Claude Lelouch : 78 ans aux fraises et toujours la passion du cinéma chevillée au corps.Né d’une discussion entre Jean Dujardin et Elsa Zylberstein sur leur film préféré du bonhomme (Un Homme qui me plaît, cru 1969), Un + Une vient s’ajouter à une filmographie riche d’une quarantaine de films et faite, comme la vie de leur auteur, de haut et de bas. De très haut parfois (Un Homme et une Femme, Un Homme qui me plaît, L’Aventure c’est l’aventure, Itinéraire d’un enfant gâté) mais aussi de très bas (Salaud, on t’aime pour ne citer, par charité, que le dernier en date). Un +Une fait clairement partie de la première catégorie.Et Lelouch en est tellement fier qu’il a pris son bâton de pèlerin pour en parler à tous les journalistes de France et de Navarre.Infatigable et intarissable! Extraits choisis de son passage à Nice, où l’accompagnaient ses deux acteurs…
Ca vous est souvent arrivé que des acteurs vous sollicitent aussi directement?
Non, c’est la première fois. Il y a toujours eu des gens qui me disaient qu’ils voulaient tourner avec moi, mais jamais aussi fort. Là, j’ai reçu un coup de téléphone d’Elsa qui me disait carrément : « On est à ta disposition, Jean et moi.Tu fais de nous ce que tu veux ». C’était une déclaration d’amour! Je ne pouvais pas refuser, d’autant que j’avais très envie de tourner avec ces deux comédiens. Je savais que leur association allait casser les codes et les clichés du couple. Il fallait aller au bout de leur folie…


Le titre suggère une suite d’Un Homme et une femme mais les références à Un Homme qui me plaît sont les plus nombreuses…
C’était amusant de partir du même endroit et de voir où on allait arriver.Mais entre l’Amérique et l’Inde, je vous garantis que ce n’est pas le même voyage.Ca finit aussi dans un aéroport, mais ce n’est pas celui de Nice, cette fois.
Les deux films sont très différents sur le fond et sur la forme, même s’il y a la musique de Francis Lai…

Pourquoi avoir choisi l’Inde comme cadre à cette histoire?
C’est vraiment le pays qu’il faut visiter en ce moment, au milieu de toutes les contradictions et de la confusion qu’on vit. Un pays ou le rationnel et l’irrationnel se mêlent. On n’en revient pas indemne. C’est un pays qui vous oblige à vous intéresser aux autres, une loupe grossissante qui nous montre à quel point les autres peuvent être passionnants et nécessaires. Plongé dans ce bain d’humanité, le personnage de Jean Dujardin -égoïste et matérialiste- va être obligé d’évoluer…


Comment s’est passée la rencontre avec Amma, dont vous filmez les cérémonies?
Par hasard.Pendant les repérages, j’ai pu assister à une de ses cérémonies et j’en suis reparti ému et bouleversé. J’ai demandé à la rencontrer, elle a accepté et m’a serré dans ses bras en me disant : « Je ne sais pas ce que vous allez me demander mais je vous dis oui ». Elle aussi me disait : « Je t’aime »! J’ai sauté sur l’occasion et j’en ai profité pour tourner la scène avec Jean et Elsa.

Encore une histoire de Chabababada?

Oui, c’est une histoire d’amour toute simple.Mais entre deux personnes qui sont déjà amoureuses chacune de leur côté. Elle a un mari formidable; sa fiancée à lui est jeune, belle et pleine de talent… Mais l’amour ne protège pas de l’amour! C’est une drogue.On en veut toujours plus…

La forme du film est très libre.Retour de Nouvelle Vague?

Cela tient aux nouvelles petites caméras numériques qu’on a utilisées.Pas de projecteurs, pas de grues, ni l’attirail habituel… On a filmé à hauteur d’homme. Je n’aurai jamais pu faire ce film-là autrement. La Nouvelle vague aussi est née grâce à une nouvelle technique. La technique libère le cinéma.