Pour une communication mondiale sans complexe d'infériorité

Le premier ministre britannique, Gordon Brown, veut "faire cadeau" au monde de la langue dont Churchill a dit qu'elle était “la plus facile à parler mal“. Il affirme qu'un milliard d'hommes la parlent dans le monde entier : The World’s Language / La langue mondiale .

Gordon Brown sait très bien que les locuteurs natifs anglophones utilisent 100% de ses ressources. Par contre, une grande majorité d'hommes qui l'ont appris comme seconde langue ne sont capables d'utiliser, à un niveau égal d'élocution et de persuasion, qu'un faible pourcentage de ses ressources. Cependant, à propos de problèmes de l'anglais pour les anglophones eux-mêmes, voir le site très instructif de Spelling Society. Parmi tous les enfants européens capables de lire dans leur langue maternelle, les Anglais sont les derniers, à l'âge de 15 ans : elle est handicapante pour les enfants anglais eux-mêmes. Que Gordon Brown veuille donc bien conserver son “cadeau“ pour lui-même, il rendra ainsi un grand service à toute l'humanité !

Un ancien ministre de l'Éducation nationale et l'actuelle ministre de la Recherche et de l'Enseignement supérieur, respectivement Claude Allègre et Valérie Pécresse, affirment que l'anglais ne doit plus être considéré comme une langue étrangère. Ne pas être capable, à ce niveau de responsabilité, de connaître la différence entre une langue NATIONALE utilisée dans le rôle de langue internationale, et une langue INTERNATIONALE ayant les qualités nécessaires pour jouer ce rôle, c'est faire preuve d'une certaine myopie intellectuelle et politique. Pour les Étasuniens et les Anglais, l'apprentissage de l'anglais, qui est pour eux la langue NATIONALE, n'exige absolument aucun effort supplémentaire en argent, en temps (qui est lui-même de l'argent, selon l'aphorisme anglais "Time is money"), en moyens humains, en tension intellectuelle, etc.. Pour tous les autres peuples non-anglophones du monde — c'à-d. plus de 95% de l'humanité, d'après une statistique de la CIA —, la langue anglaise, dont il existe 38 variantes reconnues, n'est pas la langue NATIONALE, elle exige un sacrifice considérable en argent, en temps, en moyens humains, en tension intellectuelle, etc. : elle est ÉTRANGÈRE.

L'illusion et la mystification sur une langue NATIONALE dans le rôle de langue INTERNATIONALE continue. En dépit d'un conditionnement pesant, des hommes politiques, des intellectuels, des journalistes, des animateurs radio et TV, des industriels, des hommes à qui n'ont pas manqué les moyens en argent et en facilités pour l'apprendre à fond, éprouvent un complexe d'infériorité quand ils en font usage. Son utilisation les fait apparaître plus stupides et maladroits qu'ils ne le sont. De même que Pinnochio, lorsqu'ils parlent en anglais : “leur nez s'allonge, s'allonge un peu plus à chaque mensonge. Regardez-les !

À propos du “cadeau“ de Gordon Brown, la réalité est tout autre. C'est ce que montre une étude intitulée “Le « cadeau » de Gordon Brown au monde, avec un grand nombre de références, principalement en anglais (téléchargeable en PDF).

Au moment des élections européennes, il est facile de constater que ce problème particulièrement grave est tabou, laissé de côté. Lisez bien les programmes de toutes les listes à ce sujet et posez des questions aux candidats...

Invitez-les à penser à ces paroles d'un ancien délégué britannique, Lord Robert Cecil, qui exhorta la Commission pour la Coopération intellectuelle de la Société des Nations à “se souvenir qu'une langue mondiale n'est pas nécessaire pour les intellectuels seulement, mais avant tout pour les peuples eux-mêmes“.