Avec quatre productions en sélection officielle, Nicole Kidman sera la reine incontestée de Cannes 2017.N’en déplaise à Isabelle...

Ce n’est pas Benoît Poelvoorde- le plus célèbre de ses admirateurs français-, qui nous démentira: être fan de Nicole Kidman n’est pas une sinécure. Il faut sans cesse argumenter avec les cinéphiles et menacer de faire le coup-de-poing avec les petits malins qui se moquent d’elle sur les réseaux sociaux.
Sa filmographie pléthorique (près de 80 films et séries!) et en dents de scie, qui va de l’anecdotique (Horizons Lointains), au pur génie (Eyes Wide Shut, Prête à tout, Dogville, The Paperboy, Les Autres... ) en passant par l’épouvantable (Jours de Tonnerre, Ma Sorcière bien aimée, Australia, Lion...), prête évidemment le flan à la critique. Même oscarisée (pour The Hours en 2001) et acclamée pour ses performances dans Prête à tout, Paperboy Eyes Wide Shut, Les Autres ou Dogville (on en oublie forcément), Nicole ne jouit pas de la même considération critique que quelques-unes de ses consœurs moins célèbres sinon moins douées, comme Cate Blanchett ou Julianne Moore. Ses conquêtes masculines (Tom Cruise et Keith Urban, franchement...) et ses folles expérimentations avec le Botox en ont fait un sujet de railleries. C’est tout juste si elle n’a pas eu sa marionnette aux Guignols!
Mais tout cela est, fort heureusement, derrière nous. 2017 sera l’année Kidman.Pas tant à cause de sa nomination (la quatrième!) à l’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour Lion, où elle est d’ailleurs presque méconnaissable (et c’est tant mieux!) en mère adoptive atrocement permanentée.
Ni parce qu’elle jure avoir arrêté le Botox («Je peux rebouger mes sourcils» assure-t-elle). Plutôt pour sa performance unanimement saluée en femme battue dans l’excellente série HBO Big Little Lies et pour les quatre productions (4!) qui l’amènent à Cannes.Deux en compétitions, deux hors compète: même Isabelle Hupper n’a jamais réussi pareil grand chelem!
On la verra en directrice de pensionnat dans Les Proies de Sofia Coppola.En femme de Colin Farrell dans Mise à mort du cerf sacré du grec fou Yorgos Lanthimos (prix du jury 2015 pour The Lobster).En égérie punk des années 70 dans How to Talk to Girls at Parties de John Cameron Mitchell (notre titre de film préféré de l’édition).Et en mère de famille barrée dans la saison 2 de la série Top of the Lake de Jane Campion (Palme d’or 1993pour La leçon de piano).Sans compter son rôle de maîtresse de cérémonie à l’AmFAR et sa participation au remake américain d’Intouchables, dont on pourra sans doute découvrir les premières images au Marché du film.
Si avec tout ça Nicole Kidman, qui fêtera en juin ses 50 printemps, n’est pas sacrée Reine de Cannes et n’hérite pas d’une Palme d’Honneur ou d’une présidence du jury 2018, on rend notre bâton de critique.Et on retourne se bourrer la gueule au Petit Carlton avec l’ami Benoît pour noyer notre chagrin.