ASSEMBLÉE DES PRÉSIDENTS DES CHAMBRES DE COMMERCE
de France et d'Algérie
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L'Esperanto dans le Commerce
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COMMUNICATION
DE M. ANDRÉ BAUDET,
Président de l'Assemblée de Présidents des Chambres de Commerce
à la Réunion du 3 Février 1931.
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VOEU
émis par l'Assemblée dans sa Réunion du 2 Juin 1931.
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PARIS
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1931
L 'Espéranto dans le Commerce
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I
COMMUNICATION
FA1TE
PAR M. ANDRÉ BAUDET,
Président de l'Assemblée
des Présidents des Chambres de Commerce
à la Réunion
tenue par les Présidents des Chambres de Commerce
le 3 Février 1931.
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Extrait du Compte Rendu « in-extenso » de la Réunion
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L'Espéranto.
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COMMUNICATION DE M. ANDRÉ BAUDET,
Président de l'Assemblée des Présidents des Chambres de Commerce.
Messieurs,
Je veux vous apprendre l'esperanto en quinze minutes. Vous saurez, au bout d'un quart d'heure, l'alphabet, la prononciation, l'article, le substantif, l'adjectif, la marque du pluriel, l'adverbe, conjuguer tous les verbes; je vous apprendrai quelques préfixes et quelques suffixes et enfin, si nous avons encore seulement une minute, je vous apprendrai à compter depuis un jusqu'à l'infini. (Sourires.)
Je tiens à vous dire, avant de vous expliquer le mécanisme même de la langue, pourquoi j'ai étudié l'esperanto.
En 1920, lorsque je suis entré à la Chambre de Commerce de Paris, je n'en connaissais pas le premier mot. J'étais sceptique sur la portée de cette langue, car j'avais entendu parler du volapük autrefois, et je vous avoue que je n'avais pas grande confiance dans la réussite d'une langue internationale.
Mais je faisais partie, en 1920, de la Commission de l'Enseignement de la Chambre de Commerce qui était présidée par M. Pascalis que vous connaissez bien. M. Pascalis avait été saisi d'une demande de prise en considération de l'esperanto émanant du Groupe esperantiste de Paris. On nous demandait d'introduire l'enseignement de l'esperanto dans nos Écoles commerciales. Je souriais, comme tous mes collègues, à cette proposition. C'est alors que M. Pascalis,
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avec le bon sens que vous lui savez, dit : « Moi, je ne connais rien à l'espéranto, mais j'assiste à beaucoup de Congrès internationaux, et, s'il y avait un moyen de se comprendre, ce serait un véritable progrès. Il ne faut pas considérer cette idée comme ridicule a priori. Et tenez, vous qui « rigolez » (je vous demande pardon de l'expression; il l'a employée familièrement), vous allez prendre le rapport.)
J'ai répondu : « Mon cher Président, avec plaisir, je vous dirai, après examen, ce que j'en penserai. »
Voilà comment j'ai été nommé rapporteur de la question. Rentré chez moi, j'ai ouvert le dossier, j'ai trouvé une grammaire : « l'Esperanto en dix leçons ». Je me suis dit que le meilleur moyen, pour renseigner mes collègues, c'était de lire la grammaire et de voir de quoi il s'agissait.
A ma grande surprise, j'ai été amusé par la lecture de cette grammaire. Cela semble paradoxal de dire qu'on peut être amusé par la lecture d'une grammaire, c'est une chose horripilante en général; j'ai été profondément intéressé par cette grammaire, et tous ceux qui ont fait de 1'esperanto ont la même opinion à ce sujet. Et, deuxième constatation, surprenante également, c'est que je la retenais sans aucun effort. Je lisais le petit livre et faisais les exercices comme un amusement; je notais au bas des pages le temps que j'avais mis; je faisais ces lectures dans le métro, en chemin de fer, un quart d'heure par-ci par-là, et j'avais terminé complètement la lecture attentive, comme on lit la règle d'un jeu, au bout de six heures. Mettez dix heures en tenant compte que je me suis un peu exercé ensuite en lisant des revues. Au bout de dix heures, donc, j'ai fait cette constatation, que j'étais capable — et je l'ai prouvé puisque j'ai écrit au Japon — d'écrire une lettre commerciale en espéranto, de recevoir la réponse, et de la traduire sans difficulté. J’ai, depuis, renouvelé l'expérience sur des
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amis et notamment sur notre cher Président Pascalis qui, je crois, à l'âge de 73 ans, a appris l'esperanto en dix heures; il m'a écrit une lettre de quatre pages sans aucune faute. (Applaudissements.)
L'expérience est donc absolument probante à ce sujet-là.
