Jeudi les Morallès n'auront que la matinée pour répéter car l'après-midi et toute la journée du vendredi ont été réservés pour l'installation de la scène et les réglages de son et lumière en vue du concert des Fatals Picard's vendredi soir. Je verrai donc, pendant deux jours, des Morallès passer et repasser dans le campement, errant comme des âmes en peine privées de leur chapiteau ! Les enfants, de leur côté, ne s'ennuient pas : ils se sont construit une super cabane devant le chapiteau.

Le soir après la classe je me mets tout de suite à bosser sur mon projet de sortie du lendemain : la recherche d'une ciste ! Mais qu'est-ce qu'une ciste, me demanderez-vous ?! Il s'agit d'une petite boîte contenant divers objets qui a été dissimulée quelque part, et que vous devez retrouver grâce à une énigme à résoudre. J'ai découvert ça il y a quelques années grâce à un collègue passionné et j'ai beaucoup aimé cette idée de jeu de piste gratuit et participatif (n'importe qui peut devenir "cacheur" ou "trouveur", d'ailleurs la plupart du temps les gens font les deux!). Souvent des gens ne comprennent pas l'intérêt de la chose. "Mais c'est quoi, le but ?", "Et tu gagnes quoi?". Bin... rien ! Juste le plaisir de chercher et trouver la réponse à une énigme, aller se balader et chercher une boîte cachée. Mangeons du jambon Herta et ne passons pas à côté des choses simples, quoi. :-)
Je fais d'ailleurs un peu de pub au passage pour leur site car je suis tombée sur des gens très sympas qui m'ont bien aidée à trouver des cistes pas trop loin de Parassy et dont la difficulté de l'énigme permettait que les enfants trouvent la réponse avec le moins d'aide possible de ma part.
Pour savoir ce que sont les cistes avec un peu plus de détails voici donc le lien vers leur site :
www.cistes.net
Sachez également que des cistes sont dissimulées dans le monde entier, avec une concentration particulièrement importante en France : plus de 78 500 cistes à trouver ! Si certains sont intéressés, allez donc jeter un oeil sur la carte de France qui recense les cistes par département : www.cistes.net/listecarte.php?tc=1&ic=1&ref=tourisme%20en%20France
Après avoir retrouvé celle que j'avais sélectionnée voici quelques semaines, je me mets en devoir de retrouver le lieu où nous nous rendrons (oui, j'avais soigneusement noté tout ça pour ne pas perdre mon temps précieux en tournée, mais évidemment bordélique comme je suis je ne sais plus où je l'avais noté!).
Voici l'énigme :
Monsieur le prince réside habituellement aux Etats-Unis
Monsieur le prince s'est marié à la cathédrale
Monsieur le prince est vigneron
Monsieur le prince possède quelques véhicules anciens qu'il montre dans son musée
Monsieur le prince fait visiter (de mai à septembre) sa modeste demeure, fleuron de l'architecture néo-gothique.
A 200 mètres du portail principal, en vous dirigeant vers la forêt, près d'une pancarte incitant à la visite, dans une anfractuosité du mur d'enceinte, cachée par une pierre blanche.... (Attention, la végétation envahit le mur...)

