Je retrouve mes petits élèves, nous reprenons nos marques tranquillement... Aujourd'hui j'ai un élève de plus : c'est Gaspard, dont les parents, qui font partie de la compagnie "Bibendum Tremens" sont installés non loin de nous. Les deux troupes se sont déjà rencontrées plusieurs fois, parents et enfants ont sympathisé et Didier m'a demandé si ça m'embêtait d'accueillir Gaspard, qui a quatre ans, avec Hubert et Firmin. Les copains sont tout contents de se retrouver et le niveau sonore va être souvent assez élevé, du côté des petits !
Pendant que nous nous mettons au travail, le montage commence... sous la pluie ! Le fait qu'il y ait beaucoup d'ados dans le groupe des monteurs qui sont venus et la barrière de la langue ne facilitent pas les choses, mais ça finit par se mettre en place tranquillement. Je n'ai pas eu trop de nouvelles des profs d'Augustin donc j'improvise un peu avec lui, j'ai regardé hier dans ses cahiers pour voir ce sur quoi il travaillait juste avant, et j'essaie de rester dans la ligne.
Le midi nous déjeunons tous ensemble, comme d'habitude. Mamie a préparé une soupe délicieuse. Je me pose une question cruciale : que font les mamies pour que leurs soupes soient si bonnes ?... Je finis par me demander si, quand on accède au grade de "mamie", on ne se voit pas remettre une poudre inconnue, connue des mamies seules, qui rendrait leurs plats si goûteux. Il me faudra attendre quelques années pour percer ce secret, sans doute... Viennent ensuite des salades composées et un boeuf bourguignon, autant dire que nous sommes calés en sortant de table ! Bruno emporte le matelas humide dans le chapiteau et le pose sur les gradins, à côté du chauffage, pour qu'il sèche et s'aère ; nous le rentrerons le soir. En attendant nous mettons du chauffage dans la cabine pour que le plancher et les parois sèchent.
L'après-midi est plus difficile que la matinée : Augustin et Léon ne sont pas décidés à travailler et n'arrêtent pas de se chercher des poux, on avance très lentement avec eux. Pendant la récréation, nous allons dans un bâtiment où se trouvent une scène, un bar, une exposition de tableaux et des maquettes représentant une fête foraine.
Bruno avait vu ça et nous en avait parlé en se disant que les enfants aimeraient certainement, effectivement ils restent scotchés devant pendant un certain temps ! Nous commentons la grande roue, le manège, les étals des marchands de bonbons et autres sucreries... Ils salivent devant les fausses barbes à papa, les pommes d'amour et les berlingots.
Il y a beaucoup de monde dans cette salle et je suis un peu stressée car avec Gaspard ça fait quatre à surveiller étroitement, il faut avoir l'oeil pour ne pas en perdre un !
Le soir nous avons prévu d'aller voir un spectacle à 19 heures, je me remets donc au travail dès que les enfants sortent pour préparer la journée du lendemain, le pauvre Bruno ne me voit pas beaucoup ! En même temps il s'occupe, va se balader, le fait que ce soit un festival lui permet de voir pas mal de choses.
Le spectacle que nous allons voir est présenté par la compagnie "Sacékripa", formée de six personnes (des hommes uniquement) et il s'intitule "Coulisses".
Le début part très fort : deux gars rampent par terre, tout nus, mangent une pomme posée par terre en se servant uniquement de leurs bouches, repartent. Je suis morte de rire, en fait ça me fait penser au sketch de je ne sais plus qui, parlant de la danse moderne sur Arte : "Mais euh... ils vont pas bien, les gens... C'est où qu'il faut envoyer l'argent?". Ce tableau qui illustre bien l'expression "nu comme des vers" est complètement barré mais en même temps ça me plaît bien. Le reste du spectacle alterne jonglage, numéros d'équilibre et humour. C'est en même temps esthétique et très drôle, j'aime beaucoup.
Ils renvoient tous les cinq quelque chose de très différent et forment pourtant un tout très cohérent. Il y a un passage qui me fait mourir de rire : l'un d'eux arrivent avec une improbable tenue de chevalier faite à partir d'une caisse et de ce qui me semble être des protections cylindriques de projecteurs. Il tente de lancer des balles rouges en l'air et de les rattraper avec le cylindre posé sur sa tête mais échoue cinq ou six fois, avant de se retrouver sous un déluge de balles rouges que d'autres lui balancent des deux côtés de la scène. Bon d'accord raconté comme ça, ça n'en a pas l'air, mais je vous assure que c'est tellement n'importe quoi que c'est excellent. Bruno rit à gorge déployée lui aussi, mais je me rends compte que nous sommes un peu seuls à être si enthousiastes, sur ce coup... Bon... Bin on sait pourquoi on est ensemble, quoi...
Nous buvons ensuite une bière avec Didier (enfin... une bière pour moi et un Coca pour Bruno), puis nous rentrons assez rapidement : j'ai encore un peu de boulot pour demain ! Nous mangeons puis je termine mes préparations. Vers 23 heures je réalise qu'il me manque une feuille pour un exercice de maternelle, puisque Gaspard revient avec nous demain. Je vais donc dans le camion-bureau de Carole pour en faire une photocopie : je rentre, allume la lumière... et en me retournant, je tombe nez à nez avec une silhouette qui émerge du lit comme un diable de sa boîte ! Je n'ai même pas le temps de voir qui c'est, j'ai éteint la lumière quasiment immédiatement, je me répands en excuses et repars aussitôt. Je crois que nous avons eu aussi peur l'une que l'autre ! Je raconte ça à Bruno qui me dit "Ce n'est pas Julie, il me semble qu'elle devait venir nous voir?" (Julie est la seconde fille de Bernard et Sylvie). En effet, je le saurai le lendemain, c'était bien elle, mais quand j'irai la voir pour m'excuser à nouveau... Elle ne s'en souviendra même pas ! Je crois qu'elle ne s'était même pas vraiment réveillée.
Je termine quand même mes préparations, et nous réinstallons le matelas et les draps dans la cabine : c'est mieux quand c'est sec ! Mine de rien, il est minuit et demie quand nous nous couchons enfin.
Sign-in to write a comment.