À51 ans, avec 25 ans de carrière, une dizaine d’albums et des centaines de concerts à son actif, Arthur H n’est pas précisément le perdreau de l’année.On risque pourtant de redécouvrir le digne fils de Jacques Higelin avec Amour chien fou son nouvel album, si réussi qu’il devrait enfin faire entrer son auteur dans la cour des grands de la chanson française. Un double album à l’ancienne, foisonnant et poétique, co-réalisé par sa compagne Léonore Mercier, où il est beaucoup question d’Amour et de folie, et qui a sacrément du chien. On a appelé le chanteur à la voix enrouée pour en parler…

Ce n’est pas un peu risqué de publier un double album alors que les disques ne se vendent plus?
Oui, c’est un peu à contre-courant, mais c’est pour ça que j’avais envie de le faire! (rire) Aujourd’hui le temps est compressé, la musique aussi: j’avais envie de desserrer l’étau, de proposer un voyage au long cours. C’est mon amoureuse, Léonore Mercier, qui m’a suggéré de faire un double album en séparant les balades des morceaux plus rapides.Une face rapide, une face lente, comme dans les disques qu’on aimait avant. L’idée m’a beaucoup plu.J’ai toujours considéré les disques comme une aventure.J’ai donc composé deux albums d’une quarantaine de minutes chacun: Amour avec les chansons atmosphériques et Chien fou pour les plus festives.

Les femmes y sont très présentes…
Oui, ça parle beaucoup d’amour sous plein de visages différents, d’instantanés joyeux et tristes.«La boxeuse amoureuse» est dédiée à ma mère, à son courage et son tempérament de battante. Lily Dale, c’est le personnage mystérieux d’une vieille chanson traditionnelle américaine transformée en poème.J’en avais déjà tiré une chanson pour essayer de deviner qui elle était.Là, j’ai inventé la suite de son histoire. Lhassa c’est quelqu’un qui a énormément compté pour moi et qui compte toujours d’ailleurs.Elle est toujours dans mon cœur.C’était une artiste dont je me sentais très proche.C’était un peu ma sœur du Canada.Montréal est une ville où je vais beaucoup et que j’apprécie.Les figures de Léonard Cohen et de Lhassa la rendent encore plus attirante.

Et De Gaulle dans tout ça?
C’est mon «General of Love». Une sorte de Don Quichotte français.Un personnage fantasmagorique J’aime son côté démesuré, son courage la démesure du personnage tout seul à dire non, qui a une vision très forte et qui s’y tient sans jamais lâcher.

Qui préférez-vous qu’on cite à votre propos: Gainsbourg, votre père ou Tom Waits?
Gainsbourg, je l’ai découvert assez tard. Comme tous les adolescents, j’écoutais du rock et de la musique anglo-saxonne. Tout d’un coup, en écoutant Gainsbourg, j’ai eu la révélation qu’on pouvait faire la musique que j’aime en français.Mon père le faisait très bien aussi, mais il était sans doute trop proche pour que je m’en rende compte. Les deux influences sont en moi.Tom Waits a beaucoup compté aussi pour son chant habité, ce son qui grince, le côté chaotique et poétique de Chien Fou lui doit beaucoup.

On vous voit bientôt par chez nous?
J’espère! On va tourner en trio guitare, clavie batterie avec Nicolas Repac qui a fait les guitares et les boucles sur lalbum et avec lequel je collabore depuis 1995.C’est un guitariste très aventureux qui apporte beaucoup à ce que je fais.Sur scène, on mélangera les chansons rapides et les chansons lentes, pas comme dans le disque.