On ne sait pas si ces oiseaux là annoncent le printemps (la température frisquette du côté de la Canebière démontrant plutôt le contraire) , toujours est-il que les corbeaux étaient de retour hier à Marseille. Noir de rigueur, Doc Marteen's, pantalon de treillis et cheveux en bataille, The Cure ouvrait au Dôme la saison des concerts de rock devant un peu plus de 8000 personnes venues de toutes la région applaudir le groupe culte des années 80.
Première constatation, les Cure et leur musique ont plutôt bien vieilli. Moins empaté que sur les dernières photos, Robert Smith (chant, guitare), le leader charismatique du groupe qui a inspiré Indochine et M, tient toujours le centre de la scène et attire tous les regards sur sa face de Pierrot lunaire sorti d'un film de Tim Burton. La voix sépulcrale est toujours là, bourrée de reverb, emplissant le Dôme. Sans clavier, à quatre sur une scène sans décor, ni artifices autres que quatre écrans en fond et un joli jeu de lumières, Robert Smith, Porl Thompson (sosie de Billy Corgan incroyablement bon à la guitare), Simon Gallup (look Sid Vicious basse aux chevilles ), Jason Cooper (juste moyen à la batterie) déroulent les tubes attendus dans un vacarme de guitares saturées.
En l'absence de nouvel album (dont la sortie prévue ce mois ci est encore repoussée), le 4T World Tour se transforme en tournée anniversaire des 30 ans d'existence du groupe. Seuls trois nouveaux titres sont joués (Please Project, A Boy I Never Knew, The Freak Show). Le reste est un "best of" de hits millésimés en crescendo : Lovecats, Lullaby, Just Like Heaven, One Hundred Year, Let's Go To Bed, Close To Me, Boys don't Cry, Jumpin Someone Else's Train, 10/15 Saturday Night, Killing an Arab en dernier rappel, après trois heures sérrées de show tellurique.
Dans la salle, les portables ont remplacé les pétards, on ne fume plus, on ne pogote plus, mais on continue d'adorer la musique de Cure. Les fans qui suivent le groupe depuis le début de la tournée européenne et alimentent leurs blogs par téléphone mobile depuis la salle, titre par titre ( !), espéraient qu'ils jouent Faith à Marseille. Personnellement, j'aurais préféré Charlotte Sometimes, probablement l'unes des 50 plus belles chansons de tous les temps. A défaut, on aura quand même eu Lovesong (la 51e?) et Never Enough, fameuse tuerie de guitares, rarement si bien jouée.
Plus de 20 ans après le mythique concert des arènes de Fréjus, Cure ne déçoit pas. De bon augure pour le concert parisien du 12 mars à Bercy (complet) et pour reste de la saison, qui verra également le retour de Police et de REM, autres rescapés magnifiques des années quatre-vingt.
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