Inutile de vous dire que cela m'a un peu étonné. Je suis revenu devant la Commission de l'Enseignement et j'ai dit à mes collègues : « Je suis très troublé; j'étais fort sceptique, et maintenant, j'ai peur de tomber dans le sens contraire. Je ne voudrais pas embarquer la Chambre de Commerce de Paris trop rapidement dans cette voie, on va peut-être se moquer de nous. L'esperanto, tout le monde rit quand on en parle, c'est comme le volapük. Mais j'ai le sentiment que l'esperanto est au volapük ce que les avions modernes sont à l'avion d'Ader. Je voudrais bien qu'on m'adjoigne quatre collègues de façon à faire une Sous-Commission à cinq, pour étudier la question à fond. »
On m'a adjoint quatre collègues; parmi eux il y en avait un qu'on avait choisi parce qu'il n'était pas là, il était en République Argentine, sur le bateau de retour. Quand il est arrivé à la Commission où il avait été convoqué, il nous a dit :
— Je ne sais pas pourquoi on m'a mis dans cette Commission, je suis l'adversaire-né de toute langue auxiliaire en tous cas, si on en adoptait une, je serais l'adversaire d'une langue artificielle. Il faut une langue nationale, une langue vivante.
— Très bien, laquelle?
— L'espagnol.
— C'est un point de vue; moi j'aurais peut-être choisi le français; les Anglais l'anglais. Mon cher collègue, ai-je dit, il n'y a qu'une chose à faire, nous ne sommes pas là pour vous ennuyer, vous avez votre liberté; on va vous remplacer.
Non, dit-il, je suis nommé, je reste.
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J'ai proposé un plan à la Sous-Commission, ceci pour vous montrer que cela n'a pas été étudié à la légère.
J'ai proposé d'abord de faire venir le Président du Groupe esperantiste de Paris, M. Rollet de l'Isle, un polytechnicien, un savant, à qui nous avons posé toutes sortes de questions.
J'ai dit à M. Rollet de l'Isle : « Je suis très intéressé, je ne vous le cache pas, par la grammaire, mais pour traduire toutes les nuances de la pensée, comment allez-vous faire. en esperanto, avec une langue artificielle ? En français, comme d'ailleurs dans toutes les autres langues, vous avez des idiotismes, c'est-à-dire des expressions intraduisibles. »
Il m'a répondu très simplement
- « Justement! vous parlez d'expressions qui ne peuvent pas se traduire : c'était la dernière chose qu'il fallait faire dans une langue internationale. »
Je suis resté sans arguments contre cette réponse parfaitement logique. Il n'y a pas d'idiotismes en espéranto, on est obligé de s'exprimer clairement. « Quant aux nuances, ajouta M. Rollet de I'Isle, mettez-moi à l'épreuve; il faut que vous puissiez vous rendre compte. »
Nous l'avons mis à l'épreuve, et voici les expériences. que nous avons faites. Cela a duré toute une journée. On a fait venir quatre esperantistes, on les a divisés en deux groupes par moitié; nous avions choisi des textes, que nous leur avons soumis un contrat d'arbitrage, les pouvoirs d'un administrateur, et la vente d'un modèle en toute propriété. Ce sont des textes précis qui intéressent les commerçants, les industriels par conséquent, qui pouvaient nous donner une opinion sur la valeur de la langue. Ces textes ont été traduits de français en esperanto par deux esperantistes que nous avons renvoyés ensuite pour les faire retra-
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duire par les deux autres esperantistes, d'esperanto en français.
A l'unanimité de la Sous-Commission, on a reconnu que le sens avait été exactement reproduit à l'exception d'un mot; mais ce mot a été reconnu défectueux à cause de ]'ignorance des traducteurs et non par suite d'un défaut de la langue; c'était le mot « tiers-arbitre », qu'ils avaient traduit comme « troisième arbitre » parce qu'ils ignoraient le sens de ce mot; mais lorsqu'on le leur a expliqué, ils ont pu parfaitement indiquer l'idée de départager les arbitres. dans le terme qu'ils ont employé.
Donc, l'unanimité de la Sous-Commission a reconnu l'expérience entièrement concluante.
Nous sommes revenus devant la Commission qui m'a chargé de présenter un rapport favorable au principe de la propagation de l'espéranto et de l'enseignement facultatif dans nos Écoles de commerce.
Ce rapport a été approuvé le 9 février 1921, et après sa lecture le premier membre qui a demandé la parole pour l'appuyer énergiquement est celui des membres de la Sous-Commission qui, avant ses travaux, s'était déclaré hostile à toute langue auxiliaire artificielle. (Applaudissements.)
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Je vous ai donc expliqué, Messieurs, pourquoi je me suis occupé de la question; je vais maintenant, car vous n'êtes pas obligés de me croire, vous prouver que l'esperanto est facile, vous allez l'apprendre en quinze minutes. Je commence.
Prononciation.
Prenons d'abord la prononciation; à part q, r, x et y, toutes les lettres existent comme en français, mais certaines ne se prononcent pas de la même façon :
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e se prononce ts, comme tsar, et ĉ se prononce tch, comme tchèque;
e se prononce toujours é;
g se prononce gue comme gant;
ĝ se prononce dj comme djinn;
h est aspiré ĥ , très aspiré;
j se prononce comme ï ou comme y dans « yeux » ;
ĵ se prononce comme le j français;
s ordinaire se prononce comme en français;
ŝ se prononce ch, comme cheval;
u se prononce toujours ou.
