Du latin du capitalisme
au latin de la démocratie (1)
“Je pense qu'aujourd'hui il y a sur les murs de Paris
plus de mots anglais qu'il n'y avait de mots allemands pendant l'Occupation,
et ça c'est quand même sous la responsabilité de ceux qui veulent bien le mettre,
parce qu'il n'y a pas de troupes d'occupation aujourd'hui.
Je les appelle des collabos.“
(Michel Serres, philosophe, académicien et historien des sciences,
en réponse à Michel Polacco, dans le cadre de chroniques de France Inter. 2005)
Attaques contre l'Europe
Nul ne peut ignorer que, lorsque ça va mal dans un pays, ou un groupe de pays unis par des traités, l'ennemi extérieur, réel ou inventé, est toujours bienvenu pour les vrais responsables afin d'orienter ailleurs l'attention du public ou de reporter sur d'autres au moins une partie des responsabilités.
Cependant, il est certain que les EUA n'ont jamais vu d'un bon oeil le principe d'une Europe indépendante, autonome et puissante, susceptible de leur faire de l'ombre — "USA über alles" ! USA au-dessus de tout ! —, d'une Europe qui aurait pu devenir un obstacle à leur politique aventuriste pour laquelle il y a toujours des Indiens à duper, à soumettre ou à massacrer sur la planète. Rien n'est donc négligé pour entraver la bonne marche de l'Union européenne.
La politique économique étasunienne avait été agressive même avant la crise boursière de 1929. C'est à André Baudet, président de l'Assemblée des Présidents de Chambres de Commerce de France et d'Algérie, de 1928 à 1932, que revint la lourde tâche d'organiser la défense de la France et des pays européens contre le protectionnisme impitoyable des EUA. André Baudet avait fait voter par ses pairs un voeu sommant l'État français "de se départir de sa neutralité, d’engager avec les autres gouvernements intéressés les pourparlers qui s’imposent pour permettre à l’Europe de se défendre sur le terrain économique, et de constituer, ainsi, contre le danger pressant qui la menace, le barrage indispensable"i.
Il y a longtemps que des gouvernements français et les partis politiques ont fait barrage au remue-méninges en matière de communication linguistique internationale. Ils ont engagé la France sur la voie de la soumission linguistique, et un nouveau pas vers la trahison a été franchi en 2010 par le ministre de l'Éducation nationale, Luc Chatel, né dans le Maryland, aux États-Unis, éduqué et formé chez les Jésuites du 16e arrondissement de Paris, qui a décidé de procéder au gavage cérébral des enfants à l'anglais dès l'âge de trois ans.
Il s'agit là d'une démarche particulièrement grave qui s'apparente au conditionnement. Comme l'a dit la linguiste Henriette Walter, “une langue, c'est une façon de voir le monde“, c'est une vision et une perception particulières du monde qui ont une influence sur la manière de penser, d'analyser de créer, d'inventer. Il est inadmissible de poser ainsi des oeillères linguistiques à des enfants, surtout quand il s'agit du latin du capitalisme, de la religion dont le dieu est Mamon. Lors d’une conférence, en juillet 2000, à l’Université de Stanford sur le thème “A Time for Leadership“ Margaret Thatcher avait dit : “En ce XXIe siècle, le pouvoir dominant est l’Amérique, le langage dominant est l’anglais, le modèle économique dominant est le capitalisme anglo-saxon”.
Nul ne peut ignorer combien les enfants sont marqués par les premières impressions de la vie, combien leur subconscient peut être imprégné, de façon parfois très durable, parfois définitive, par ce qu'ils voient, entendent, sentent et ressentent. L'enfant est ainsi conditionné à croire dans une langue dominante comme dans une religion dominante, à croire en ses dogmes. Les oeillères linguistiques de l'anglais le prédisposent à voir le monde "à l'américaine". C'est ce qu'ont été incapables de remarquer les auteurs de l'avis n° 1863 du 14 octobre 1999 de la Commission des Affaires étrangères sur le projet de loi de finance pour 2000 : "Les motifs d'inquiétude et d'angoisse ne manquent pas quant à l'avenir et au rayonnement de notre culture face à ce que MM Claude Allègre et Pierre Moscovici ont appelé cette extraordinaire machine d'invasion intellectuelle que constituent désormais les États-Unis".
