Dans Landes, premier long-métrage de François Xavier Vives, Marie Gillain joue le rôle d’une jeune veuve des années 20 confrontée à la difficile reprise de l’exploitation forestière dont elle a hérité.Un portrait de femme courageuse, déchirée entre ses rêves de modernité et la réalité sociale de son époque. Inégal (voir en encadré), le film offre cependant à l’actrice, révélée à 16 ans en ado délurée aux côtés de Gérard Depardieu dans Mon père ce héros (1991), un beau rôle de femme, comme elle confie vouloir en jouer de plus en plus désormais…

Un nouveau rôle de femme combative : l’effet Toutes nos envies?

Le film de Philippe Lioret a effectivement changé la vision que l’on avait de moi dans le métier.Jusque-là, on continuait à me proposer des rôles de jeunes filles en fleur.Je devrais en être flattée, mais ça ne correspondait plus, ni à mon âge, ni à mes aspirations. J’ai deux enfants (deux filles de 9 et 3 ans et demi N.D.L.R.) et j’avais envie de jouer autre chose. Aujourd’hui, grâce à Toutes mes envies, on me propose enfin de vrais rôles de femmes.

Qu’est ce qui vous a particulièrement séduit dans ce rôle ?
Le scénario m’a beaucoup plu par son souffle romanesque et j’ai particulièrement aimé la modernité du personnage, son parcours d’émancipation.Ce n’est pas une héroïne hollywoodienne, elle est naïve et immature au début du film, elle fait des erreurs, se laisse emporter par son impulsivité.Je me reconnais assez bien en elle! (rires).Et puis, il y avait le voyage que ça représentait, ce plongeon dans une époque et une région que je ne connaissais pas. C’était la Leçon de piano avec quelque chose de Germinal : un beau portrait de femme, des enjeux sociaux forts, la question de la modernité…

Votre propre parcours n’a tout de même pas été aussi compliqué que celui de Liena, si?
Non, heureusement! (rires). Mais une carrière d’actrice c’est quand même comme une traversée de l’Atlantique : il faut s’attendre à subir des grains et des périodes de calme plat.

Vous êtes du genre à attendre que les projets viennent à vous, ou à aller vers eux?
Je ne suis pas très forte pour faire ma propre promo. Une des seules fois où je suis allée vers un réalisateur pour lui dire que j’aimerais tourner avec lui, il m’a prise de haut et m’a demandé qui j’étais! Ca m’a vite remise à ma place.En même temps, je n’étais peut-être pas tombée au bon moment .Je l’avais sans doute dérangé, ce que je peux comprendre. En tout cas, j’en ai conclu qu’il ne valait mieux pas trop forcer sa nature…

Avec François-Xavier Vives, ça s’est mieux passé, apparemment?
Oui, on a eu une vraie collaboration artistique.J’ai pu apporter des choses à mon personnage et il a toujours été très attentif à ce que je proposais.De son côté, il m’a beaucoup aidé à construire mon personnage, en me présentant, par exemple, son grand père, qui a vécu dans ce milieu-là et qui avait beaucoup d’anecdotes à raconter.

Vos projets de rentrée?
Après Landes, je suis partie au Chili tourner Mirage d’amour avec fanfare, un projet qui me tenait particulièrement à cœur parce que c’était le dernier scénario écrit par Bernard Giraudeau et qu’on devait faire le film ensemble.C’est curieux parce que c’est encore un film en costumes qui se passe dans les années 20, dans l’univers des mines de salpètre.Après les landes, j’ai découvert le désert d’Atacama, qui constitue un décor tout aussi impressionnant. Hélas, le film n’a pas encore de distributeur en France.En septembre, je suis censée faire Comme ma sœur, le film de Marie Etienne avec Sandrine Bonnaire.Mais dans le contexte actuel de financement des films, on n’est sûr de rien avant le premier jour de tournage.