Résident permanent en Corse depuis bientôt six ans, à l’exemple de son voisin Dutronc, Michel Fugain a quitté quelques heures sa chère île de beauté pour participer à la fête patronale de la chapelle St Cassien à Cannes La Bocca, où il a donné l’un de ses rares galas de l’été. Dans ce cadre champêtre propice aux confessions, l’auteur de « Je n’aurai pas le temps », « Fais comme l’oiseau » et de « La belle histoire» (entre autres perles qui ont marqué la chanson française), nous a parlé de sa nouvelle vie avec sa compagne Sanda, du projet «Bon an, mal an» (4 albums dans l’année correspondant au cycle des saisons) et de ses nouvelles chansons, dont il affirme qu’elles seront probablement les dernières…
Qu’est ce qui a motivé votre installation en Corse?
J’avais cette maison à Corbara, près d’Ile Rousse depuis longtemps, mais je n’y venais qu’épisodiquement. Lorsque j’ai divorcé, je n’ai pas eu envie de me réinstaller à Paris. J’avais besoin de changer de vie et de m’aérer la tête. C’est le meilleur choix que j’ai fait dans ma vie. J’ai trouvé là-bas la vie que j’espérais, à mille lieux des gesticulations parisiennes…
Vous y avez aussi retrouvé l’inspiration, apparemment
Oui, le cadre s’y prête et surtout on a l’impression que le temps passe plus lentement. Cela faisait quatre ans que je n’avais pas composé de chansons et je m’y suis remis avec un appétit féroce
D’où vous est venue l’idée du projet « Bon an mal an »?
Au départ c’était un défi que je me suis lancé : est ce que tu es encore capable de composer autant de chansons. Comme je n’avais pas envie de faire un disque conventionnel dont les programmateurs radio ne retiendraient qu’un single au mieux, j’ai eu cette idée de faire quatre faces correspondant au cycle des saisons, printemps, été, automne, hiver, et de les sortir telles que. Six titres par saison, cela faisait 24 chansons que l’on pourra ensuite réunir en un double CD si on veut.
Où en êtes-vous ?
Le printemps et l’été sont sortis (voir en encadré). Je suis entrain de finir l’automne et l’hiver, mais je suis à la bourre. Je ne me rendais pas compte que ce serait autant de boulot! D’un autre coté, j’ai retrouvé le plaisir de composer comme on le faisait à l’époque des 45 tours. On faisait une chanson, on l’enregistrait, on regardait si ça plaisait et si c’était le cas, on en enregistrait d’autres. Aujourd’hui, il faut faire tout de suite un album et s’il ne marche pas on vous jette.
Comment jugez-vous l’évolution du métier?
C’est dramatique. Les marketteux ont pris le pouvoir et ont presque tué toute création originale. C’est devenu un métier de besogneux. Les radios ne font plus leur boulot de découverte, obsédées qu’elles sont par leur « couleur d’antenne ». Mais comme je suis obstinément optimiste, je me dis qu’il faut les laisser-aller au bout de leur logique. Quand ils auront fini de ruiner l’industrie du disque, ils retourneront vendre des valises et les chansons populaires reviendront dans l’air du temps, comme elles l’ont toujours fait. Même si, sans doute, ni moi, ni Maxime (Le Forestier) ne seront plus là pour en profiter…
Vous avez songé à vous arrêter?
Pas de faire de la musique, ni des spectacles musicaux. Mais les chansons, oui.Ce sont probablement les dernières que j’écris.
Quel regard portez-vous sur votre carrière?
Un regard assez tendre, mais sans complaisance. Je n’ai pas eu un parcours typique. J’ai fait ce que j’ai voulu comme j’ai voulu, mais je n’ai pas quitté le sol, comme certains. J’ai vécu toujours au milieu des gens. Chanteur populaire, c’est un des trucs les plus nobles qui soient. Je n’ai pas viré populacier. La preuve, c’est que mes chansons, sont toujours très chantées dans les chorales, des endroits où on n’a pas envie de se salir la bouche. C’est également vrai pour Maxime, Duteil ou Cabrel : on a fait des chansons qui permettent de ne pas se salir la bouche. Je me considère comme un chanteur-citoyen. Je n’ai jamais voulu devenir une vedette. Vedette, quand j’ai commencé, c’était ringard.
C’est pour cela que vous avez formé le Big Bazar, puis la Cie Michel Fugain?
Oui. On ne s’est jamais considérés comme des vedettes. On ne savait même pas ce que cela voulait dire. Les gens avaient l’impression qu’on était des charlots, mais j’ai surtout le souvenir du travail énorme que cela représentait. On a bossé plus d’un an, quatre heures par jour, sans percevoir le moindre cachet.Juste pour progresser et se mettre au niveau. On était des fous de boulot et des fous de musique. Notre succès correspondait à un besoin sociétal, de voir des jeunes chanter l’amour et l’espérance. Ca s’est arrêté net en 1976, avec la crise. En Angleterre, les punks chantaient déjà « No Future ».
Ils avaient raison?
On dirait bien, hélas. Franchement, est-ce qu’on a rêvé de ce monde-là? On a pratiquement honte de la société qu’on va léguer à nos enfants. On s’est fait piéger plusieurs fois parce qu’on avait trop d’espoir. L’époque bénie dans laquelle on a grandi ne nous amenait pas à imaginer le pire. On a tous cru que ça allait forcément dans le sens du mieux. Et c’est le pire qui a triomphé.
Quel souvenir gardez-vous de votre atelier musical à la Victorine?
J’y ai passé les trois plus belles années de ma vie professionnelle avec jeunes 60 gourmands qui voulaient tout savoir, tout connaître. J’habitais Vence et j’en garde un souvenir encore ému. Il s’est passé-là des choses fantastiques humainement.J’ai vu des mômes s’allumer, littéralement. Par contre, l’expérience m’a complètement vidé, j’ai mis cinq ans à m’en remettre.Mais je ne regrette rien, bien au contraire!
Votre père, grand résistant, a une place à son nom. Où aimeriez vous apposer le vôtre pour la postérité?
Il y a deux écoles communales qui portent mon nom, c’est déjà bien. Je n’ai pas d’aspiration à la postérité. Si quelques chansons restent, cela prouvera juste qu’on n’a pas bossé juste pour notre nombril. La chanson, ce n’est pas une thérapie.
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Rencontre avec Michel Fugain
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