Et c'est précisément Claude Allègre qui avait dit à La Rochelle, le 30 août 1997 : “Les Français doivent cesser de considérer l’anglais comme une langue étrangère", ce qui ne changera rien au fait que, grâce à une inconscience et une naïveté aussi profondes, les pays de langue anglaise peuvent cesser de considérer l'apprentissage des langues étrangères comme une nécessité, et au fait que le temps et les moyens financiers énormes ainsi économisés pour eux, et les profits non moins énormes que leur apporte le quasi monopole de l'anglais ainsi concédé, sont utilement investis pour accroître leur avance, pour renforcer leur influence et leur domination, et ceci même en état de faillite ! Les non-natifs anglophones qui prétendent connaître l'anglais comme des natifs anglophones et qui admettent qu'il soit imposé aux peuples non-anglophones n'ont pas encore remarqué à qui profite ce jeu de dupes :
1968-69 — Extrait du rapport annuel du British Council, page 12 "(... ) Il y a un élément de commercialité dissimulé dans chaque professeur, livre, revue, film, programme télévisé, de langue anglaise envoyés au delà des mers Si alors nous sommes en train de tirer un avantage politique, commercial et culturel de l'usage mondial de l'anglais, que faisons-nous pour maintenir cette position ?"
1971-72, avant l'entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché Commun (1er janvier 1973), le British Council reçoit 16% de crédits supplémentaires du gouvernement britannique.
12 octobre 1978 — un gros titre du quotidien "The International Herald Tribune" annonce triomphalement l'anglais comme une exportation profitable : "English is a Profitable Export".
1979 — le directeur d'une chaîne mondiale d'écoles d'anglais écrit : “Il fut un temps où nous avions l'habitude d'envoyer à l'étranger des canonnières et des diplomates; maintenant nous envoyons des professeurs d'anglais."ii
1987-1988 — Le rapport annuel du British Council publie cet avis de son directeur (p. 48) : "Le véritable or noir de la Grande-Bretagne n'est pas le pétrole de la Mer du Nord, mais la langue anglaise. Le défi que nous affrontons, c'est de l'exploiter à fond."iii
1991 — le quotidien “Daily Mail” annonce : “Notre langue est tout près d’être universelle. Voici quelques années, elle a été acceptée avec le français comme l’une des deux principales langues de la CEE. Maintenant, elle doit devenir l’unique langue officielle de la Communauté.”
7 juillet 1992 — L'“International Herald Tribune” confirme de la façon la plus claire le but de cette politique linguistique : “L’emploi de l’anglais accroît l’influence politique des pays anglophones beaucoup plus puissamment qu’une forte économie ou une grande puissance de feu.”
De tels exemples sont nombreux, tout comme ceux de déclarations d'hommes politiques français qui disaient en gros, dans les années 1970-1990, avec assurance et aplomb, et un énorme brin de naïveté, que le Marché commun, puis l'Union européenne, n'auraient jamais de langue unique. Des inquiétudes n'ont commencé à apparaître que vers les années 1990, bien après l'adhésion de la Grande-Bretagne au Marché commun, en 1973 :
"La question linguistique ne fait pas l’objet de grands débats dans les instances communautaires, et pourtant elle constitue sans doute l’une des bombes à retardement les plus dangereuses pour la construction européenne. Car ce qui était valable à six, à neuf, voire à douze, devient un véritable casse-tête au-delà.iv
Aujourd'hui, l'épuration linguistique et culturelle est lancée, des pressions multiformes, entre autres psychologiques, sont exercées pour donner toujours plus de place à l'anglais et pour marginaliser les langues des différents pays adhérents, y compris celles des États fondateurs, alors que l'anglais n'est la langue native que de 13%. des peuples de l'UE.
