468938.jpg-r 1920 1080-f jpg-q x-xxyxx La perspective d’une troisième Palme d’or s’éloigne pour les frères Dardenne.Après Deux jours, une nuit (Marion Cotillard en lutte pour sauver son emploi), reparti bredouille en 2014 mais salué par la critique, les pères de Rosetta (Palme d’or 1999) et de L’Enfant (Palme d’or 2005) déçoivent cruellement avec La Fille inconnue.
C’est pourtant à l’excellente Adèle Haenel qu’incombait l’honneur de succéder aux grandes héroïnes des frangins : Émilie Dequenne, Marion Cotillard et Cécile de Franc.Elle a même appris à faire des piqûres pour cela et on lui donnerait volontiers son diplôme de secouriste (à défaut d’un prix d’interprétation).Mais plus qu’un médecin généraliste, c’est un « script doctor » qu’il aurait fallu pour sauver le film.Le scénario est, en effet, gravement malade. D’abord parce qu’on ne croit pas une seconde à l’argument de départ.Une heure après la fermeture du cabinet de banlieue où elle effectue un remplacement, Jenny (Adèle Haenel) entend sonner à la porte mais dit à son stagiaire de ne pas aller ouvrir au prétexte qu « il ne faut pas laisser les patients t’épuiser au point de faire un mauvais diagnostic ».En fait, elle a rendez-vous dans le grand centre médical où elle vient d’être acceptée comme associée.Le lendemain, la police lui apprend qu’on a retrouvé morte la jeune fille inconnue qui avait sonné à sa porte (on la reconnaît sur la vidéo de surveillance du cabinet).Probablement agressée, la malheureuse a fait une chute sur les quais et s’est rompu le cou.
Morte de culpabilité (alors qu’elle n’y est vraiment pour rien), Jenny se jure de tout faire pour savoir ce qui s’est passé et identifier la jeune fille afin de lui offrir une sépulture décente.Pour cela, elle renonce à s’installer en centre-ville, reprend le cabinet où elle faisait son remplacement, achète une concession au cimetière et entame une enquête de voisinage qui va s’avérer périlleuse tant elle multiplie les erreurs de jugement…
À partir de là, c’est Derrick aux urgences.Le film se traîne, se répète et multiplie les faux pas. Attifée comme l’as de pique, Adèle Haenel fait le job mécaniquement.Le malheureux Jérémie Renier a deux scènes ridicules.Même Olivier Gourmet est à deux doigts du hors-jeu. Où sont passés la rigueur, la concision et la retenue du cinéma des Dardenne?Mystère. Laborieux, bancal, lourdement psychologique et filmé comme un documentaire médical, La Fille Inconnue est leur moins bon film à ce jour.L’avoir sélectionné en compétition n’était certainement pas un service à lui rendre.Surtout si on le compare à Julieta, le film de Pedro Almodovar, qui explore de façon bien moins balourde le thème de la culpabilité. On attendra l’ordonnance du jury avant de se prononcer, mais la flatteuse réputation des Dardenne sur la Croisette risque quand même de souffrir durablement de cette regrettable erreur de diagnostic.