L’animation « à la française » continue de tenir la dragée haute aux studios américains. Après les succès d’Astérix, Le Royaume des Dieux, de Minuscule, La Vallée des fourmis perdues et d’Ernest et Célestine, les studios TeamTo, installés à Paris et Bourg-lès-Valence, sortent cette semaine Gus, petit oiseau, grand voyage : un dessin animé animalier en 3D, qui arrive pour les vacances de février avec de grandes ambitions, y compris à l’international.Le film a bénéficié d’un budget de 10 millions d’euros et les doublages en anglais ont été assurés par un casting de stars équivalent à celui des voix françaises (Arthur Dupont, Sara Forestier, Pierre Richard, Bruno Salomone…).
Selon la productrice, Corinne Kouper, le projet a démarré bien avant la sortie de Rio, le blockbuster ornithologico-romantique de la Fox auquel il pourrait s’apparenter « Tout est parti d’une image qu’avait en tête Antoine Barraud, le scénariste du film, raconte la productrice : celle d’un père et son fils observant un groupe d’oiseaux partir dans la mauvaise direction pour migrer.La même semaine j’entendais Guilhem Lesaffre, un ornithologue, raconter à la radio des anecdotes passionnantes sur la vie des oiseaux migrateurs.C’était comme un signe ».

"Comédie pédagogique"
De la rencontre du scénariste et de l’ornithologue naîtra l’histoire de Gus, un petit piaf téméraire qu’un concours de circonstances va conduire à guider la migration d’une famille d’oiseaux vers la Méditerranée…Sauf qu’il n’a pas la moindre idée de la direction à prendre! Leurs aventures vont ainsi les mener bien loin du soleil qu’ils étaient partis chercher…
C’est à Benjamin Renner, le père d’Ernest & Célestine (César du meilleur film d’animation 2013, également nommé aux Oscars) qu’a été confié le soin de dessiner les personnages et les décors de Gus : « Le scénario présentait des personnages avec des caractères bien marqués, note le jeune directeur artistique.J’avais donc beaucoup de liberté pour mettre en valeur ces différentes personnalités par des formes et des silhouettes fortes.Pour les décors, ce qui m’a plu c’était d’imaginer comment les oiseaux percevaient le monde».
Si, visuellement, le résultat est une réussite, on la doit également au réalisateur, Christian De Vita, qui a su trouver l’équilibre entre animation cartoonesque et exigence de réalisme.Son travail sur les films d’animation de Wes Anderson (Fantastic Mr Fox) et Tim Burton (Frankenweenie) l’a sans aucun doute aidé à y parvenir : « Je tenais à ce que les oiseaux soient les plus réalistes possible et qu’ils puissent interagir entre eux de façon crédible pour le spectateur.Guilhem Lesaffre nous a donné de précieux conseils ».
Passionné et passionnant lorsqu’il parle d’oiseaux, l’ornithologue a été pleinement associé à la préparation du film, que la productrice qualifie volontiers de « comédie pédagogique » : « Beaucoup de scènes sont inspirées de la réalité du processus migratoire, indique le spécialiste.Il est tout à fait vrai, par exemple, que certains oiseaux migrent en familleComme dans le film, les oiseaux migrateurs se repèrent parfois grâce aux infrastructures créées par l’homme, comme les autoroutes ou les lignes de chemin de fer.Et il arrive fréquemment que certains se trompent de direction et se perdent.D’ailleurs 8 sur 10 ne reviennent jamais de leur migration…»
«Même la fin du film, qui peut paraître irréaliste, a une base de vérité, poursuit Guillem Lesaffre : en 1974 alors que des milliers d’hirondelles étaient bloquées par le froid en Europe et risquaient de mourir, une grande opération de sauvetage a été mise sur pied pour les transporter en Afrique par avion! »
« Le film montre un moment important de la vie des oiseaux, conclut l’ornithologue. Il met en valeur leur caractère (aucun ne ressemble à l’autre ni par l’aspect ni par le comportement) et leur intelligence.J’ai vu dans cette aventure une excellente opportunité de sensibiliser un large public au monde des oiseaux.Cette dimension pédagogique et militante me tenait à cœur…Tout ornithologue a le rêve secret de voler avec les oiseaux : avec Gus, le spectateur va pouvoir enfin réaliser ce rêve!».Envolez-vous avec Gus, vous ne regretterez pas le voyage.