vétus, sont répartis sur toute la largeur de la scène, à l'ancienne: basse, batterie, trois guitares, 1 percussionniste , deux claviers, 2 superbes choristes blacks, un harmoniciste et une section de cuivres, qui entreront plus tard en scène, au total 16 personnes. On reconnait à l'extrême gauche, le guitariste à tête de hibou, Robin le Mesurier, qui accompagne le boss depuis plus de 15 ans déjà. Tous les autres sont nouveaux à l'exception du fidèle Laurent Vernerey à la basse. Tous sont trés jeunes, à commencer par leur "chef" Philippe Uminski, qui a remplacé à la direction musicale l'épouvantable Yvan Cassar, parti chez Mylène Farmer (bon débarras). La tonalité de l'intro est trés "heavy" , cela se confirmera par la suite.
L'une des questions que l'on se posait sur le nouveau spectacle était celle de l'entrée en scène: qu'allait encore trouver Johnny pour surprendre ses fans? Rien , justement, c'est ça la surprise. Il entre tranquillement par le fond de scène , sobrement vétu d'une veste en lamé et d'un pantalon noir, fait semblant de s'étonner de la surprise du public et attaque "Ma Gueule" d'une voix mal assurée. On croit à une embrouille. Serait-ce un sosie? Non, c'est bien notre Jojo national, avec quelques kilos de plus (qui lui vont bien), presque pas de maquillage et les cheveux au naturel. Le maitre mot de la préparation du spectacle semble avoir été "sobriété". De fait, le décor spectaculaire,les projections (assez hideuses pour l'essentiel) et les plateformes hydrauliques ( qui en fait supportent des écrans mobiles) se revèleront presque superfétatoires : la priorité est donnée à la musique et à l'échange avec le public. La difference avec les dernières tournées des stades est étonnante. Résultat, on s'amuse un peu moins, mais la musique est bien meilleure. Exit grandiloquence et variétoche ("Tout le monde a droit à l'erreur" confesse Johnny). La setlist balaie tout le répertoire avec une prédilection pour les rocks et les titres moins connus, pas moins de trois medleys (rock, rhythm and blues et unplugged) et trois incursions seulement dans le dernier album.
Increvable
Les deux grands moments sont la partie unplugged sur la scène auxilliaire, où Johnny a vraiment l'air de s'éclater en reprenant des rocks fifties, et le medley Rhythm 'n' blues sur lequel la section cuivre fait merveille et qui dévouche sur un "Hey Joe" transfiguré avec la basse de Laurent Vernerey, très en avant.
Le groupe est une redoutable machine de guerre qui pousse Hallyday dans ses derniers retranchements. Le son est ultra lourd d'un bout à l'autre et les arrangements sont carrément heavy metal: garantis 0% de matière grasse ! le nouveau guitariste, Clint Walsh, ressemble à celui des White Stripes. Il bondit dans tous les sens et part en solos comme une Ferrari d'usine, ce qui force Le Mesurier (qui a bien révisé ses plans Keith Richards pendant les vacances), à durcir encore le ton. Derrière eux , le batteur Maxime Garoute se charge d'achever les survivants à grands coups de masse cloutée. Sonné, le public a un peu de mal à suivre la cadence et ne retrouve ses marques que sur la fin avec "La musique que j'aime", "L'envie" et "Ca ne finira jamais". Entre temps Johnny a seulement changé deux fois de chemise et, malgré quelques soucis de micro et une moyenne forme vocale, n'a jamais baissé la garde. Affuté comme jamais, concentré, visiblement heureux d'être là, increvable. On le croirait reparti pour 50 ans. La carrière scénique de Johnny Hallyday est pourtant censée s'achever avec le Tour 66, le 22 novembre à Clermond Ferrand. Mais qui peut le croire?
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