Ainsi, par un matraquage systématique sur "l'anglais incontournable", plus de 90% de l'humanité sont poussés vers cette religion linguistique. Le mot n'est pas exagéré. En 2003, le "Los Angeles Times" avait signalé que, un peu comme une circoncision ou une excision, des parents coréens faisaient subir à leurs enfants une opération chirurgicale coûteuse pour une incision du frein de la langue afin de faciliter la prononciation de la langue du dieu Mamon. Dans un article intitulé “English fever' in South Korea : its history and symptoms“ (Fièvre anglaise en Corée : son histoire et ses symptômes) paru dans "English Today“, le professeur Jun-Kyu Park utilisait les mots "linguistic surgery“ (chirurgie linguistique). D'autres parents leur faisaient subir des heures de vidéo. D'après le quotidien coréen "Dong-A" : "L'anglais est en train de faire de l'enfance un enfer". Enseignant d'anglais sur la télévision nationale éducative Jonathan Hills avait dit : "Apprendre l'anglais est devenu la religion nationale". Si l'on en croit le discours prononcé le 17 janvier 2088 par Gordon Brown lorsqu'il était premier ministre britannique, le piège linguistique a bien fonctionné : “English - The World’s language“ : L'anglais — la langue du monde.v
Aujourd'hui, c'est la débandade face à l'anglais. Le courage intellectuel et le bon sens ne semblaient pas avoir totalement disparu tant que les plus hautes instances de l'État ne se conduisaient pas en collabos. Rares ont été les exemples de prise de conscience, tant le matraquage est devenu systématique :
PDG de Renault, Louis Schweitzer a cru un moment au tout-anglais pour ses relations avec d'autres pays, en particulier le Japon, ce qui lui a valu le prix de la Carpette anglaise 1999, le prix d'indignité civique pour lequel les candidats sont aujourd'hui innombrables. En 2001, il a annoncé à l'AFP : “La langue a été une difficulté un peu supérieure à ce que nous pensions. Nous avions choisi l’anglais comme langue de l’alliance, mais cela s’est avéré un handicap avec un rendement réduit de part et d’autre.“
PDG de Sanofi Aventis jusqu'en mai 2010, Jean-François Dehecq avait expliqué à la revue économique "L'Expansion" (28/10/2004) où était le piège et pourquoi il avait écarté le tout-anglais : "Dans une réunion, c'est du cerveau des gens dont on a besoin. Si vous les obligez à parler anglais, les Anglo-Saxons arrivent avec 100% de leurs capacités, les gens qui parlent très bien, avec 50%, et la majorité, avec 10%. A vouloir tous être anglo-saxons, il ne faut pas s'étonner que ce soient les anglo-saxons qui gagnent.
En Allemagne, la fameuse firme automobile Porsche a expliqué au quotidien Süddeutsche Zeitung pourquoi même un mauvais allemand était encore préférable à un bon anglais ("Schlechtes Deutsch besser als gutes Englisch" — 11.03.2008) et pourquoi elle était elle aussi revenue du tout-anglais à l'allemand.
En France, il semble bon de reprendre le film depuis 2007 :
Le 9 mars 2007 — candidat aux élections présidentielles, Sarkozy déclare, dans son discours de Caen : "Surtout je me battrai pour que soit généralisé partout en Europe l’enseignement de deux langues étrangères parce que c’est la seule façon efficace pour que l’hégémonie de l’anglais soit battue en brèche.“vi Évidemment sans plus de précisions sur les "deux langues". Curieusement, depuis 2007, l'hégémonie de l'anglais n'a jamais été aussi bien servie que par lui et son entourage.
Dès le 11 septembre 2007, quelques mois après que Sarkozy ait fêté son élection au Fouquet's, lors d'une visite à l’école primaire Willy-Brandt de la "ville pilote" d'Élancourt, le ministre de l'Éducation nationale, Xavier Darcos annonce avoir reçu" du Président de la République la mission de faire de la France un pays bilingue" et qu'un "dispositif de visioconférence serait installé dans mille écoles primaires d'ici à la rentrée 2008"vii. Il déclare que des grands moyens seront mis en place dans ce but pour "soutenir l'enseignement précoce de l'anglais".
Curieuse façon de combattre l'hégémonie de l'anglais ! D'autant plus que les élèves et leurs parents sont poussés à "choisir" l'anglais en première langue. D'autant plus que des postes d'enseignants sont supprimés à tour de bras pendant que tout est mis en oeuvre pour donner toujours plus de place à l'anglais et à du personnel pour son enseignement. D'autant plus que l'intrusion de natifs anglophones est facilitée pour l'enseigner en France. D'autant plus que les reportages de médias publics, surtout la télévision, sur l'enseignement des langues, se limite la plupart du temps à l'unique langue anglaise ! Mais l'affaire ne s'est pas arrêtée là.