Une petite recherche Google me permet de retrouver le château où réside ce fameux Prince : Menetou-Salon (tiens, c'est de là que vient le vin que nous buvons à Parassy!). Enfin... comme ça, ça a l'air simple, mais pour être tout à fait honnête, la connexion internet étant vraiment, mais VRAIMENT pourrie depuis que nous n'avons plus l'antenne, ce n'est qu'après plus d'une heure d'énervement, de pianotage excédé sur la table en attendant que les pages chargent et un bon chapelet d'injures à chaque fois que la communication plante que je parviendrai à mes fins. Le site de Mappy étant impossible à atteindre, je vais demander mon chemin à l'un des membres de l'équipe de Parassy : c'est à cinq kilomètres seulement et je voudrais absolument aller y faire un tour avant la nuit car pour y aller... je devrai conduire... le bus de Mamie... En effet je vous rappelle que le Master, beaucoup plus petit, est désormais hors d'usage. Alors quand on sait le cinéma que je me suis fait pour arriver à en prendre le volant... imaginez un peu pour conduire le bus de Mamie... le grand, l'IMMENSE bus de Mamie ! En ramant sur internet j'ai même été tentée d'abandonner la sortie : "J'y arrive pas avec cette connexion", "Il va faire nuit de toute façon", "Je suis trop fatiguée", "En plus ça sert à rien il fait moche je vais pas les rendre malades"... bref mille et une raisons pour me dégonfler ! Mais je dois dire que je suis assez fière de moi car malgré mon angoisse (incompréhensible pour la plupart, je le sais), je l'ai fait ! Je vais donc demander le chemin pour Menetou à ce bénévole qui est en train de boire un verre avec Bernard et Sylvie. Bernard ne dissimule pas une expression vaguement inquiète quand je dis que je voudrais prendre le bus de Mamie pour faire l'aller-retour, et là intervient ma sauveuse : Sylvie ! Qui me propose gentiment de venir avec moi si ça peut me rassurer, et aussi pour me donner quelques conseils. J'accepte avec joie, et nous voici en route. Pour partir il faut faire une manoeuvre en marche arrière, et là je me dis déjà "en rentrant je mettrai le bus dans le bon sens pour pouvoir partir vers l'avant, ce sera plus zen que de manoeuvrer avec les six enfants surexcités demain". Sur la route Sylvie me donne quelques conseils, je ne suis pas fière et conduis à deux à l'heure. Bah, l'important c'est d'arriver ! (c'est pour ça que j'ai choisi une ciste vraiment pas loin de nous : il faut commencer doucement!) A un moment, un car manque de me faire faire une syncope en prenant un virage de façon assez cavalière et en passant très vite et très près de nous. Je crois que ça se voit que je suis complètement stressée, Sylvie me glisse même "tu sais si c'est trop dur moi je veux bien vous accompagner, demain, on ne peut pas aller dans le chapiteau alors tu sais j'aurai le temps". Je n'hésiterai qu'un dixième de seconde : non, non, et non, je dois y arriver toute seule comme une grande ! Nous arrivons enfin à Menetou-Salon, je repère la grille du château, l'endroit où je peux me garer, et je fais un demi-tour pour repartir : normalement c'est bon, je suis parée pour demain ! Au retour je suis un tout petit peu plus détendue, mais enfin je vais quand même très doucement. Je dis à Sylvie : "Tu connais l'histoire de la fille qui met trois quarts d'heure pour faire dix kilomètres ?!" XD
En arrivant je tente de me garer en marche arrière pour être dans le bon sens demain, avec les indications de Sylvie. Malheureusement je n'ai pas encore assez confiance en moi et Sylvie ne voit pas bien les distances dans le rétro : je finis par abandonner et c'est elle qui le gare. Pour se remettre de ces émotions, direction sa caravane, où Bernard, Jean, Yann et Pierre-Yves sont en train de boire un verre.
Après un verre (enfin euh... peut-être deux ou trois, d'accord!), ma raison m'ordonne de les quitter car j'ai encore du boulot pour demain. Je travaille jusqu'à pas loin de minuit, et c'est justement là, à minuit, alors que je tombe de sommeil et que je sais que la journée de demain sera longue... que je décide tout à coup de réaliser une petite blague qui me trottait dans la tête depuis Joué-les-Tours. Le cerveau d'une maîtresse fatiguée est parfois assez incompréhensible, je l'admets... Me voici donc, baillant et ricanant tout à la fois, en train de préparer soigneusement le plan que je mettrai à exécution le lendemain, utilisant ce petit quart d'heure que j'aurais dû passer dans mon lit à imprimer d'étranges étiquettes...
Le réveil du lendemain sera assez difficile ("Je savais que j'aurais dû me coucher plus tôt!"), d'autant plus que je réalise qu'à partir du soir il risquera d'y avoir du monde tout le temps... Et que si je veux pouvoir vider les toilettes tranquillement, bin en fait c'est euh... maintenant ou jamais ! Me voici donc partie, à 8 heures du mat, portant mon précieux chargement, en direction de la salle des fêtes. Mais... contrairement à ce que je pensais ("A huit heures y'aura personne"), des gens sont déjà là ! J'ignore si c'est déjà ou encore, d'ailleurs ! Trop tard, tout le monde m'a vue, il n'y a plus qu'à afficher un sourire dégagé, en espérant qu'il sera suffisamment grand pour cacher ce que j'ai dans les bras ! XD
A midi je mets donc mon plan-blague machiavélique à exécution : j'ai décidé d'agir pendant le repas car je sais que ce sera le seul moment où je ne risquerai de rencontrer personne sur le campement. Avant de partir j'ai préparé tout mon matériel dans le camion : étiquettes, patafix, liste sur laquelle j'ai noté à quelle caravane correspond chaque étiquette, et appareil photo. Je mange tranquillement l'entrée, et au moment d'aller me servir pour le plat principal je sors discrètement de la salle, pose mon assiette et pars en courant jusqu'aux convois. Il faut agir le plus vite possible, mon absence ne doit pas être remarquée !
Je vous explique quand même l'origine de la blague : à Joué-les-Tours Bastian avait sa nouvelle caravane, qu'il est en train de retaper. Or j'avais beaucoup ri en voyant son nom : après la "Princesse" de Jean, voilà que nous avions parmi nous une "Baronesse".

