Je n’ai rien contre les concerts intimistes, bien au contraire, mais ils supposent, pour être réussis, un minimum de complicité et d’échanges avec le public. Il n’y en eut guère, lors du concert donné dimanche soir au Sporting Club de Monte Carlo par une Vanessa Paradis, distante et parcimonieuse. La chanteuse à la voix de moineau s’est contentée de délivrer son spectacle, déjà rodé à la Cigale, aux Francofolies et à Montreux, sans y ajouter le supplément d’âme et de chaleur qui aurait pu lui éviter de faire rimer acoustique et soporifique.

Le pari d’un show entièrement acoustique était, certes, risqué et périlleux pour une chanteuse que le répertoire, ni la voix ne prédisposent particulièrement à ce type d’exercice. Accompagnée d’un quatuor à cordes, d’un percussionniste d’un bassiste et du (trop?) discret Albin de la Simone à la guitare, Vanessa Paradis, qui joue elle-même un peu de piano, de guitare et de percussions sur scène, s’en tire pourtant plutôt bien. Les arrangements des anciennes chansons (« Joe le Taxi », « Marilyn et John », « Dis lui toi que je t’aime », « Be My Baby », « Sunday Monday »...), comme des plus récentes (« Il y a », « L’incendie », « Divine idylle », « Chet Baker ») sont très réussis et d’une musicalité irréprochable, avec des versions de « Joe le Taxi », de « Sunday Monday » et du « Temps de l’amour » (repris à Françoise Hardy sur un rythme de mambo) particulièrement gracieuses.

Tour à tour assise sur un tabouret de bar ou esquissant quelques pas de danse, Vanessa, en pantalon et bustier, puis en robe longue, vintage et froufroutante au rappel, pose bien sa voix et parvient à donner aux chansons une densité qu’on ne leur connaissait pas. Inséré dans un tour de chant électrique, tout cela serait parfait. Ici hélas, même réduit à une heure quinze, le concert paraît interminable. Des spectateurs s’endorment, d’autres partent. On peut d’autant moins leur en vouloir que la chanteuse, indifférente aux réactions de la salle, ne fait rien pour les retenir. Des applaudissements polis saluent la prestation et chacun rentre chez soi avec l’impression d’un rendez-vous manqué.