Rencontré au vernissage de son exposition de photos à Saint Paul de Vence (Stone Alone in Saint Paul) , l'ex-bassiste des Rolling Stones a bien voulu répondre à quelques questions sur les Stones et la Côte d'Azur...



Qu’est-ce qui vous a poussé à vous installer sur la Côte d’Azur lorsque vous avez quitté l’Angleterre en 1971?
On devait tellement d’argent aux impôts, qui nous taxaient à 93 %, qu’il aurait fallu travailler des siècles pour rembourser.On a donc négocié avec Valery Giscard d’Estaing, votre ministre des finances à l’époque, pour s’installer en France. La Côte d’Azur était pratique, près de l’Italie, pas trop loin de l’Espagne.L’été approchait, on s’est dit qu’on partait en vacances...

Ce n’étaient pas des vacances puisque vous deviez enregistrer un album...

Oui, on a cherché un endroit pour enregistrer, mais rien ne nous convenait.On a alors décidé d’enregistrer dans le sous-sol de la maison qu’avait loué Keith Richards à Saint-Jean-Cap-Ferrat, Nellcote. Là encore, ça paraissait une bonne idée : on était sûr, au moins, d’avoir Keith sous la main. En fait, la plupart du temps, on arrivait et il dormait.On commençait à répéter et comme il ne descendait toujours pas, Mick s’énervait.Le lendemain, c’est lui qui ne venait pas.Tout l’album a été enregistré comme ça, dans une espèce de grande confusion.

Exile on Main Street est pourtant considéré comme LE chef-d’œuvre des Stones...
Cela arrive souvent dans l’Art : du chaos finit par émerger une certaine magie.C’est visiblement ce qui s’est passé pour ce disque-là.

Est-ce votre album préféré des Rolling Stones?
Je l’aime beaucoup, car il me rappelle cet été-là et mon installation dans votre région.Mais mon disque préféré des Stones reste Beggars Banquet.Il y a ma chanson préférée dessus : « Parachute Woman »

Avez-vous écouté la nouvelle version remasterisée et les inédits qu’elle contient?
Oui.Je l’aime bien, car on entend mieux mon travail à la basse et celui de Charlie à la batterie. Don Was, qui a supervisé la réédition, a eu des mots très flatteurs envers mon travail.Ca m’a fait très plaisir, car il n’est pas souvent reconnu, tout comme celui de Charlie qui est pourtant un batteur génial. J’aime bien aussi les inédits qui étaient des morceaux inachevés et que Mick a terminés.Je n’ai pas eu besoin de rejouer dessus, les parties de basse étaient suffisamment bonnes, apparemment (sourire).

Vous n’êtes pas venus à Cannes pour la présentation du film « Stones in Exile » qui raconte l’enregistrement du disque à Villefranche.Pourquoi?
Mick préférait s’en occuper tout seul. Il aime bien tirer la couverture, vous savez (sourire).Les autres Stones non plus n’étaient pas là.Je suppose que cela lui convenait très bien comme ça...

Qu’est-ce qui vous ferait accepter de revenir dans le groupe?

L’argent, bien sûr! (rires) Non, il faudrait une occasion particulière.Ou, peut-être, pour une petite tournée des clubs en Angleterre? Mais rien de tel n’est envisagé et j’ai de quoi m’occuper, par ailleurs, avec ma petite famille, mon groupe, mes photos, mon restaurant et ma passion pour l’archéologie