En voyant ça j'avais dit à Bruno : "Eh, tu sais ce qui serait rigolo ? Ce serait d'écrire plein de noms dans ce genre, comme comtesse, duchesse etc, et d'aller coller ça dans la nuit sur toutes les caravanes du cirque !". Et puis le temps avait passé et on ne l'avait pas fait... Voilà pourquoi je me retrouve ce midi, sous la pluie, à courir de camion en caravane pour y fixer des étiquettes... Je les colle toutes en vitesse, prends des photos du délit, repose tout mon matériel dans le camion et repars en courant.
Voici donc celle de Sylvie et Benard :

Celle de Carole et Gino :

Celle d'Hélène et Didier (oui, je n'ai pas réussi à trouver des noms en -esse pour tout le monde!) :

Celle de Julie :

Celle de Yann :

Celle de Pierre-Yves :

Et celle de Mamie Monique :

Au départ je ne pensais pas spécialement en mettre sur mon camion puisque j'étais l'auteur de la blague et que je ne comptais pas le cacher, mais je me suis dit que ça pouvait être marrant de laisser mariner un peu le truc pour les voir chercher qui avait fait ça. N'ayant plus trop de titre de noblesse en tête, je me suis donc dit que maîtresse rimait bien avec princesse, baronesse, comtesse, duchesse etc. Mon camion aura donc droit à son étiquette, lui aussi :

Je m'aperçois d'ailleurs en faisant cette tournée que j'ai complètement oublié la caravane d'Augustin et Léon... Bah, ce n'est pas très grave, et puis ça me permettra d'instiller le doute plus tard et de trouver là une "preuve" indiquant qu'ils sont à l'origine du coup !
En revenant dans le bâtiment où nous déjeunons je reprends mon souffle, essuie mon visage car je me suis pris la pluie et retourne au buffet avec mon assiette en essayant d'avoir l'air dégagé. Les autres ont tous quasiment fini leur assiette, j'espère que personne ne fera le lien entre cette absence et la blague !
Alors que nous prenons le café j'entends Julie aller voir Carole et lui dire "C'est toi qui a fait la blague des étiquettes?". Je me sauve vite fait car je ne suis pas toujours une pro du mensonge et de la comédie... De retour aux caravanes je vais bosser dans mon camion et suis morte de rire, j'entends tout le monde qui en discute dehors. Carole, face aux questions des autres, dit "Non mais vous croyez vraiment que je n'ai que ça à faire ?!"... finalement c'est Gino qui paraît le coupable idéal ! Les autres ont quand même des doutes : la blague pourrait être de lui mais le fait que les étiquettes aient été imprimées ne penche pas en sa faveur. Certains prononcent mon nom mais j'entends Augustin me défendre : "Mais non, ça ne peut pas être Céline, elle n'aurait pas eu le temps, elle travaille sur sa ciste depuis hier!" La suite au prochain épisode, donc... XD
Eh oui, n'oublions pas que cet après-midi nous partons en quête de notre ciste ! Augustin, Léon et Gabrielle ont lu l'énigme ce matin, je leur ai demandé d'entourer les mots qui leur semblaient importants, puis de faire une recherche Google avec ceux-ci. Je les ai laissés se dépatouiller un peu seuls et faire plusieurs tentatives, puis je les ai aiguillés vers les mots vraiment importants car la première fois que j'avais fait la recherche ça m'avait pris un certain temps !
Ils savent donc que nous devons aller au Château de Menetou-Salon. Les enfants sont excités comme des puces et tout le monde les regarde sauter partout les yeux écarquillés et me souhaite bon courage d'un air compatissant ! En nous dirigeant vers le bus de Mamie Monique : horreur ! Je m'aperçois que quelqu'un l'a utilisé ce matin et l'a garé dans le mauvais sens. Comble de malchance le parking est plein et je vois mal comment je vais réussir à manoeuvrer... Heureusement Sylvie arrive et, devant mon visage décomposé, me dit "Ah mince, il est dans le mauvais sens ? C'est sûrement Bernard qui l'a utilisé ce matin, allez ne t'en fais pas je vais te le sortir!". Aaaah... Merci Sylvie ! Tu es ma double sauveuse ! Elle me fait donc la manoeuvre puis me laisse le volant en disant à Augustin et Léon "Vous n'oubliez pas ce que je vous ai dit, hein, vous vous tenez bien!". Aux questions d'Augustin ("Mais c'est vrai que c'est la première fois que tu le conduis le bus de Mamie?") j'imagine que Sylvie a dû leur faire la leçon pour qu'ils soient calmes et ne me stressent pas encore plus que je le suis ! En fait sur la route ça va : j'ai juste quelques craintes pour me garer car je sais que la grille où nous nous étions arrêtées avec Sylvie hier soir n'est en fait pas la bonne. Je me dis qu'en roulant le long du mur d'enceinte on devrait bien trouver l'autre, mais du coup je ne sais pas si je pourrai me garer et comment en repartir.
Nous trouvons la grille assez facilement, et miracle j'ai de quoi me garer ! Nous descendons du bus et prenons une photo de la grille pour montrer que c'est bien le même endroit :

