Le port des Sables d'Olonne est connu comme le point de départ et d'arrivée d'une course à la voile de renommée mondiale pleine de risques : le Vendée Globe.
L'espéranto, c'est une autre façon de voir le Globe. C'est la langue qui permet, de façon équitable, où que ce soit dans le monde, d'établir des records de temps et de qualité en matière de communication linguistique entre des personnes de langues différentes, qui permet à chaque usager de se considérer en premier lieu comme membre de la famille humaine.
L'association Espéranto-Vendée est particulièrement sensible à l'intérêt que la Ville des Sables d'Olonne porte aux relations et aux échanges internationaux. L'intérêt pour relations internationales constructives et enrichissantes est un état d'esprit naturellement commun à la Ville des Sables d'Olonne et à l'association Espéranto-Vendée.
Le Vendée Globe, c'est une course d'endurance. L'histoire de l'espéranto, c'est une autre course d'endurance qui dure depuis 122 ans contre des vents souvent contraires, et même d'une violence parfois extrême, sur un parcours parsemé par les écueils de l'ignorance, de la bêtise épaisse.
La défense et l'illustration de l'espéranto exige aujourd'hui beaucoup de courage et de persévérance. Les usagers de l'espéranto ont une conscience très développée du rôle de l'anglais dans le monde actuel. Mais ils savent pour la plupart ce qu'ils pouvaient exprimer au bout de six mois d'apprentissage de l'anglais et après la même durée d'apprentissage de l'espéranto.
À ceux qui jouent le rôle de perroquets de Gordon Brown par l'apologie de l'anglais, il peut être utile de rappeler que, le 24 février 1809, à proximité du port des Sables, trois frégates françaises repoussèrent six navires de guerre anglais venus pour se livrer au pillage des côtes françaises (illustration).
En 1978, un directeur de chaîne étasunienne d'écoles d'anglais avait écrit : “Il fut un temps où nous avions l'habitude d'envoyer à l'étranger des canonnières et des diplomates; maintenant nous envoyons des professeurs d'anglais." C'est assez édifiant. Il convient d'y réfléchir.
Mais il convient de se souvenir aussi de ces paroles prononcées, voici un peu plus d'un siècle, en 1907, par le lord-maire de Londres, Sir Vezey Strong, devant des participants du congrès universel d'espéranto de Cambridge invités pour la circonstance au Guildhall : “Lorsqu’on m’a parlé de l’espéranto comme langue internationale, j’ai souri, car je suis Anglais, et j’étais convaincu que, si une seule langue mondiale était possible, cette langue ne pouvait être que l’anglais. Cependant, par la suite, j’ai médité là-dessus et je me suis convaincu qu’aucun peuple n’accepterait l’hégémonie que s’assurerait ainsi le royaume britannique, tout comme moi, je ne tolérerais jamais pareille hégémonie de la part d’un autre peuple. Il devint alors clair pour moi que la langue neutre Espéranto pouvait être prise en considération.”
En 1923, alors que le délégué britannique, Lord Robert Cecil, futur prix Nobel de la Paix 1937, avait exhorté la Commission de Coopération intellectuelle de la Société des Nations à “se souvenir qu'une langue mondiale n'est pas nécessaire seulement pour les intellectuels, mais d'abord pour les peuples eux-mêmes“, le gouvernement français s'était acharné à combattre l'espéranto, y compris en interdisant l'usage des locaux scolaires pour l'enseignement de cette langue. Malheureusement, la France et la langue française paient aujourd'hui cette bévue au prix fort. Il faut que le peuple français le sache. Il est regrettable que cette main tendue par des Britanniques n'ait pas été prise en considération. Une autre bévue de la même période, incomparablement plus lourde de conséquences, fut celle de l'occupation de la Ruhr dont Hitler sut tirer profit.
Il peut être utile de se souvenir de ces mots prononcés sur France Culture, le 4 novembre 1992, par Umberto Eco, sémioticien de renommée mondiale, écrivain et professeur au collège de France : “L’espéranto, parmi des centaines de langues artificielles, a survécu, car c’est une langue bien faite. Les raisons pour lesquelles il ne s’impose pas ne sont pas linguistiques, mais politiques.“
L'espéranto est trop souvent considéré, à tort, comme un passe-temps, un divertissement. Même s'il peut être une distraction très agréable, ça n'a jamais été sa vocation. Député-maire des Sables d'Olonne, Monsieur Louis Guédon comprend très bien sa vocation dans un monde où il faut avoir conscience du niveau des pertes et profits dans la communication linguistique européenne et mondiale. En tant que député, il l'a démontré lorsqu'il est intervenu auprès du ministre de l'Éducation nationale, en 1999, afin que l'espéranto soit inscrit “au titre des options facultatives pour l'épreuve du baccalauréat“. Devant la réponse négative du ministre d'alors, Claude Allègre, M. Guédon a fait part de son regret et de sa consternation sans pour autant inviter à la résignation. Au contraire.
Qu'il soit certain qu'il n'est pas dans nos intentions de renoncer à ce que nous estimons être un droit pour les citoyens de tous les pays : celui de communiquer de façon la plus équitable et la plus efficace qui soit.
C'est en 1909, voici un siècle, que l'espéranto a fait ses premiers pas “médiatiques“ aux Sables d'Olonne. Nous remercions Monsieur Louis Guédon pour sa bienveillance et les services municipaux pour leur prévenance, dans l'aide apportée pour commémorer simplement cet événement, sans cérémonie, de façon conviviale — ce qui correspond à l'état d'esprit de la langue de l'espoir.
* International House, brochure, 1979 (États-Unis)
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