Tel David Vincent, Georgy ( Victor Nemets), jeune camionneur chargé d'une livraison dans la campagne Russe, se trompe de chemin et emprunte une route qui ne conduit nulle part. Il croise un vétéran de la guerre, une prostituée mineure, une étrange bohémienne, des policiers corrompus, des bandits de grand chemin... Plus Georgy tente de retrouver le chemin de la civilisation, plus il découvre que la violence et l'instinct de survie semblent avoir remplacé toute humanité...

Mal jugé à Cannes, où il semblait être là pour compléter une sélection marquée par la sinistrose et le misérabilisme, My Joy est, avec le recul, l'un des films les plus marquants de l'édition 2010. Issu du documentaire, le réalisateur, Sergeï Loznitsa, a utilisé des histoires vraies, recueillies au cours de ses travaux, pour construire ce road movie violent et effrayant, mais d'une beauté singulière , qui entraine le spectateur dans un voyage mental à la David Lynch, le long d'une "Lost Highway" siberienne. Meurtre, guerre civile, violence, corruption, perte des valeurs... La métaphore de l'impasse dans laquelle s'est engagée la Russie contemporaine est claire et le tableau qu'en dresse le réalisateur particulièrement sombre, même si non dénué d'humour noir. S'il confirme ces débuts prometteurs, Sergei Loznitsa pourrait bien devenir un nouveau grand nom du cinéma Russe.