Et voici la petite équipe prête à partir à la recherche de la boîte !

Ils partent un peu vite car Léon et Augustin pensent qu'il faut parcourir 200 mètres à partir de cette grille avant de trouver la boîte. Nous marchons dans le fossé, c'est bien humide, et je me rends compte que j'aurais peut-être dû mettre mes bottes !

A un moment je remarque une pierre blanche dans le mur, à côté de laquelle ils sont passés sans y prêter attention. Je ne dis rien et les laisse aller au bout de leur idée puis, une fois que nous sommes coincés, je leur suggère de revenir sur leurs pas plus doucement, en cherchant bien dans le mur s'ils ne voient pas de pierre blanche.
Nous voici repartis dans l'autre sens, et cette fois Léon voit la pierre, l'ôte et trouve la boîte.

Petite déception à l'ouverture : l'intérieur est en piètre état ! La personne qui l'a ouverte en dernier a dû mal la refermer, l'humidité et un peu de terre se sont glissées dedans...

Les objets sont donc un peu sales, et le carnet où on peut noter son passage est inutilisable. Augustin n'avait rien apporté à mettre dedans donc ça ne le dérange pas trop, en revanche Léon qui avait apporté un pin's choisit de ne pas faire d'échange et de repartir avec !

Les quatre autres veulent choisir un des petits objets : Firmin dépose un jouet Kinder Astérix et prend un porte-clés-bouteille car il est le seul à le vouloir.

En revanche Hubert, Luisa et Gabrielle veulent tous le "miroir magique". Nous tirons donc au sort, et c'est Gabrielle qui le remporte. Elle dépose à la place une petite voiture jaune.

Luisa choisira une mini pince à linge grenouille contre son jouet Kinder Hippopotame, et Hubert un magnet-hologramme (qui n'a plus d'aimant, d'ailleurs!) contre un grelot.

Augustin referme la boîte, la remet dans le trou puis replace la pierre devant : ni vus ni connus !

Pour repartir les choses se corsent : je ne peux pas faire demi-tour ici car la visibilité est mauvaise et il y a une ligne blanche. Je me dis donc que je vais repartir dans le même sens, et qu'en faisant le tour du pâté de maisons (enfin... du château, quoi!), en longeant l'enceinte, je devrais finir par retrouver le centre du village où Parassy est indiqué. Sauf que... c'est la campagne et la forêt, ici... Je ferai donc dix kilomètres avant de tomber sur Henrichemont, où je pourrai enfin changer de route et me diriger vers Parassy (encore pas loin de dix kilomètres). Bon, peu importe le chemin, l'important c'est d'arriver à destination ! Nous rentrons dans l'école dix minutes, le temps d'aller sur internet avec les trois grands pour noter les échanges que nous avons faits.

J'aurai ensuite la grande joie de découvrir un mail d'un prof, envoyé à midi et me donnant du boulot à rattraper (il ne me reste que lundi matin d'école, donc). Mais rien n'entamera ma bonne humeur : c'est le week-end et je vais pouvoir dor-mir !
Le soir j'arrive quand même à me bouger pour aller voir les Fatals Picard's, qui jouent dans le chapiteau. Leur belle énergie me réveille, et je regrette de ne pas avoir emporté mon appareil photo, car voir quelqu'un slamer dans le chapiteau Morallès est une chose assez étrange à vivre !
Après le concert personne ne tarde trop, car si pour moi c'est le week-end, la journée de demain risque d'être longue pour les Morallès !