"On ne peut pas avoir 500 millions d'amis sans se faire quelques ennemis" dit le sous titre de The Social Network qui sort mercredi en salles. Comment un jeune nerd d'Harvard, Mark Zuckerberg (Jesse Eisenberg) a fondé ce qui va probablement devenir la plus grande entreprise du monde ( et pas seulement de l'internet) en écrasant au passage tous ceux qui le genaient pour y parvenir, c'est précisément cela que raconte The Social Network. Adapté du livre-enquête de Ben Mezrich, The Accidental Billionaire , le nouveau film de David Fincher ( Seven, Fight Club) ne s'interesse que très marginalement au phénomène social qu'est Facebook pour se concentrer presqu'uniquement sur la bataille judiciaire qui a suivi sa création. C'est à la fois un bon biopic de son fondateur, Mark Zuckerberg, un excellent film de procès, et le premier grand film de la génération internet.

Trahisons

L'histoire est connue: en octobre 2003 un étudiant d'Harvard, Mark Zuckerberg plus doué pour le hacking que pour tomber les filles, se fait larguer par sa copine. Il rentre chez lui, se saoule et pour se venger pirate la base de données de l'Université pour créer un site sur lequel les internautes peuvent noter les étudiantes du campus en les comparant à des animaux. Succès immédiat. Dans la nuit les serveurs informatiques d'Harvard explosent sous le trafic. Mark est sanctionné mais deux autres étudiants plus âgés , les frères Vinklevoss, l'approchent pour monter le réseau social de l'Université, sur le modèle des "facebooks", ces almanachs dans lesquels chaque campus recense ses inscrits avec leur photo et quelques lignes de présentation. Zuckerberg s'engage à les aider mais ne donne plus de nouvelles. En fait, il développe son propre site baptisé TheFacebook. Le succès est encore au rendez vous, mais il devient cette fois phénoménal. Sur les conseils de Sean Parker, le cofondateur de Napster (Justin Timberlake), Mark Zuckerberg change le nom de son site en Facebook, l'installe dans la Silicon Valley , trouve des investisseurs et le site succès devient planétaire. Au passage, le petit génie trahit son ami et associé de la première heure , Eduardo Savarin (Andrew Garfield), qui a financé de sa poche les premiers développements mais a du mal à suivre le rythme de développement complètement fou de la société dont il est président.

Qui couche avec qui

The Social Network raconte, de façon assez formidable, le procès que feront à Zuckerberg les frères Vinklevoss et Eduardo Savarin. Puisque l'histoire est connue ce n'est pas nuire au suspens que d'en raconter la fin. Au terme d'un arrangement à l'amiable, les Vinklevoss toucheront la modique somme de 65 millions d'euros et Savarin une somme "inconnue", probablement encore plus importante. Une goutte d'eau dans l'océan de dollars génèré par le Social Network de Mark Zuckerberg. Facebook , qui compte aujourd'hui plus d'un demi milliard de membres, est valorisé à 25 milliards de dollars et vient de passer devant Google en terme d'audience et de trafic. Les prévisions de croissance, avec son arrivée prochaine sur les téléviseurs connectés (marché publicitaire estimé à 28 milliards de dollars rien qu'aux Etats Unis) sont si pharamineuses que Facebook sera probablement l'entreprise la plus riche du monde d'ici cinq ans. Pas mal pour un petit site monté un soir de cuite par un étudiant mal dans sa peau qui voulait se venger de s'être fait larguer...

Incidemment, le film propose quand même une explication au succès de Facebook, qui devrait rassurer sur la permanence des préoccupations humaines de base dans un monde bouleversé par l'hyper technologie, le virtuel et l'argent: "Tout le monde veut savoir qui couche avec qui".