IIls ne sont plus que trois, mais toujours aussi motivés. Au Midem, où on les retrouvait avant leur concert du soir sur la plage, Santa, Zac et Line enchaînaient les interviews et les rencontres professionnelles les joues striées de leurs peintures de guerre.Sélectionné au Midem Artist Accelerator, programme de soutien au développement international des groupes les plus prometteurs, le trio Niçois a fait sensation sur la scène de la Midem Beach avec les titres de son nouvel album, HH, paru fin mai. Un brûlot dans la lignée du premier (Times paru en 2016), qui pousse à son paroxysme la formule Hyphen Hyphen: un mélange détonnant de rock, de pop, de gospel, de R’n’B et d’electro ave, en plus cette fois, des boucles techno qui devraient faire fureur dans les clubs cet été. La voix de Santa a encore gagné en assurance et en volume et les textes parlent de (et à) leur génération de manière encore plus explicite et directe. En interview, ils s’expriment d’une même voix, à tour de rôle, sans chercher à accaparer la parole…
Vous étiez déjà venus au Midem?
Non, pourtant on était à côté. Par contre, on venait à Cannes pour le festival de la Pantiero.Mais cette année c’était le bon moment pour nous.Le programme dans lequel on est vise au soutien à l’export et c’est clairement ce qu’on cherche aujourd’hui. On est très fiers de notre deuxième album et on veut aller le jouer partout en Europe et surtout aux États-Unis.

Encore une fois vous avez tout fait seuls.Pourquoi?
Comme le premier album a bien marché, on aurait effectivement pu faire appel à un grand producteur, où s’offrir des collaborations prestigieuses, mais on a préféré continuer à travailler comme on le fait depuis le début. On est déjà trois à donner notre avis, c’est déjà assez compliqué comme ça. Pas besoin de rajouter un autre niveau de décision…

Vous étiez quatre jusqu’à maintenant.Que s’est-il passé?
C’est la vie des groupes.Zac a décidé de partir pour des raisons personnelles. Il ne se sentait plus de continuer à ce rythme. On respecte sa décision, mais on ne le remplace pas.Pour l’enregistrement de l’album et pour les concerts, on a recruté une amie, Zoé Hochberg qui joue formidablement bien de la batterie et est une excellente musicienne .

Comment s’est passé l’enregistrement de l’album?
On s’y est mis très vite après la tournée, tant qu’on était chauds. On travaille un peu comme les rappeurs.Chacun amène des thèmes musicaux sur lesquels on cherche des mélodies, puis on jette dessus des textes, en écriture automatique.Après, on repasse deux cents fois dessus pour tout préciser, tout caler jusqu’à ce que ça nous rende vraiment dingues et qu’on décide d’arrêter de se prendre la tête.Bref, on n’a pas dormi depuis un an ! (rires).

Dans «Like Boys», le single, vous faîtes votre coming-out ?
Au départ, c’est une réaction contre un gros lourd de la drague qui ne nous lâchait pas et auquel on a fini par dire que, de toute façon, on n’aimait pas les garçons. Arrivées au studio, on était encore bien énervées et on a commencé à chanter ça en boucle «I don’t even like boys».la chanson est née comme ça.Mais ça ne nous dérange pas si on y voit une allusion sexuelle.On est très libres de ce côté-là.

«Young Leaders», c’est un appel à prendre le pouvoir?
On a conscience de représenter une génération un peu perdue, mais qui a soif de liberté et de création. C’est une image qu’on se sent légitimes à porter et à défendre.La chanson dit que le pouvoir, ça se prend et qu’on peut le faire.

Quels souvenirs gardez-vous de ces deux dernières années de succès grandissant?
On est un peu trop jeunes pour regarder en arrière.Ce qu’on voit, c’est le travail qui reste à accomplir pour arriver là où on veut aller. Ce qu’on vise aujourd’hui, c’est le succès international et il y a encore du chemin à faire.Les Victoires de la Musique, ça a été important.Comme le Midem aujourd’hui et l’Olympia en octobre. Mais si on parle de souvenirs marquants, le concert des Vieilles Charrues, au lendemain de l’attentat de Nice, a sans doute été le plus fort émotionnellement.

À quoi va ressembler la nouvelle tournée qui passera par Cannes et Toulon cet été?
On a un logo énorme et un nouveau light show.L’équipe technique s’agrandit régulièrement et on a toujours à cœur de proposer le plus gros show possible.On sera prêts pour les Zéniths à la rentrée si l’album se vend suffisamment. On se réjouit de jouer à Cannes avec Beth Ditto, qu’on connaît bien et qu’on adore.On espère qu’on pourra faire un truc ensemble.Mais ce qu’on voudrait surtout c’est revenir jouer sur une grande scène à Nice.On n’a pas pu le faire à cause de l’attentat de la Prom’.On a hâte de réparer ça et de jouer pour notre ville.