Le réchauffement climatique ? La belle affaire ! Au cours de notre ère, l'Homme a déjà connu trois réchauffements et deux refroidissements majeurs, entrecoupés de brusques périodes d'élévation ou de rafraîchissements soudains des températures. L'eau de la Méditerranée a varié de 5° à 26° et sa hauteur sur nos côtes a oscillé entre moins 120 mètres et plus 120 mètres. En comparaison, les prévisions les plus alarmistes des climatologues, qui tablent sur 6° de réchauffement et 10 mètres d'élévation du niveau de la mer d'ici la fin du siècle, paraissent presque anecdotiques...
« Le climat n'a pas attendu la révolution industrielle pour se réchauffer ou se refroidir périodiquement, constate le professeur Henry de Lumley, qui a dirigé les travaux de l'exposition sur l'évolution des climats et de la biodiversité sur le littoral méditerranéen depuis un million d'années du Musée départemental des Merveilles de Tende. Les variations ont été très importantes et souvent très rapides. Quelques siècles ont parfois suffi pour passer d'un climat quasi polaire à un climat tropical ».
Des poissons tropicaux aux mammouths
Ainsi a-t-on pu trouver dans la grotte du Vallonnet à Roquebrune-Cap-Martin des fossiles de poissons tropicaux comme le Diodon, qui vivait dans une eau à 26° alors que la mer entrait dans la grotte, il y a plus d'un million d'années. Mais on y a aussi découvert des ossements de tigre à dents de sabre. Un animal qui chassait dans la steppe alors que la mer s'était retirée 110 mètres plus bas et atteignait péniblement les 5° de température...
À Nice, il y a 200 000 ans, la mer battait la grotte du Lazaret qui se situe aujourd'hui à plus de 20 mètres au-dessus de la plage. Elle a laissé des dépôts riches en organismes marins tropicaux. Dix mille ans plus tard, le niveau de l'eau avait baissé de 110 mètres et les ante néandertaliens qui habitaient la grotte chassaient le cerf, comme dans la toundra sibérienne !
Leurs proches descendants néandertaliens, eux, chassaient l'éléphant, l'hippopotame et le rhinocéros et ramenaient leurs carcasses aux grottes de Menton. C'était il y a 120 000 ans, la Méditerranée était remontée de 100 mètres et sa température affichait un bon 18°.
L'Homme s'est toujours adapté
Les hommes de Cro Magnon, qui se sont installés ensuite dans les grottes de la frontière italienne connurent, il y a 18 000 ans, un « maximum glaciaire » qui leur permit d'assister à l'arrivée des mammouths sur les bords de la Méditerranée ! Trois mille ans plus tard, les températures regrimpaient en flèche (+10°en 3 ans), avant un nouveau coup de froid.
Plus près de nous, aux III et Ve siècles, un brusque refroidissement aggrava considérablement les conditions de vie des montagnards de la vallée des Merveilles, près de Tende.
Tout cela (et bien d'autres choses encore), on l'apprendra en visitant l'exposition d'été du musée des Merveilles à Tende.
Quels enseignements en tirer ? Pour Henry de Lumley : « L'Homme s'est toujours adapté aux changements climatiques, et il continuera à le faire. Ce sera seulement plus difficile à gérer socialement, car la population humaine a énormément augmenté depuis 200 ans ». Changer de territoire pour fuir la sécheresse ou la glaciation sera, effectivement, moins facile en 2100 qu'à l'époque de ce cher Cro Magnon...
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