Après un « film américain » réussi, mais qui a laissé des cicatrices (l’excellent Dans la brume électrique adapté de James Lee Burke), Bertrand Tavernier confesse avoir eu « l’envie viscérale de (se) plonger dans film profondément français ».Difficile effectivement de faire plus Français que La Princesse de Montpensier.Cette adaptation de la nouvelle de Madame de La Fayette, l’est assurément, dans son traitement des sentiments, dans son rapport avec l’Histoire, dans sa langue comme dans ses décors et dans sa culture. Ce qui vaut sans doute à Bertrand Tavernier ce retour remarqué en compétition après vingt ans d’absence (Daddy Nostalgie 1990). Deuxième film français en compétition, La Princesse de Montpensier tranche assez singulièrement par son classicisme avec la Tournée des popotins proposée en début de Festival par Mathieu Amalric. Tout ici, des dialogues de Jean Cosmos à la musique de Philippe Sarde, en passant par les costumes et les reconstitutions de châteaux et de batailles, est tellement estampillé « qualité France » que c’en est presque génant.

Pour Mélanie Thierry

L’histoire est celle de Marie de Mezières (Mélanie Thierry), jeune héritière du règne de Charles IX, que son père décide de marier contre son gré au jeune Prince de Montpensier (Grégoire Leprince-Ringuet).Marie aime en secret le Duc de Guise (Gaspard Ulliel) et se croit aimée de lui mais, ayant été bien élevée, elle décide d’accepter le mariage et de se dévouer à son époux.Le prince confie l’éducation de sa jeune épouse à celui qui lui a tout appris, le comte de Chabannes (Lambert Wilson), un esprit libre et humaniste, en rupture avec les mœurs violentes de son époque. Une idée qui va se révéler désastreuse. Non seulement Chabannes tombera amoureux de son « élève », mais il ne saura pas l’empêcher de céder finalement à son inclination pour le Duc...
Mariage forcé, poids de l’éducation et de la religion... On voit bien ce que Tavernier a pu trouver d’actuel à l’histoire de la Princesse de Montpensier.On voit moins, hélas, ce que son film peut lui apporter de modernité. Tout est tellement classique et convenu dans la mise en scène, les dialogues et la direction d’acteurs, qu’à part briguer le Prix de l’éducation nationale, on ne voit guère ce qu’il fait dans la sélection.
Dans un autre temps (que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître), Mélanie Thierry, à laquelle on peut trouver un air de Bardot (en cheveux) et de Romy (en chapeau), eut pu briguer un prix d’interprétation. Ses frêles (et jolies) épaules ne suffisent, hélas, pas à porter le fardeau de ce pensum académique de plus de deux heures.