Il semble utile de rappeler que, depuis 2007, à divers titres, les candidats nommés pour le prix de la Carpette anglaise et les lauréats n'ont jamais été aussi nombreux et n'ont jamais occupé de fonctions aussi importantes et aussi proches de la présidence que depuis que Sarkozy trône à l'Élysée... et qu'il paraît avoir été le seul oublié jusqu'à présent par l'Académie de la Carpette pour cette entreprise de démolition dont il est le maître d'oeuvre :
- Christine Lagarde, ministre de l'Économie et des Finances (Lauréate 2007)
- Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication (Prix spécial 2007)
- Jacques Barrot, vice-président de la Commission européenne (Prix spécial 2007)
- Xavier Darcos, ministre de l’Éducation nationale (Candidat nommé 2007)
- Jean-Marie Bockel, secrétaire d’État à la Francophonie (Candidat nommé 2007)
- Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d’État chargé des Affaires européennes auprès du ministre des Affaires étrangères et européennes (Candidat nommé 2007)
- Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche (Candidate nommée 2007, lauréate 2008)
- Richard Descoings, directeur de l’Institut d’études politiques de Paris (2009)
- Jean-Louis Borloo, ministre d'État, ministre de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de la Mer (Prix spécial 2009 à titre étranger). Et celui-ci a tenu à en rajouter une couche sur Canal+, le 4 septembre 2011, alors qu'il ne savait pas encore s'il serait candidat pour les présidentielles de 2012, en proclamant haut et fort, et en martelant ses mots : "(…) 100% des gamins à la fin du primaire sachant lire, écrire, compter et parler anglais comme une langue maternelle"viii
Cette dérive, dénoncée par Charles Xavier Durand dans plusieurs ouvragesix, va tout à fait dans le sens de ce qu'avaient manigancé la Grande-Bretagne et les EUA lors d'une conférence qui s'était tenue en cachette en 1961 à Cambridge. L'“Anglo-American Conference Report 1961“ prévoyait d'imposer l'anglais au monde en commençant par formater le cerveau des étudiants et, plus généralement, de l'"élite" de différents pays représentant un intérêt stratégique, dont le nôtre : "L’anglais pour transformer l’univers des étudiants".
Dévoilé dans divers écritsx par un cadre du British Concil, le professeur Robert Phillipson, ce projet de domination du monde par la langue anglaise a en grande partie atteint ses objectifs avec la complicité et le concours de ce que Michel Serres nomme des “collabos“. Dans ce projet, la Grande-Bretagne, les EUA, le Canada, l'Australie et la nouvelle-Zélande (les cinq pays du réseau d'espionnage Echelon) étaient considérés comme "le Centre", le reste du monde, en particulier les ex-colonies britanniques, comme “la Périphérie“, en quelque sorte, la réserve d'indiens. Objectifs :
- "l'anglais doit devenir la langue dominante" (...) "la langue maternelle sera étudiée chronologiquement la première, mais ensuite l'anglais, par la vertu de son usage et de ses fonctions, deviendra la langue primordiale"...
- Le Centre a le monopole de langue, de culture et d'expertise, et ne devrait pas tolérer de résistance contre le règne de l'anglais"... "Si des Ministres de l'Éducation nationale, aveuglés par le nationalisme [sic] refusent... c'est le devoir du noyau des représentants anglophones de passer outre."
Il est clair que les gouvernements français, de quelque tendance que ce soit, n'ont jamais eu le courage de mettre un frein à ces ambitions et ont adopté la politique de la Carpette sur laquelle même un Kadhafi a pu essuyer ses semelles.
Journaliste et historienne britannique, Frances Stonor-Saunders a expliqué dans son livre “Who Paid the Piper? : CIA and the Cultural Cold War“, publié aussi en françaisxi, en espagnol et en allemand, comment la CIA est parvenue à manipuler nos intellectuels, notre “élite“ politique et culturelle, pour rendre l'anglais incontournable et renforcer ainsi notre dépendance envers les EUA : “Qu'ils le veuillent ou non, qu'ils le sachent ou non, rares étaient les écrivains, poètes, artistes, historiens, scientifiques ou critiques de l'Europe d'après-guerre dont le nom ne fut pas d'une manière ou d'une autre lié à cette entreprise secrète.“ Soudoiement de la prétendue “élite“, admiration béate de l'“Amérique“, snobisme, naïveté, pressions, résignation, hit-parades bidons pour donner les meilleures places à des chansons en anglais, etc., ont ainsi conduit à cette situation.
Nos dirigeants, au plus haut niveau, font précisément ce que déconseille la sagesse populaire : mettre tous les oeufs dans le même panier, en l'occurence celui du tout-anglais.
Dans le rôle de langue internationale, l'anglais est catastrophique à maints égards. Son apparence facile au premier abord est trompeuse. Winston Churchill a su tendre le piège en soutenant le "Basic English"xii comme appât, comme stratégie de diffusion mondiale de l'anglais, une façon de pousser les non-anglophones à mettre le doigt dans l'engrenage du tout-anglais. Tout comme les enseignants d'anglais, les spécialistes en traduction automatique savent que cette langue présente de nombreuses difficultés du fait de son manque de transparence, de ses incohérences multiples, de l'identification difficile de la nature des mots, de la prononciation, etc.. Baptisées Instituts Universitaires de Formation des Maîtres (IUFM), les Écoles normales sont devenues des écoles pour la formaion des enseignants rôle d'auxiliaires de la colonisation, des écoles anormales.
