Présentée une semaine plus tôt que l’an dernier, la sélection du 63e Festival de Cannes, qui se déroulera du 12 au 23 mai prochains, dessine une édition plus austère que les précédentes avec moins de films, moins de stars, moins de paillettes et plus de films exigeants. En la présentant hier à Paris, Thierry Frémeaux, a certes laissé entendre qu’il pourrait encore y avoir des surprises : deux ou trois films devraient compléter la sélection. Mais le délégué général du Festival a surtout fait le constat qu’il avait sans doute été rattrapé par la crise avec, pour la première fois depuis des années, une baisse du nombre de films soumis aux sélectionneurs (1665 contre 1670 l’an dernier). Moyennant quoi, la sélection a été « difficile et longue à se mettre en place » a confié le délégué général .
Moins de films
Seize long métrages seulement seront en compétition cette année, avec certes quelques habitués (Kiarostami, Mikhalkov, Mike Leigh, Inarritu, Kitano) mais qui représentent un cinéma parfois difficile d’accès. Woody Allen, auquel le Festival avait proposé une place en compétition a une nouvelle fois décliné l’offre : « You will meet a tall dark stranger » , tourné à Londres , sera présenté hors compétition avec le dernier Stephen Frears (« Tamara Drewe ») et le « Wall Street 2 » d’Oliver Stone. A la place un Thailandais contemplatif (Apichatpong Weerasethakul), un film Tchadien (Un homme qui crie), un premier film Ukrainien (« You my Joy ») que Thierry Fremeaux présente comme représentant fidèle de l’école Russe (ce que les festivaliers auront tôt fait de traduire par « long et chiant ») et pour détendre un peu l’atmosphère une comédie italienne (La nostra vita). ..
Plus de Français
L’absence en compétition d’auteurs grand public que le Festival affectionne sera peut-être une chance pour la sélection française et francophone, plus étoffée que de coutume avec trois films en compétition, quatre si l’on compte celui du réalisateur Algérien Rachid Bouchareb. Quatre autres films francophones ont trouvé place à Un Certain Regard ( « Qu’est-il arrivé à Simon Werner ? » de Fabrice Gobert, « Les amours imaginaires » de Xaver Dolan, « Film Socialisme » de Jean Luc Godard) et en séance de minuit (« L’Autre monde » de Gilles Marchand).
Moins de stars
Avec seulement deux « grosses » production américaines à l’affiche (« Robin des Bois » de Riddley Scott en ouverture et « Wall Street 2 » hors compétition), les montées des marches risquent d’être un peu moins glamour que les années précédentes . On y verra tout de même Russel Crowe (« Robin des Bois »), Michael Douglas , Charlie Sheen et Susan Sarandon (« Wall Street 2 »), Naomi Watts , Antonio Bandreas et Anthony Hopkins (pour le film de Woody Allen), Javier Bardem (« Biutiful »), Sean Penn (« Fair Game ») et les Français Lambert Wilson, Roschdy Zem (« Des hommes et des dieux »), Juliette Binoche (« Copie conforme »), Gaspard Ulliel, Mélanie Thierry (« La princesse de Montpensier »), Louise Bourgoin et Melvil Poupaud (« L’Autre monde »). Les membres les plus célèbres des différents jurys (Tim Burton, Kate Beckinsale, Giovanna Mezzogiorno, Benicio Del Toro, Emmanuelle Devos…)et Gael Garcia Bernal compléteront utilement le casting les jours de disette.
Plus d’absents
Compte tenu de l’ abondance inhabituelle de films français en sélection, on s’étonne de l’absence d’ habitués comme Bertrand Blier et François Ozon dont les films étaient prêts, ou encore du « Chat du Rabbin » de Joann Sfar, qui aurait permis d’avoir un film d’animation à l’affiche . « Shrek 4 » fait en effet défaut alors que les autres films de la série avaient été présentés à Cannes . Autre grand absent « The Expandables » de Sylvester Stallone dont le casting all stars (Bruce Willis, Dolph Lundgren, Arnold Schwartzenegger, Mickey Rourke , jet Li) aurait assuré la plus belle montée des marches de l’édition . Pas de film choc ou polémique en vue non plus. Mais le plus grand absent est sans doute Terrence Malik dont le nouveau film , The tree of Life avec Brad Pitt et Sean Penn était donné comme quasi certain depuis des mois par la rumeur. Interrogé à ce sujet, Thierry Fremeaux explique que le film n’est pas fini de mixer (alors qu’il a été tourné il y a plus de deux ans !), mais que sa place est réservée « au cas ou ». Croisons les doigts.
Plus de « monde en crise »
Les thèmes des films en sélection annoncent également une édition en prise directe avec les convulsions du monde moderne puisqu’il sera question de crise financière (« Wall Street 2 », « Inside Job »), de manipulations politiques (« Fair Game »), de fuite dans le cybermonde (« Chatroom », « L’Autre monde »), de catastrophes naturelles (« Draquila » , documentaire italien sur le tremblement de terre des Abruzzes) et de misère avec un film sur les favelas brésiliennes (« Nostalgia de la luz »).
Heureusement qu’il y aura Woody Allen !
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