Comment fait-il? À61 ans, Iggy Pop continue de se déchaîner sur scène, chaque soir, comme si c’était le premier (ou le dernier?). Vendredi soir, à Cannes, la foule la plus hétéroclite jamais vue au Palais des Festivals (gamin(e) s de quinze ans au look gothique ou Dohertien, rockers juniors et vétérans de plus de 60 ans en tee-shirts Clash et Dead Kennedys, directeur du Palais en lunettes et imper afterpunk...) l’attendait de pied ferme pour l’unique concert français de la nouvelle tournée des Stooges reformés. Une date arrachée par surprise, suite, si l’on a bien compris, à un pari consistant à « faire danser le pogo au Palais des Festival ». Gagné!
Trois ans après un concert déjà mythique au Festival du Gaou (juillet 2005), le groupe rescapé de la fin des sixties semble toujours fermement décidé à rattraper le temps perdu en trente ans de séparation. Mike Watts (basse), Scott Asheton (batterie) et son frère Ron (Guitare) Steve Mac Kay (sax), jouent encore plus vite et plus fort que lors de la première tournée de reformation en 2003. Le set, alors seulement composé des deux premiers albums des Stooges, s’est enrichi de quelques nouveaux titres (« Skull Ring », « Trollin’ », « Electric Chair », « My Idea of Fun »), mais surtout d’extraits des sessions de l’album « Raw Power », particulièrement tuants (« Search and Destroy », « Raw Power », « I Got a Right »), dont Ron Asheton, assure les parties de guitare comme s’il appliquait la solution finale.
Godfather of Punk
Dès le deuxième titre (« Down on the Street ») Iggy est déjà debout sur les amplis.Au troisième (« 1969 ») il se vide une première bouteille d’eau sur la tête (dix autres suivront au grand dam des roadies qui passent leur temps à essuyer la scène à la serpillière). Au quatrième (« I Wanna Be Your Dog »), l’Iguane se jette une première fois dans la foule.Au cinquième (« Real Cool Time/No Fun »), il éructe au milieu du public qui a envahi la scène. Une heure et demi plus tard, au rappel (un « Little Doll » monstrueux, enchaîné à un « Raw Power » mortel), le « godfather of punk » est encore à sauter partout comme un mannequin démantibulé branché sur haute tension. Ce qui renvoie à la question introductrice : comment fait-il? Mystère.
Dans les couloirs du backstage, les employées, visiblement sous le charme, ne tarissent pas d’éloge sur « un artiste vraiment charmant ». En loge, redevenu en un instant l’affable James Osterberg, il signe des autographes, prend la pose pour les photos souvenirs et dit sa joie et sa fierté d’avoir joué « dans une salle qui a accueilli tant de stars ».
À la sortie du Palais, où l’attendent une poignée de fans, Iggy signe encore des autographes à la chaîne et se fait photographier avec ses fans, avant de rejoindre dans sa limousine l’opulente beauté noire qui l’attend et de partir (pour Lubjana), emportant le mystère de ses hallucinantes prestations scéniques.
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