L'anglais est le latin d'un ordre économique inéquitable dont le monde souffre, le latin des sommets de Davos où toute autre langue est exclue. Au vu du monde politique amorphe sur le sujet de l'équité et de l'efficacité dans le domaine de la communication linguistique, aussi bien à droite qu'à gauche, la question sera occultée lors des débats des présidentielles 2012. Tels des moutons de Panurge, dans ce climat de panique, bon nombre de responsables politiques se précipitent vers des cours de la langue des maîtresxiii.
Les Scandinaves, dont les langues ont une très faible diffusion à travers le monde, se sont tournés depuis longtemps vers l'anglais qui est, à part pour le finnois, une langue de la même famille germanique, donc plus facile. L'anglais est devenu la langue de très nombreux émigrants, surtout suédois, vers les EUAxiv qui ont conservé des liens avec le pays. Et pourtant, une responsable du Comité linguistique suédois, Margareta Westman, avait dit au quotidien "Svenska Dagbladet" (24.10.1993) : "Nous, les Suédois, avons tendance à surestimer nos connaissances linguistiques, en particulier en anglais, mais nous sommes insuffisants lorsqu'il s'agit d'un raisonnement nuancé. Nous courons le risque de dire ce que nous pouvons mais pas ce que nous voulons."
Confirmation de ce fait a été donnée quelques semaines après par le quotidien danois Jyllands-Posten dans son numéro du 14 janvier 1994 sous le titre “Sprog og erhverv“ (Langue et business). En effet, en voulant s’excuser de mal connaître le sujet traité, la ministre danoise Helle Degn, avait dit au comité qu’elle présidait : "I’m at the beginning of my period". Croyant dire: "J’en suis au début de mon mandat", elle a dit en fait "Je suis au début de mes règles".
Les règle de l'anglais ont aussi leurs désagréments. Elles se présentent de façon irrégulière et elles rappellent fréquemment leur existence aux naïfs.
Notes
i" Les relations patronales franco-allemandes à propos de l’empire colonial dans les années 1930" (.DOC), par Annie Lacroix-Riz, professeur d’histoire contemporaine, Université de Paris 7-Denis Diderot . 2006.
ii "International House brochure, 1979" : “Once we used to send gunboats and diplomats abroad; now we are sending English teachers“. Cité dans “Linguistic Imperialism“, Robert Phillipson. p. 8.
iii “The real black gold from Britain was not the oil from the North Sea, but the English language. The challenge we face is to exploit fully.“ (même source).
iv Bernard Cassen, “Le Monde Diplomatique“. Février 1993.
v English - The World’s language (17 Jan 08). Une vidéo peut être vue et écoutée sur Youtube. Traduction en français sur http://www.esperanto-sat.info/article1402.html. Vidéo sous-titrée en français, en espéranto.
vii"Visite de Xavier Darcos dans l'Académie",vidéo du WebTV de l'Académie de Versailles, à 4:47 sur une vidéo de 7/46.
viii Vidéo mise en ligne sur Fraterniphonie.
ix Charles Xavier Durand a enseigné l'informatique durant plus d'un quart de siècle aux EUA, au Canada et au Japon. Ses observations l'on amené à écrire des articles et plusieurs ouvrages dont, en particulier :
- "La mise en place des monopoles du savoir" (Paris : L'Harmattan, 2003)
- "La nouvelle guerre contre l'intelligence" (3 tomes. Paris : François-Xavier de Guibert, 2001, 2002 et 2003)
- "Une colonie ordinaire du XXIe siècle" (BE-Fernelmont : EME-éditions. 2010)
x
E "English-Only Europe ?". Robert Phillipson. Londres : Routledge. 2003.
"Linguistic imperialism". Robert Philippson. Oxford : Oxford University Press. 1992.
"Linguistic imperialism continued". Robert Philippson. Oxford : Oxford University Press. 2010.
"Ĉu nur-angla Europo ?". Robert Phillipson. Rotterdam : UEA. 2004.
xi "Qui mène la danse ? La CIA et la guerre froide culturelle", p. 14.
xii Basic English : British American Scientific International and Commercial, mis au point en 1940 par Charles Kay Ogden.
xiii “Parler francais ou la « langue des maîtres » ?“, “Le Monde Diplomatique“, avril 1994.
Et maintenant des SS bien sûr, et des collabos nazis à gueules de rhinocéros,
La totalité de la vie quotidienne des français n’appartient plus qu’à des gens comme ça, dans tous les domaines et à tout instants !
Sign-in to write a comment.