Adapté du livre enquête de Ben Mezrich , "La revanche d'un solitaire", The Social Network est à la fois un excellent biopic de Facebook , un formidable film de procès et, accessoirement, le premier grand film de la génération Internet. David Fincher ( Fight Club, Seven, Zodiac, L'Etrange histoire de Benjamin Button), que l'on n'attendait pas forcément sur ce terrain, réussit la gageure de mener en parallèle les trois composantes de son histoire dans un film de deux heures, tendu comme un arc et totalement maitrisé qui ne laisse pas une minute de répit au spectateur. La première scène, dans laquelle Zuckerberg se prend la tête avec sa copine dans un bar, donne le ton: les dialogues sont débités à la mitrailleuse et filmés comme des gunfights. Le procédé prend toute sa saveur dans les scènes de procès, au cours desquelles Zuckerberg ferraille avec les avocats des parties adverses sans lâcher un pouce de terrain, tout en ayant l'air d'être totalement ailleurs. Ces scènes sont les seules dans lesquelles le fondateur de Facebook est un tant soit peu "heroïsé". Pour le reste, Fincher ne lui fait pas spécialement de cadeau et décrit un être introverti, complexé, égocentrique, asocial et retors ( "un vrai trou du cul" comme le résume aimablement sa copine du debut), pour lequel la réussite de son entreprise est une forme de revanche, voire de vengeance, sociale. Son ami Eduardo, a contrario, est le personnage le plus humain et le plus "social" du film. Le fait qu'il se soit fait éjecter sans ménagement de la société qu'il avait contribué a créer montre, ironiquement, a quel point le plus inadapté n'est pas forcément celui que l'ont croit dans le monde nouveau du Web dont Facebook, en tant qu'entreprise et que phénomène social, est sans doute le reflet le plus symbolique. Et aussi, quelque part, le plus effrayant...

PS : un mot sur la BO signée Trent Reznor (Nine Inch Nail) : parfaite, elle aussi.