Une fois que vous savez cela, vous savez prononcer l'esperanto; parce que l'espéranto est une langue phonétique, c'est-à-dire qu'à chaque lettre correspond un son et un seul; il n'y a pas de diphtongues, et vous ne devez pas dire : espéranto, mais esperannto; vous prononcez toutes les lettres à la suite les unes des autres tout simplement. Il y a là une fameuse différence avec le français; prenez par exemple une phrase qu'on cite souvent « Les poules qui couvent au couvent ». Un étranger, quand il lit cette phrase, est tout à fait surpris, « couvent » et « couvent » ne se prononcent pas de la même manière. En esperanto, cela n'arrive pas.
On m'a dit souvent Vous ne pourrez pas faire que des gens de langues différentes prononcent de la même façon. Un Anglais prononcera toujours une phrase à la manière anglaise.
Je réponds : Pardon, il prononcera ainsi s'il n'a pas appris la prononciation; et tenez, moi qui sais à peine l'anglais, j'ai appris à prononcer l'espéranto à un Anglais. Il n'y aura que de très légères différences d'intonation, mais non de prononciation; par exemple, l'Anglais dira plutôt espeanto, et l'Espagnol esperranto. J'ai assisté à des Congrès où trente à trente-cinq nations étaient représentées, il
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n'y avait aucune différence de prononciation. J'ai même présidé un de ces Congrès, c'est ce qui m'a le plus étonné; le Président qui était un Anglais étant absent, comme c'était à Paris, en 1925, on m'a demandé de présider ce Congrès alors que je n'avais pas l'habitude de parler l'espéranto, mais seulement de l'écrire quelquefois. J'ai été surpris de comprendre à peu près tout ce qui se disait, bien que je n'eusse pas la pratique de la langue, et de pouvoir m'exprimer à ce Congrès.
En 1923, j'avais été désigné par la Chambre de Commerce de Paris pour me rendre au Congrès de Venise; j'ai été prévenu huit jours à l'avance et j'étais un des vice-présidents. J'étais très ennuyé. Je savais bien assez d'espéranto pour l'écrire, avec un lexique, mais pour le parler ! Je suis allé trouver le général Sébert, membre de l'Institut, je lui ai dit : Que faut-il faire ?
- Vous avez huit jours devant vous, m'a-t-il dit, cela va bien, vous allez venir une heure par jour (en réalité je n'ai pu y aller qu'une demi-heure), vous ferez étudier votre rapport par nos secrétaires, vous le discuterez, le corrigerez, vous serez déjà débrouillé.
J'ai pu, en effet, faire un petit speech que j 'avais préparé évidemment, puis, dans la discussion, on m'a jeté à l'eau, et j'ai bien été obligé de parler; je m'en suis tiré. C'est tout à fait curieux.
Mais le plus curieux, c'est qu'en sortant de ce Congrès de Venise, je rencontre un délégué de la Chambre, de Commerce de Pékin et de Tien-Tsin, qui m'arrête et me dit en esperanto (pas en chinois, je n'aurais pas compris!) qu'il avait eu plaisir à m'entendre parler, que je m'en étais bien tiré. Je lui ai répondu. Donc, dès le premier contact, j'avais parlé avec un Chinois! Dans le couloir du train de retour, j'ai été rejoint par un Hongrois qui parlait naturellement sa langue, que je ne connais pas, inutile de vous le dire.
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Pendant vingt minutes, grâce à l'esperanto, j'ai pu m'entretenir avec ce Hongrois comme j'avais pu le faire avec le Chinois. (Applaudissements.)
Article.
Passons maintenant à l'article. L'article se dit la, toujours, au masculin, au féminin, au pluriel, il est inutile de mettre la marque du pluriel, puisqu'il y en aura une sur le nom et l'adjectif.
Donc la = le, la, les.
Substantif.
Le substantif se termine toujours par un o. Vous aurez par exemple, la komerco (le commerce) la patro (le père) la birdo (l'oiseau), la knabo (l'enfant). Je vous indique différentes racines qui vous montrent des origines nationales variées, mais il est à remarquer que le latin domine. Et Zamenhof, qui était un Polonais et un polyglotte remarquable, avait eu l'astuce de prendre la racine commune, au plus grand nombre de langues; si bien qu'on peut dire qu'il y a 75 % des racines de chaque langue dans l'esperanto. Quand on apprend l'esperanto, on a l'impression que cette langue a été faite pour soi plutôt que pour le voisin. Et cela, tous les étrangers le disent.
Adjectif et adverbe.
L'adjectif se termine toujours par un a :
komerca, commercial;
patra, paternel;
frata, fraternel: etc.
Ĝuste ĉi matene mi komencis ree prilabori la tekston por la artikolo "Twitter-15/12" per Open Office, ĉar estas vere tro multaj malperfektaĵoj kiuj perdigas tempon en la tekstoprilabora programo de Iperniy.
Ĉiukaze, tio ne estas vere praktika
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