Les expériences d'orchestration symphonique de tubes rock et pop n'ont jusqu'ici jamais rien donné de vraiment écoutable, suscitant au mieux ennui et indifférence (Peter Gabriel), au pire ridicule et railleries (Deep Purple). Il faut croire que les mélodies de Police se prêtent mieux à l'exercice, ou que Sting a enfin trouvé la formule magique qui permet d'arranger ses chansons en version classique sans qu'elles perdent leur puissance émotionnelle, ni leur saveur particulière. Pourtant, même si l'album Symphonicities, publié l'été dernier, avait pu séduire, on ne s'attendait pas à prendre autant de plaisir à écouter en live les versions orchestrales des tubes de l'ex- fontman de Police.

Le show donné lundi soir au Sporting Club de Monte Carlo par Sting et l'orchestre national de Slovénie (dirigé par l'étonnante Sarah Hicks), restera parmi les grands souvenirs de l'été. Il faut dire que même s'il a fallu se serrer sur scène pour faire place aux 45 musiciens de l'orchestre et au groupe de Sting (Dominic Miller guitare, Rhani Krija batterie, Ira Coleman basse et Jo Lawry choeurs), la salle aux Etoiles et son acoustique exceptionnelle étaient l'écrin idéal pour accueillir ce type de concert. Le public ne s'y est d'ailleurs pas trompé qui s''était pressé pour réserver, malgré le prix élevé du ticket (220 euros par personne en formule repas+spectacle). Il ne restait plus une place de libre et on aurait facilement pu doubler, voire tripler la date si le calendrier de la tournée, qui s'achève dans les prochains jours, l'avait permis.

En grande forme physique et plutôt en voix, détendu et s'exprimant en français autant que possible, Sting a tout de suite mis la salle dans sa poche en enchainant les tubes (Every little thing is magic, Englishman in New York, Roxanne...), sa voix reconnaissable entre mille trouvant rapidement toute sa place au milieu des cordes, des cuivres et des percussions, parfois tonitruantes comme sur la très martiale introduction de Russians. Prouvant que l'on peut tout faire avec un (bon) orchestre symphonique, y compris du punk rock (Next to You) , de la country (Cowboy Song) et du raï (Desert Rose) , l'ex-leader de Police a livré presque deux heures d'un concert qui restera dans les annales du Sporting. La classe à l'état pur.