La légende de la comtesse Bathory, souvent associée à celle de Dracula, prétend qu’elle fit assassiner plus de 600 vierges pour se baigner dans leur sang et accéder ainsi à la jeunesse éternelle. Jugée pour assassinats en 1611, elle fut condamnée et emmurée vivante. Mais de nombreux historiens remarquent que le roi de Hongrie avait pu trouver là un excellent prétexte pour se débarrasser d’une famille devenue si riche et si puissante qu’elle lui faisait de l’ombre.
Pour son troisième long métrage en tant que réalisatrice (après Looking for Jimmy et 2 Days in Paris), Julie Delpy, plus connue comme actrice ( elle a tourné , excusez du peu, avec Godard, Leos Carax, Tavernier et Kieslowski), s’est emparée de l’histoire de la comtesse Bathory pour en faire un conte cruel et glaçant, dans lequel elle laisse au spectateur le soin de juger par lui-même de la réalité des accusations portées contre l’héroïne. A-t-elle vraiment commis tous ces crimes par dépit amoureux ou fut-elle victime d’un complot politique ? Le film ne tranche pas.
A la fois scénariste, réalisatrice et actrice principale, Julie Delpy force l’admiration dans tous les registres avec ce nouveau film, tourné en anglais en Allemagne de l’Est avec une équipe internationale, dans des décors somptueux, rendus encore encore plus impressionnants par la superbe photographie de Martin Ruhe , qui fit ses premières armes sur Control d’Anton Corbijn.
La Comtesse est un petit chef d’œuvre de mise en scène, qui tient à la fois du biopic historique, du film noir en costumes, du drame amoureux, du thriller politique, du manifeste féministe et du conte d’épouvante à la Edgar Poe. L’allègement du calendrier des sorties à l’approche du Festival de Cannes pourrait lui permettre de connaître un succès mérité.