En quarante ans, il n’a pas fait beaucoup de progrès en Français, ni à la pétanque : « Je le regrette, confie Bill Wyman avec une mine faussement contrite qui le fait ressembler à Droopy, mais, je ne sais pas pourquoi, mes amis s’obstinent à me parler en Anglais. Et je n’ai toujours pas beaucoup de temps à consacrer aux boules ».
Saint Paulois depuis l’exil des Rolling Stones en France en 1971, William George Perks, alias Bill Wyman, est toujours, malgré ses 74 ans, un homme très occupé entre son groupe de Rhythm’n’blues (les bien nommés Rhythm Kings), son restaurant londonien (Le Sticky Fingers qui fête ses vingt ans d’existence), ses livres de souvenirs (déjà cinq au compteur et deux en préparation) et les 20000 photos de sa collection personnelle. « Je n’ai pas vu le temps passer » se défend-t-il lorsqu’on lui fait remarquer que c’est la première fois qu’il expose et donne un concert dans sa ville d’adoption. « J’ai passé et je passe des années magnifiques ici.Je m’y suis marié, j’y ai construit deux maisons et surtout j’y ai rencontré des gens extraordinaires comme Chagall, Arman, César, André Verdet...Mais je n’avais jamais pensé, c’est vrai, à y montrer mon travail ».
Rolling Stones museum
Une lacune enfin réparée, grâce au fidèle Gilbert Trem qui, depuis 30 ans, fait office pour Bill Wyman d’ami Saint Paulois, de secrétaire particulier, d’archiviste et de photographe personnel. C’est lui qui a insisté pour que Bill expose ses photos dans les deux petits musées de la ville, à l’Office du Tourisme et l’Espace André Verdet.
On avait déjà eu un aperçu de la collection de l’ancien bassiste des Rolling Stones, il y a deux ans à Monaco, où la galerie Modern Art avait organisé une première exposition. Celle de Saint Paul, baptisée « Stone Alone in Saint Paul », restera ouverte tout l’été (1) et réjouira particulièrement les fans des Rolling Stones. Bill Wyman y présente une centaine de clichés du groupe et de leurs amis rockers et bluesmen (Eric Clapton, John Lennon, Bob Dylan, Keith Moon, John Lee Hooker, Buddy Guy, BBKing) qu’il a photographiés depuis 1966.Mais aussi quelques pièces inédites de sa collection personnelle d’objets stoniens, comme sa combinaison de scène bleue de la tournée 1986, sa basse Dan Armstrong, le disque d’or d’Exile on Main Street et quelques pièces rares du merchandizing des concerts de Nice en 1976 et 1982 (T shirts et billets).Ou encore sa propre carte de séjour en France, datée de 1984, sur laquelle l’administration française le qualifie plaisamment de : « Membre d’un orchestre à l’activité internationale ». De quoi monter un troisième musée à Saint Paul! Songerait-il à y créer le « Bill Wyman’s Rolling Stones Museum »? « Non, car le rock n’a rien à faire dans les musées, répond-t-il. Il est fait pour la scène ».
La preuve flagrante en était donnée quelques heures plus tard, sur les remparts, avec le concert inaugural des Rhythm Kings, auquel assistaient environ 700 privilégiés.